Couleurs – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org Festival du court métrage de Clermont-Ferrand | 31 Janv. > 8 Fév. 2025 Thu, 18 Mar 2021 16:25:18 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.5.5 https://clermont-filmfest.org/wp-content/uploads/2017/10/lutin-sqp-1-300x275.png Couleurs – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org 32 32 Goûter avec Tombés du nid https://clermont-filmfest.org/gouter-avec-tombes-du-nid/ Wed, 10 Feb 2016 23:00:00 +0000 https://www.clermont-filmfest.org/gouter-avec-tombes-du-nid/  

Entretien avec Loïc Espuche, réalisateur de Tombés du nid


la mouche cfComment vous est venue l’idée d’écrire Tombés du nid ?

Il y a un an et demi, on a croisé une cane et ses canetons avec mon pote Adrien Fromenteil. On était en train de remonter les escaliers de la cité de la BD à Angoulême. Les canetons étaient bloqués dans un carré d’herbes sèches, un peu comme dans le film. Il faisait hyper chaud, y avait pas d’eau. On s’est dit qu’ils allaient mourir de soif. Pour les sauver, on a décidé de faire peur à la mère pour qu’elle s’enfuie jusqu’à la rivière, suivie de ses petits. En mode super-héros quoi. Sauf qu’elle s’est envolée et que les petits canetons se sont retrouvés tout seuls. Là on a grave culpabilisé. Et du coup on a mis deux jours à tous les ramener à leur mère en bas.

Après je me suis dis que c’était tripant comme histoire et que ça ferait une bonne base pour mon film de fin d’études.


la mouche cfComment avez-vous pensé le phrasé et l’accent de vos deux personnages principaux ?

J’ai juste essayé d’écrire les dialogues normalement, comme on se parle quand je suis avec mes potes.

Après on a modifié certains mots avec les acteurs Théo Costa-Marini et Noé Mercier pour que ça sonne nature dans leur bouche : j’ai un vocabulaire plus de Lyon et eux ont plus des mots de Paris.


la mouche cfTombés du nid
aurait-il pu se passer à la campagne ? Pourquoi avez-vous choisi ce cadre urbain et champêtre à la fois pour placer l’action du film ?

Le décor est inspiré des escaliers de la cité de la bande-dessinée à Angoulême. C’est là qu’on a croisé les canards avec mon pote. Dans le film j’ai rajouté beaucoup d’immeubles par rapport à Angoulême. J’avais besoin que les personnages viennent d’un environnement urbain pour contraster avec le carré d’herbe.

Pour moi ce toit avec de l’herbe c’est un lieu de passage, un endroit ou on est pas censé s’arrêter. Sauf qu’au fur et à mesure de l’histoire les personnages s’y empêtrent. J’aimais bien aussi le côté entre ciel et terre que ce décor permettait d’avoir.

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Tombés du nid

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la mouche cfComment avez-vous travaillé les couleurs de l’animation ?

D’habitude j’ai beaucoup de mal à mettre mes dessins en couleur : je fais d’abord des traits de contour et après je remplis. Sauf que je trouvais que la couleur et le trait ne se mélangeaient pas complètement ensemble parfois.

Là j’ai donc essayé de penser le dessin en couleur, en aplat pour les masses et ensuite de venir ajouter des traits, pas partout.

Je voulais un graphisme simple, un peu “cassos“ et bancal, comme les personnages.


la mouche cfAvez-vous pensé le film comme tel ou avez-vous envisagé un « avant » et un « après » ? Et un « pourquoi » ?

J’ai pensé le film tel quel. Je voulais me concentrer sur ce moment qui cristallise les enjeux des deux personnages.

Je voulais aussi qu’à la fin le spectateur puisse se dire que leurs aventures vont continuer.


la mouche cfÊtes-vous intéressé par la thématique de l’amitié et pensez-vous faire d’autres films autour de cette thématique ?

Oui l’amitié est une thématique qui m’intéresse. Si j’ai l’occasion de faire d’autres films, je pense qu’elle reviendra, consciemment ou non.


la mouche cfDans Tombés du nid, quelle place vouliez-vous laisser à la tendresse ?

Je ne me suis pas trop demandé quelle place lui laisser. C’est un équilibre qui est né tout seul pendant l’écriture et les différentes étapes de réalisation du film. Pour moi, c’était important qu’elle soit présente.

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Tombés du nid3

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la mouche cfDans Tombés du nid, vos canetons ne trouvent plus leur maman. Pourquoi étiez-vous intéressé par cette absence ? Selon vous, cesse-t-on d’être un enfant ?

L’absence permettait au personnage de Fabio de s’identifier aux canetons. J’aimais bien que ça fasse ressortir chez lui une blessure profonde qu’il avait un peu enfouie. Ça permettait de le rendre hyper touchant, tendre et un peu ridicule aussi. L’absence de la maman canard c’était aussi un moyen assez cool pour parler d’abandon sans rentrer dans le pathos.

Pour ce qui est de cesser d’être enfant, franchement j’en sais rien. Ca doit dépendre des gens. Pour ma part, c’est pas encore vraiment fini, je crois.


la mouche cfPensez-vous que le court métrage soit un bon outil pour questionner la cellule « familiale » et la « méga » cellule sociétale ?

Oui.


la mouche cfTombés du nid
a été réalisé avec une production, une coproduction ou en auto-production française. Avez-vous écrit ce film en considérant cet aspect « français » : rattaché des références cinématographiques, construit un contexte spécifique (dans une région par exemple) ou intégré des notions caractéristiquement françaises ?

C’est surtout par le langage que le film est français. C’est pas un français bien parlé mais plus une appropriation actuelle et vivante de la langue.

Pour mes films, je m’inspire aussi pas mal de mon vécu. Comme j’ai toujours habité en France, il y a sûrement d’autres notions françaises qui s’expriment dans le film.

 

Pour voir Tombés du nid, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F7 ou bien à la séance scolaire pour les plus jeunes.

 

Le film sera également projeté dans plusieurs festivals tels que Anima (du 5 au 14 février à Bruxelles), le Internationales Trickfilm-Festival in Stuttgart (du 26 avril au 1er mai en Allemagne), La fête de l’anim’ (du 25 au 27 mars à Lille) et au Festival international du cinéma d’animation de Meknès (du 25 au 30 mars au Maroc).

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Breakfast avec Jukai https://clermont-filmfest.org/breakfast-avec-jukai/ Fri, 05 Feb 2016 23:00:00 +0000 https://www.clermont-filmfest.org/breakfast-avec-jukai/  

Entretien avec Gabrielle Lissot, réalisatrice de Jukai


la mouche cfComment avez-vous connu l’histoire de Jukai et pourquoi étiez-vous intéressée par l’idée de développer un film autour de cette forêt ?

J’ai découvert cette forêt par un documentaire trouvé par hasard sur Internet. J’ai tout de suite été fascinée par ce lieu presque mythologique où des destins funestes rencontrent une nature très vivace.

C’est ce contraste entre la vie et la mort qui m’a d’abord intéressée, c’est pour ça que j’ai décidé de faire de mon personnage une femme enceinte, prête à donner la vie, qui rechercherait désespérément un mort.


la mouche cfPourquoi avez-vous choisi de rendre l’environnement de Jukai noir, à part les fils de couleurs qu’il faut suivre depuis les arbres, le sol, les feuilles…
?

C’est principalement afin de mettre en valeur les fils de couleurs. Ces fils sont en effet un élément central de mon histoire, en plus d’être très graphiques, ils ont une portée symbolique très forte. Ils représentent un lien entre la vie et la mort puisqu’ils relient l’entrée de la forêt au lieu de suicide des personnes qui les ont déroulés. Mais ils sont aussi le symbole de la filiation, du lien qui relie un enfant à son père.

Je trouvais également intéressante l’idée d’avoir une progression graphique qui corresponde à la tonalité du film : au début on est dans une atmosphère très sombre où la couleur, comme l’espoir, sont quasiment absents, pour finir sur une explosion de couleurs à la naissance du bébé.


la mouche cfDans Jukai, vous questionnez la déception et l’incompréhension dans une relation amoureuse. Pourquoi étiez-vous intéressée par le fait de montrer cet échec ?

Je n’ai pas vraiment l’impression que l’échec amoureux soit le sujet central de mon film. À aucun moment, la raison qui a poussé cet homme à abandonner sa femme enceinte n’est précisée, chacun peut imaginer ce qu’il veut. Effectivement, l’héroïne ressent une violente colère contre cet homme, mais finalement l’amour qu’elle lui porte lui permet d’accepter son choix, aussi terrible soit-il, et de lui pardonner.


la mouche cfÊtes-vous intéressée par la thématique de la fragilité du fil de la Vie ?

Oui, c’est un sujet absolument universel, tout le monde a été ou sera touché par la perte d’un proche. C’est une thématique qui ne peut laisser personne indifférent. Mais c’est également un sujet difficile à aborder car même s’il est universel, il est aussi extrêmement personnel, chacun vit son deuil à sa manière.


la mouche cfConnaissez-vous les Parques Grecques et le Fil d’Ariane ? À part l’histoire particulière de la forêt de Jukai, avez-vous d’autres inspirations de fils ?

Bien sûr, le Fil d’Ariane est la première chose qui m’est venue à l’esprit en découvrant l’histoire de cette forêt. Ensuite, mes inspirations sont plutôt artistiques, notamment pour la structure/berceau de la séquence finale. Je me suis beaucoup inspirée de l’art brut et du land art et plus particulièrement du travail de Judith Scott qui recouvre des objets de fils de laine jusqu’à en faire des sortes de gros cocons, et celui d’Edith Meusnier qui fabrique, en pleine nature, des structures géométriques géantes à base de rubans colorés.


la mouche cfÊtes-vous intéressée par la thématique des relations parent-enfant et pensez-vous réaliser des films autour de cette question ?

Oui, je m’intéresse beaucoup à cette thématique et plus précisément à  l’idée de transmission entre parent et enfant, qu’elle soit consciente ou pas. Je suis justement en train de travailler sur un nouveau scénario axé sur l’analogie entre la maternité et l’astronomie (tout simplement !), mais du point de vue de l’enfant cette fois.

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Jukai

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la mouche cfPourquoi étiez-vous intéressée par la question des addictions qui est aussi entrevue dans Jukai ?

J’imagine que vous faites référence à la scène où on découvre des somnifères et une bouteille d’alcool près d’un corps. Il s’agit plus d’un indice de mise en scène pour faire comprendre le suicide qu’un sujet à part entière.


la mouche cfPensez-vous que la fuite soit une solution plus facile que la revendication, que le conflit ?

Tout dépend de la situation. En l’occurrence, je pense que les personnes qui décident de se rendre dans la forêt des suicides pour mettre fin à leurs jours sont bien au-delà d’une quelconque idée de fuite ou de conflit. Ils en sont probablement arrivés là car c’était la dernière option qui s’offrait à eux, quelles que soient leurs raisons. Et ça n’est pas à moi de dire s’ils ont fait ce choix par facilité ou par courage.


la mouche cfPensez-vous que l’Amour puisse laisser des espaces de liberté, de vécus sans l’Autre ?

Bien sûr, même si elle est extrêmement blessée par la perte de l’homme qu’elle aime, mon héroïne va réussir à surmonter sa peine et à rester dans la vie. Cet espoir, cet élan de vie est symbolisé par la naissance de l’enfant.


la mouche cfPensez-vous que le court métrage soit un bon outil pour questionner les relations humaines et la « méga » cellule sociétale ?

Oui, je pense que le court métrage est au cinéma ce que la fable est à la littérature. Dans ce format, l’anecdotique devient un moyen d’approcher des sujets universels, on est obligé d’aller à l’essentiel.


la mouche cfJukai
a été réalisé avec une production, une coproduction ou en auto-production française. Avez-vous écrit ce film en considérant cet aspect « français » : rattaché des références cinématographiques, construit un contexte spécifique (dans une région par exemple) ou intégré des notions caractéristiquement françaises ?

J’ai écrit une première version de ce film avant d’avoir le moindre soutien extérieur. Mais effectivement quand le projet a commencé à prendre forme, nous avons discuté, mon producteur, Arte France et moi pour savoir si le personnage principal devait être une jeune femme japonaise (comme c’était prévu initialement) ou française. On a convenu qu’il serait plus intéressant et plus juste d’en faire une française, pour éviter de tomber dans un orientalisme cliché et pour être au plus proche de ses émotions.

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Pour voir Jukai, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F4 ou bien à la séance scolaire pour les plus jeunes.

 

Les élèves de la séance scolaire auront l’occasion de rencontrer Gabrielle Lissot lundi 8 février à 13h à l’école supérieure de commerce de Clermont-Ferrand.

Les spectateurs de la séance F4 au cinéma Le Rio jeudi 11 février à 14h pourront discuter avec la réalisatrice à l’issue de la projection.

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