collection CANAL + – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org Festival du court métrage de Clermont-Ferrand | 31 Janv. > 8 Fév. 2025 Thu, 18 Mar 2021 08:47:58 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.5.7 https://clermont-filmfest.org/wp-content/uploads/2017/10/lutin-sqp-1-300x275.png collection CANAL + – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org 32 32 Le festival 2020 dans la lucarne https://clermont-filmfest.org/le-festival-2020-dans-la-lucarne/ Mon, 13 Jan 2020 23:00:00 +0000 https://www.clermont-filmfest.org/le-festival-2020-dans-la-lucarne/ À l’occasion du festival, les chaînes télévisuelles programment plusieurs émissions spéciales : une bonne opportunité de se replonger dans les éditions précédentes du festival ou de découvrir un aperçu de l’édition 2020 pour les absent(e)s !


Ce magazine propose des films courts, sélectionnés aux quatre coins du globe pour leur singularité, leur décalage, et surtout leur qualité.Top of the Shorts mettra le festival à l’honneur à travers deux émissions dédiées aux révélations de l’édition 2019.

Dimanche 2 février à partir de 22h30 sur CANAL+ CINÉMA :

Tigre de Delphine Deloget, prix CANAL + 2019
Synopsis : Sabine et Natacha ont vingt-deux ans. Elles vivent « ici », l’une en face de l’autre, dans un trou paumé. Un jour, Natacha a une opportunité : partir « là-bas » et laisser Sabine seule « ici ». La trahison lui sera fatale.

Interview de Delphine Deloget 

Entretien avec Delphine Deloget

Dimanche 9 février sur CANAL+ CINÉMA :

Pile poil de Laurianne Escaffre et Yvonnick Mullerprix du rire Fernand Raynaud 2019
Synopsis : Dans trois jours, Élodie passe l’épreuve d’épilation de son CAP d’esthéticienne. Son père, boucher, aimerait bien qu’elle l’aide davantage à la boutique. Mais pour l’instant, Élodie a autre chose en tête : elle doit trouver un modèle. Un modèle avec des poils pour passer son examen.

Entretien avec Laurianne Escaffre et Yovonick Muller 

Jackrabbit d’Alex Fegganssélection internationale 2019
Synopsis : Jed et son père Glen tiennent une station-service perdue en plein désert australien. Ils portent un intérêt tout particulier à un jeune voyageur italien qui s’arrête faire le plein chez eux.

Interview avec Alex Feggans 

Entretien avec Alex Feggans


Cette année, la Collection est consacrée à la comédie musicale. Les films de la collection et l’émission seront disponibles sur myCanal après leur diffusion.

Samedi 1er février et samedi 8 février sur CANAL+ Cinéma :

Monsieur de Thomas Ducastel
Synopsis : Georgie et Stan vivent à Lens. Georgie rêve de scène et Stan de cinéma. Quand Georgie apprend que son idole sera présente au concours « Monsieur Pas-de-Calais », il demande à Stan, qui réalise la vidéo, de l’aider à intégrer l’évènement. Mais les tensions sous-jacentes de leur relation vont éclater.

Belle étoile de Valérie Leroy
Synopsis : Thu Yen, 35 ans, est venue en France pour se marier mais les choses ne se sont pas passées comme prévu à son arrivée. Sa rencontre avec Marianne, femme de ménage au passé tourmenté, va changer le cours de sa destinée.

BBQ de Jeanne Mayer
Synopsis : Alexis Phon a dix-huit ans, et il n’a jamais quitté « Ici », la zone pavillonnaire qui l’a vu naître. Un monde sous surveillance, où l’ennui paralyse les cœurs. Pourtant, un ailleurs existe, dit-on : c’est « Là-Bas ». Grâce à Aïssatou, dont il partage la colère, Alexis va trouver le courage de partir. Mais « Ici », l’amour et la liberté ont un prix.

 

Rap night de Salvatore Lista
Synopsis : Camille et François s’aiment. François voudrait qu’ils s’installent ensemble mais Camille hésite. La nuit, vêtue comme une femme ninja, le visage masqué, elle sillonne en roller les rues de leur petite ville, une batte de base-ball à la main.

Fin de saison de Mathieu Vigneau
Synopsis : Bientôt la fin de saison au camping de Douglas et Marie. Les derniers touristes sont sur le départ. Lors de sa baignade matinale, Douglas découvre au fond de la rivière une langue humaine avec un piercing en forme de croix. À qui peut-elle bien appartenir ? Serait-ce un crime et qui en est l’auteur ? Douglas mène l’enquête, en musique.

14 ans de Barbara Carlotti
Synopsis : Été 1988 en Corse. Vanina, une adolescente de quatorze ans, fait les 400 coups avec sa cousine et sa grande sœur. Elles sortent en cachette pour aller danser et retrouver des garçons dans l’unique discothèque alentour. Pour cela, elles traversent le Col de Venaco sous le grand ciel étoilé.

Plot de Sébastien Auger 
Synopsis : Michel, dépressif chronique, est en route pour son village natal. En chemin, il fait une rencontre qui va changer le cours de son existence : un plot ! Ce compagnon de fortune peu banal va le pousser, malgré lui, à affronter ses traumas.


Chaque année, le Pôle court métrage de France Télévisions consacre des émissions spéciales au festival de Clermont-Ferrand et accompagne, sous forme de préachats, plus d’une centaine de courts métrages.

Présenté par Pauline Dévi le dimanche soir sur France 2
Focus sur l’édition 2020 : miroir d’un monde en mutation

Dimanche 26 janvier à 00h45 :

Je vais là-bas aussi d’Antoine Cuevassélection nationale 2020
Synopsis : Un homme et ses chiens traversent la montagne. Arrivés sur les hauteurs d’un plateau, ils font escale dans un refuge. Durant la nuit, d’autres hommes viendront s’y abriter.

Anna Vernor II d’Eduardo Carretié, sélection nationale 2020
Synopsis : Anna Vernor est morte il y a un an. Ses proches vont essayer de la faire revenir à travers un rituel fantastique reposant sur la parole et les souvenirs.

Invisível Herói de Cristèle Alves Meira, sélection internationale 2020
Synopsis : Duarte, un non-voyant d’une cinquantaine d’années, se lance à la recherche de son ami capverdien, Leandro. Malgré la chaleur de l’été lisboète, Duarte arpente les rues de son quartier, mais personne ne semble avoir vu ni même connu ce dernier. Son enquête va l’emmener au cœur de la nuit, jusqu’à révéler son secret.

Dimanche 2 février :

Blaké de Vincent Fontano, sélection nationale 2020
Synopsis : Deux vigiles dans le parking souterrain d’un immeuble de bureau surveillent de belles voitures. Le parking est vide et la nuit risque d’être longue. Pour se tenir compagnie, ils évoquent leurs philosophies, leurs blessures, leurs rêves. Mais on ne fantasme pas impunément, surtout dans un parking vide, où le rêve et le réel s’entrechoquent.

Bab Sebta de Randa Maroufi, sélection nationale 2019
Synopsis : Une suite de reconstitutions de situations observées à Ceuta, enclave espagnole sur le sol marocain. Ce lieu est le théâtre d’un trafic de biens manufacturés et vendus au rabais. Des milliers de personnes y travaillent chaque jour.

Le vendredi 31 janvier après minuit sur France 3 :
Retour sur l’édition 2019

Air comprimé d’Antoine Giorgini, sélection nationale 2019
Synopsis : Vincent, professeur de mathématiques dans un lycée, n’a aucune autorité sur ses élèves. Quand, accompagné de sa femme enceinte de cinq mois, il est pris pour cible par un tireur de paintball, il se persuade que le tireur est l’un de ses jeunes élèves.

Interview d’Antoine Giorgini

Entretien avec Antoine Giorgini

Las Cruces de Nicolas Boone, prix étudiant national 2019
Synopsis : Suivre les habitants de Las Cruces, un quartier défavorisé de Bogota, c’est plonger avec eux dans un monde intense où la violence côtoie l’espoir et la joie.

Interview de Nicolas Boone

Entretien avec Nicolas Boone

Fatiya de Marion Desseigne Ravel, sélection nationale 2019
Synopsis : Fatiya est jeune, drôle, charismatique et voilée. Cet après-midi, elle a promis à sa cousine, la jolie Yasmine, de la remplacer à un baby-sitting pour qu’elle puisse aller à son rencard.

Interview de Marion Desseigne Ravel

Entretien avec Marion Desseigne Ravel

Vendredi 7 février :
tout d’horizon du festival 2020

Genius Loci d’Adrien Mérigeausélection nationale 2020
Synopsis : Une nuit, Reine, jeune personne solitaire, voit dans le chaos urbain un mouvement vivant et brillant, une sorte de guide.

Je serai parmi les amandiers de Marie Le Floc’h, sélection Courts en Région 2020
Synopsis : Demain, Maysan a un rendez-vous administratif important pour sa famille. Mais son mari a une question qu’elle n’est pas prête à entendre.

Winter in the Rainforest (Un hiver dans la forêt tropicale) d’Anu-Laura Tuttelbergsélection internationale 2020
Synopsis : Scènes de la danse de la vie et de la mort dans la nature tropicale luxuriante telle qu’elle est vécue au jour le jour, année après année, par les créatures magiques qui peuplent la jungle de nos rêves.

 


Le magazine met en lumière cette 42e édition en consacrant son numéro 968 à un panorama des films sélectionnés en compétition, auxquels viendront s’ajouter des reportages.

Dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 février 2020, après minuit sur Arte :

L’âge tendre de Julien Gaspard-Olivieri, sélection nationale 2020, suivi d’une rencontre entre le réalisateur et son actrice principale Noée Abita qui viendront parler du film.
Synopsis : Diane, 16 ans, ne vit qu’à travers les yeux de sa mère, Sophie. Leur relation fusionnelle est de plus en plus encombrante pour l’adolescente. Grande gueule, provocatrice et en quête d’attention, la jeune fille cherche à se démarquer de sa mère et souhaite, le temps d’un week-end, vivre comme une grande.

Miss Chazelles de Thomas Vernay, sélection nationale 2019, suivi d’un « Zoom » sur le travail du cinéaste autour de ce court métrage.
Synopsis : Clara, jeune et jolie fille de dix-sept ans, a été élue première dauphine au concours de miss de la commune. Marie, sa concurrente, a obtenu quant à elle le tant convoité prix de Miss Chazelles-sur-Lyon. Alors qu’au village la tension monte entre les amis de Clara et la famille de Marie, les deux rivales semblent entretenir une relation ambiguë.

Un sujet “Autour du court“ s’intéressera à la rétrospective consacrée aux Mondes Paysans et proposera une rencontre avec Gérald Hustache-Mathieu et Michael Guerras, deux cinéastes qui chacun à leur manière ont filmé ce monde rare dans des courts métrages, respectivement Peau de vache et La parcelle.

Matriochkas de Bérangère McNeese, sélection internationale 2019.
Synopsis : C’est la fin de l’été, celui où Anna a commencé à découvrir sa sensualité. Lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte, elle se retrouve confrontée à un choix, le même que sa mère à son âge. Et si ce choix implique de rompre avec sa mère, elle trouvera un soutien là où elle ne s’y attendait pas.

 

Physique de la tristesse de Theodore Ushev, sélection internationale 2019
Synopsis : Un inconnu navigue à travers ses souvenirs de jeunesse en Bulgarie, lesquels le ramènent à la mélancolie et au déracinement croissants qui plombent son existence d’adulte au Canada.

 

L’interlude « Short Cuts » présentera le classique Cris et chuchotements d’ Ingmar Bergman revisité et résumé en une minute animée par Inès Sedan, qui avait notamment réalisé Love he Said, sélectionné en compétition labo en 2019.

 

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Goûter avec Diversion https://clermont-filmfest.org/diversion/ Fri, 08 Feb 2019 23:00:00 +0000 https://www.clermont-filmfest.org/diversion/  

Entretien avec Mathieu Mégemont, réalisateur de Diversion

la mouche cf Pourquoi ce titre Diversion ?
En référence à la fameuse maxime de Pierre Bourdieu : “Le fait-divers fait diversion“, si ce n’est que le film l’utilise dans une perspective ironique, l’histoire étant elle-même celle d’une diversion, une machination absurde pour maquiller la réalité des faits. Le fait-divers devient une diversion au sens où ce qu’il relatera ne sera qu’une lecture faussée du réel, un réel lui-même très étrange… En élargissant les choses, j’aime bien me dire que le film lui aussi est une sorte de diversion : le spectateur y entre sur un chemin qu’il pense balisé mais petit à petit, les bifurcations du récit l’amènent ailleurs. En gros, les codes que je lui donne au départ sont là pour faire diversion de ce que le film va devenir.

la mouche cf Comment avez-vous construit l’intrigue de Diversion ? Êtes-vous parti d’un personnage, d’un lieu, d’un événement ?
L’intrigue s’est construite à partir de deux éléments : mes souvenirs, mes sensations d’adolescent dans une région rurale française très particulière, le Médoc, et le principe d’écriture automatique héritée des surréalistes. Contrairement aux scénarios que j’écris d’habitude, avec un gros travail de construction préparatoire, celui-ci a été écrit dans l’urgence sans savoir où j’allais, uniquement porté par des souvenirs et des réappropriations de choses vécues dans cette région, une région où, dans mon souvenir, une brèche pouvait s’ouvrir dans la réalité en un quart de seconde. Vous êtes dans la réalité et l’instant d’après, sans que vous y ayez prêté attention, le monde est devenu autre, absurde, fantastique voire cauchemardesque. Une sorte de Quatrième Dimension permanente qui peut vous engloutir à tout moment. Aussi absurdes que puissent paraitre les évènements dans le film, ils viennent tous de choses vues ou vécues quand j’étais plus jeune, ensuite réinterprétées pour les faire tenir dans un récit où la logique devient de plus en plus étrange.Au final, je me suis aperçu que la construction du récit avait surtout repris celle de mes cauchemars récurrents, à savoir la fuite éperdue vers la gueule du loup comme dans les films de zombies où les personnages sont poussés malgré eux à se retrancher dans des lieux de plus en plus confinés rendant leur fuite illusoire et implacablement fatale. C’est une variation autour de la “logique du pire“.

la mouche cf Le thriller n’est pas le genre le plus représenté dans le court métrage français. Selon vous, quelles idées ce genre permet-il d’aborder ? Parmi les spécificités du genre, quelles sont celles qui vont ont séduit ?
Je connais mal le monde du court métrage, je ne me réfère qu’aux longs métrages ou, dans le cas particulier du thriller, à la littérature, aux romans noirs. D’un point de vue général, je pense que ce que ce genre permet d’aborder, et ce depuis ses origines avec des auteurs comme Chandler et Hammett, c’est la réalité tapie derrière l’écran de fumée de la société. Le personnage principal creuse les causes d’un évènement et va au final révéler bien plus que ce qu’il pensait à l’origine, à travers une enquête ou, plus tragiquement, malgré lui. Le thriller, comme tout un pan noir du genre (l’horreur, le fantastique…), permet de révéler le côté sombre de l’homme et de sa société, d’en extirper le caché ou le refoulé, via la métaphore ou pas. D’un point de vue purement formel, ce qui m’a intéressé, c’est d’utiliser cette structure de la chasse puis de la fuite pour créer de la tension et impliquer au maximum le spectateur, jouer avec lui, avec ses attentes, lui donner ce qu’il veut à un moment pour mieux le déstabiliser le coup d’après. Je trouve que le genre possède un côté ludique formidable dont en tant qu’auteur je trouverais dommage de me passer. Il permet aussi, en poussant les choses, de placer instantanément le monde du film dans un réel autre que l’auteur peut ensuite manipuler comme il le souhaite, de pouvoir le faire basculer ou de le déchirer complètement même.

la mouche cf En matière de thriller, quelles sont vos influences cinématographiques (court ou long métrage) ?
Elles sont très très larges… En matière de “noir“, il me semble que Chinatownde Roman Polanski est assez indépassable. En matière de raffinement et de jeu avec le spectateur, difficile de battre Hitchcock mais aussi ses disciples réflexifs et baroques, Brian De Palma et Dario Argento. Métaphysiquement, je suis un grand amateur de l’absurdité sombre des frères Coen. Enfin, en ce qui concerne la brèche dans le réel, je suis particulièrement admiratif de la manière dont David Lynch a su jouer avec ces codes pour faire basculer certains de ses films (Blue Velvet, Twin Peaks, Lost HighwayMulholland Drive…) dans un monde totalement fantastique. Mais à vrai dire, j’ai plus appréhendé Diversion sous l’angle horrifique, par le biais du genre “Survival“, avec une dimension redneck assumée, une sorte d’appropriation française de tout un pan du cinéma d’exploitation américain des années 60 et 70 que j’aime beaucoup. Le tout dans une perspective absurde. L’idée générale était de contrebalancer la violence des évènements montrés par le film par un humour à froid afin de placer le spectateur dans une position un peu inconfortable, flottante : doit-il rire ou s’inquiéter de ce qu’il voit ?

la mouche cf Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Oui, la liberté d’expérimenter. Expérimentation sur le récit et sur ce ton dont je parlais juste avant, celui de l’inconfort, l’indécision entre le rire et la terreur. Il m’a aussi poussé à expérimenter la justesse du ton avec lequel manier un récit aussi “fou“ et des personnages aussi caricaturaux (a priori) pour que le spectateur puisse y croire et jouer le jeu. Le scénario était vraiment un terrain miné à partir duquel le film pouvait à tout moment s’échouer contre des écueils, le grotesque d’un côté et la brutalité gratuite de l’autre. J’ai finalement compris que le meilleur moyen de parvenir à cette justesse était de raconter cette histoire “normalement“, sans effets trop voyants, que ce soit dans la mise en scène ou le jeu des comédiens. Car de fait, ce qu’il y a d’inquiétant dans la folie, c’est quand elle vient petit à petit se substituer à la normalité sans qu’on y ait pris garde. Et l’autre réflexe d’un esprit rationnel face à ça, c’est de rire…. La leçon que j’en ai tirée c’est que si vous souhaitez raconter quelque chose de “fou“, le mieux est de le faire le plus normalement possible.

Pour voir Diversion, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F4 et de la Collection CANAL+.

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Dernier verre avec Acide https://clermont-filmfest.org/acide/ Thu, 15 Feb 2018 23:00:00 +0000 https://www.clermont-filmfest.org/acide/  

Entretien avec Just Philippot, réalisateur de Acide

la mouche cf Comment vous est venue l’inspiration pour Acide ?
Pour Acide, j’ai été invité comme scénariste dans une résidence d’écriture initiée par SO FILM, CANAL + et le CNC qui avait pour but de proposer une « nouvelle façon d’écrire » en groupe. Nous étions donc 5 scénaristes dans cette résidence, à recevoir une carte blanche autour du cinéma de genre. N’étant pas forcément spécialiste du cinéma de genre, j’arrivais sans idée et sans projet. Je me suis alors plongé dans mes traumatismes de jeune spectateur. J’ai repensé à La Mouche, à Robocop. J’ai repensé à l’hystérie collective des scènes de tueries dans Requiem pour un massacre… La destruction des corps, la transformation, la mutilation sont des thèmes qui me mettent terriblement mal à l’aise. Pour écrire un tel projet, je devais donc laisser ce malaise guider mon scénario. En deux mots, je voulais faire une histoire que je ne voulais pas voir. Et puis l’autre moteur narratif, c’était la naissance de ma fille et la sempiternelle question que je me posais quand je regardais les informations : quel monde vais-je laisser à mon enfant ? La pire histoire de ma vie serait lui demander de devenir adulte à 8 ans, parce que personne n’a compris le drame écologique qui ne cesse de prendre forme quelque part et qu’on va bientôt se prendre sur la figure…

la mouche cf Connaissez-vous la question des réfugiés climatiques ? Ce problème a-t-il participé à votre réflexion ?
Bien sûr… Cette question fait partie de mes grandes interrogations sur notre aveuglement permanent, sur l’aveuglement de nos dirigeants et de notre système économique. Comment, encore aujourd’hui ne pas systématiquement mettre en avant des règles écologiques et sociales qui puissent enrayer la situation dans lequel on s’enfonce tous ? Et permettre un partage plus juste des richesses qu’il nous reste ? Cette forme de mépris ou d’incompétence m’a donné envie d’être très agressif sur le ton du film. Je ne voulais pas faire d’Acide « un truc sympa avec de bons effets ». Non ! Je voulais faire d’Acide un projet sérieux. Je voulais donc faire peur et faire mal, ce qui n’est pas le moteur de ma vie… Mais pour ce film et ce sujet, je devais être le plus sincère possible. On ne peut pas sortir d’un tel sujet, en se disant « c’était chouette ! ». Je voulais réussir exactement l’inverse.

la mouche cf Pourquoi avez-vous choisi de faire intervenir un enfant dans la fuite de vos personnages ?
L’enfant, c’est l’objet le plus précieux et le plus fragile de nos sociétés. Dans mon récit, c’est aussi le poids le plus lourd. Acide parle avant tout de la famille, des liens qui nous unissent. L’innocence de cet enfant qui fait semblant de ne pas comprendre renvoie aux adultes une image fragile : celle du mensonge dans lequel ils s’enfoncent en croyant protéger leur enfant. À chaque instant, la peur les fait vaciller. Le père et la mère ne sont plus les mêmes. Ils sont capables du pire pour se sauver. C’est aussi la meilleure façon de faire peur au spectateur en l’emmenant dans une zone très inconfortable. Voir des personnages qui ne sont pas des héros mais des gens normaux capable de craquer, c’est une formidable façon de créer un lien entre le spectateur et le déroulement de l’action. D’égal à égal, on ose se demander « qu’aurais-je fait à sa place ? ».

la mouche cf Que pensez-vous de la façon dont est géré l’environnement et notre rapport à la Nature en tant qu’êtres humains ?
Je pense qu’on fait, à très large échelle, n’importe quoi. Et que notre rapport à la nature est une honte. Dans Phénomènes, Shyamalan a créé le seul méchant du cinéma qui avait bien raison d’en vouloir à la terre entière.

la mouche cf Avez-vous conçu Acide comme un tout ou partie d’un récit ?
J’ai conçu Acide comme une ligne droite, comme une sorte de dernière fuite qui devait se terminer sur un constat.

la mouche cf Avez-vous prévu la thématique de l’avenir de notre planète et de l’humanité sous d’autres formes et/ou dans d’autres films à venir ?
Oui et non… En fait, je développe avec ma femme une série sur un coin de France qui vient d’être labélisé « endroit le plus pollué de France ». Nous aimerions réussir à retranscrire à travers toute cette histoire, la situation délirante dans laquelle on se retrouve. La pollution, même mortelle, ce n’est pas très grave… Tant qu’on a un peu d’argent pour vivre…

la mouche cf Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Je pars du principe que le court métrage est fait pour tenter quelque chose. Dans ce film, je voulais voir mes personnages courir du début à la fin. Pendant 6 jours, et ce malgré toutes les galères techniques et pratiques de l’économie du court métrage, nous avons couru derrière nos comédiens. Je pense que c’est un peu plus difficile sur plusieurs semaines d’affilées, je pense que cela aurait été plus difficile…

la mouche cf Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ?
Sinon, qu’en attendez-vous ?
J’étais venu il y a près de 10 ans pour participer à une séance de Pitch en anglais lors d’une rencontre avec des producteurs européens. Ce jour-là, j’ai regretté de ne pas avoir été très performant au lycée… L’assistance aussi…

Pour voir Acide, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F3 et à la séance collection CANAL+

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