F1 – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org Festival du court métrage de Clermont-Ferrand | 31 Janv. > 8 Fév. 2025 Mon, 20 Feb 2023 15:49:10 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.5.7 https://clermont-filmfest.org/wp-content/uploads/2017/10/lutin-sqp-1-300x275.png F1 – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org 32 32 Café court – Osman Cerfon https://clermont-filmfest.org/cafe-court-osman-cerfon/ Fri, 10 Feb 2023 08:57:03 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=59774 Découvrez l’interview du cinéaste français Osman Cerfon à propos de son court métrage Aaaah ! présenté dans la compétition nationale 2023 (programme F1).

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Café court – Jawahine Zentar https://clermont-filmfest.org/cafe-court-jawahine-zentar/ Wed, 08 Feb 2023 14:17:30 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=59717 Découvrez l’interview de la cinéaste française Jawahine Zentar à propos de son court métrage Sur la tombe de mon père présenté dans la compétition nationale 2023 (programme F1).

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Dîner avec Auxiliaire https://clermont-filmfest.org/auxiliaire/ Wed, 01 Feb 2023 20:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=59256 Entretien avec Lucas Bacle, réalisateur d’Auxiliaire

Pouvez-vous nous raconter la genèse de votre film, Auxiliaire, qui s’intéresse à la relation entre un jeune homme handicapé et son auxiliaire de vie, relation qui se trouve chamboulée par le futur départ de ce dernier ?        
La naissance de ce film, c’est le moment où trois amis – un réalisateur, un comédien et un producteur – se demandent si l’histoire qui les lie ne devrait pas être racontée dans un film. Alexis Dovera (producteur), Laurent Target (comédien) et moi-même, avons tous les trois travaillé en tant qu’auxiliaire de vie pour notre ami commun, Louis Milhet, un jeune ingénieur informaticien en situation de handicap. Dans ces moments où le professionnel et l’intime se mélangent, on s’est tous rapprochés de Louis et son handicap est rapidement devenu une simple considération logistique.Auxiliaire est mon premier court métrage et il était important pour moi de traiter un sujet dont j’ai personnellement fait l’expérience afin de proposer un film sincère, riche de détails et capable d’ouvrir une fenêtre sur le handicap et le métier d’auxiliaire de vie.

Comment avez-vous travaillé avec les comédiens pour parvenir à leur faire incarner cette relation complexe ? 
J’ai pris le temps et j’ai eu du temps.
J’ai eu du temps pour répéter avec Etienne et Laurent, une dizaine de jour, ce qui m’a permis de faire une réécriture plateau et d’adapter les dialogues à leur personnalité.
J’ai pris le temps pour que ces deux-là se rencontrent, échangent et s’amusent réellement. En organisant des moments informels, dans des bars, des soirées, chez Louis. Si ça peut paraître futile, je crois qu’au contraire c’est ce qui fait que la relation marche à l’image : parce qu’ils en ont tissé une véritable, hors champ.

Comment avez-vous choisi les deux comédiens principaux ?
Le rôle de Marc a été pensé avec et pour Laurent Target. Je connais Laurent depuis des années et j’attendais avec impatience le moment où je pourrais le mettre en scène. Lorsque l’idée de ce film est née, c’était une évidence qu’il ne pouvait se faire qu’avec lui. Le rôle de Quentin a été plus complexe à choisir. Initialement, je voulais que Louis Milhet joue son propre rôle mais les répétitions ne furent pas concluantes et la fatigue corporelle que nécessitait ce tournage de nuit ne lui permettait pas de pouvoir embarquer dans l’aventure sereinement. Nous avons casté une quinzaine de jeunes hommes non comédiens en situation de handicap. Mais je n’y ai pas trouvé la personne que je cherchais. Les duos avec Laurent ne fonctionnaient pas. Nous avons organisé un nouveau casting en y intégrant cette fois des comédiens professionnels valides. Quand ce fut le tour d’Etienne Cocuelle, la relation avec Laurent fut évidente, mais éthiquement ce fut une autre histoire. Nous savions l’importance et la nécessité de représenter un corps handicapé au cinéma, mais il nous fallait voir les choses en face, à quelques semaines du tournage nous n’avions pas trouvé la perle rare parmi les personnes que nous avions rencontrées. J’ai pris la décision de travailler avec Etienne Cocuelle en qui j’avais une totale confiance.

Quel regard portez-vous sur la présence et la représentation des personnages handicapés à l’écran ?
De la même façon qu’il est essentiel de montrer à l’écran des personnes trans, des femmes qui ne sont pas objectivées et toutes les minorités invisibles, représenter des personnes handicapées à l’écran est un acte politique nécessaire et il y a encore beaucoup de chemin à faire. Le simple fait de ne pas avoir pu trouver un comédien handicapé qui corresponde au personnage que nous avons écrit en est une preuve. C’est sûrement parce qu’ils pensent qu’ils n’ont aucune chance que peu de personnes handicapées se lancent dans le théâtre ou le cinéma et on peut les comprendre quand on voit la place que le cinéma leur réserve : jouer dans des films dramatiques (et si être handicapé n’était pas un drame ?) ou des mauvaises comédies dans lesquelles le handicap est au centre, objectivé. Avec Auxiliaire j’ai voulu traiter du handicap sans en faire un sujet. Travailler avec Louis me l’a appris, c’est le regard des autres qui ramène les personnes handicapées à leur condition. C’était précisément ce genre de regard que j’ai voulu participer à faire évoluer.  Si je n’ai pas pu trouver une personne handicapée pour tenir le rôle de Quentin, je suis par ailleurs fier de ce film qui, en le montrant dans tous ses détails, nous fait oublier le handicap. Je crois que c’est en levant le voile sur tous ces aspects inconnus qu’on peut les faire entrer dans l’imaginaire collectif comme de simples banalités.

Quel est votre court métrage de référence ?
Le court métrage Avant que de tout perdre de Xavier Legrand m’a marqué dans sa grande force de faire d’un sujet invisibilisé un véritable spectacle. Ce film prend aux tripes, surprend, émeut. Pendant ces quelques minutes, je suis devenu cette femme et j’ai eu peur de la violence d’un homme. C’est une des premières fois de ma vie où j’ai perçu ce que voulais dire être sous emprise et que j’ai ressenti l’effet dévastateur que ça avait sur cette femme. C’est précisément pour fabriquer ce genre d’expérience que je veux être réalisateur.

Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
Depuis que je connais son existence, j’ai perçu le festival de Clermont Ferrand comme lointain et inatteignable pour l’autodidacte que je suis. On me parlait de lui comme d’une étape évidente dans la carrière d’un réalisateur. Architecte de formation, j’ai suivi mon rêve de cinéma il y a cinq ans et ce sera la première fois que je vais à un festival pour y défendre un film. Je suis très heureux que ce soit dans le cadre du festival de Clermont Ferrand.

Pour voir Auxiliaire, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F1.

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Lunch avec Bitume https://clermont-filmfest.org/bitume/ Mon, 30 Jan 2023 11:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=58901 Entretien avec Léo Blandino, réalisateur de Bitume 

Comment vous est venue l’envie d’évoquer le métier de chauffeur routier ?  
Mon coscénariste Thimothée Meyrieux-Drevet m’avait partagé ses recherches sur les routiers et sur l’évolution de leurs conditions de travail. Le sujet m’a tout de suite intéressé. Il fallait ensuite en tirer une thématique et une idée de cinéma. Pour cela, c’est surtout l’univers des autoroutes et des zones industrielles qui m’ont inspiré. Ce sont des espaces paradoxaux, ni zones naturelles ni réellement habitats humains, où les machines sont hégémoniques. Les camions en sont presque les animaux d’un biotope mécanique. Et les routiers sont ces humains solitaires qui s’y confrontent, comme les marins et la mer. C’est ce que j’ai trouvé saisissant dans ce métier, où dans une vie, on y roule plus qu’on y marche.  

Comment s’est fait la rencontre avec Christophe Kourotchkine ? 
Le choix de Christophe a été aussi simple qu’instinctif. Il n’y a pas eu de casting pour le rôle. La production a organisé une rencontre avec lui, pour parler du scénario. Dès que je l’ai vu bouger, parler, regarder, je n’ai plus eu aucun doute sur mon choix.  

Étiez-vous davantage intéressé par le sentiment d’insignifiance ou par la question de la rupture avec les proches ? 
Ces deux problématiques ne seraient-elles pas reliées ? Le sentiment d’insignifiance ne dépendrait-il pas du rapport que l’on entretient avec nos semblables et avec notre environnement ? Au-delà de la rupture, je crois que c’est la question du « lien » au monde et aux autres qui m’anime.  

À quel point êtes-vous intéressé par la thématique de la migration « clandestine » ? Envisagez-vous de réaliser d’autres films sur cette question ? 
Je ne sais pas d’où ça vient, mais c’est quelque chose qui revient souvent dans ce que j’écris. C’était déjà le cas dans mon précédent film, Z.A.R (2021), un film d’anticipation qui évoquait des migrations climatiques. Sincèrement, c’est inconscient. Je ne suis pas particulièrement militant mais j’ai honte. J’ai honte de savoir et de m’en accommoder si facilement parfois, et dans une certaine mesure, en tant qu’européen d’une certaine classe sociale, d’en profiter. Alors parce que j’ai honte, je témoigne de cette honte depuis l’endroit où je me trouve, c’est-à-dire depuis un appartement chauffé dans une métropole française où on peut commander de la nourriture souvent cuisinée et/ou livrée par des travailleurs émigrés (clandestins parfois) précaires qui ont vécu des choses que mon esprit et mon corps ne pourraient même pas concevoir.   

Quel est votre court métrage de référence ? 
Sans hésiter, Hotaru de William Laboury… Un film de science-fiction monté en grande partie avec des images d’archives. Pour moi c’est une merveille autant narrative que formelle. C’est un de mes films préférés, tout format de cinéma confondu. Je l’ai vu au moins dix fois. Je n’ai jamais rencontré son réalisateur néanmoins, pour le lui dire. Si ça devait arriver, je lui offrirai probablement une pinte de bière par amitié. J’ai aussi été très impressionné par Amour(s) de Mathilde Chavanne, que j’ai découvert à Clermont en 2020. À elle je le lui ai dit par contre. Je lui ai d’ailleurs offert une pinte.  

Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?  
J’entends parler de ce festival depuis que j’ai l’âge de 14 ans. J’y suis ensuite souvent allé en spectateur mais c’est la première fois que j’y vais pour présenter un film en compétition. Alors bien sûr, c’est un peu symbolique pour moi. C’est aussi un festival où l’on peut voir un grand nombre de films, très différents et venant du monde entier, pour ensuite aller se disputer dans un bar avec ses ami.e.s cinéphiles autour de nos films préférés et détestés. Ce qui est, avec la truffade, l’une de mes activités favorites à Clermont. C’est une conception de la cinéphilie qui ne fait pas forcément l’unanimité, mais pour moi les dissensus critiques provoqués par le festival sont ce qui fait toute la vitalité du cinéma. J’espère sincèrement que des gens détesteront viscéralement mon film et se disputeront passionnément avec d’autres qui l’auront peut-être aimé.  

Pour voir Bitume, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F1

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Goûter avec Hors-saison https://clermont-filmfest.org/hors-saison/ Sat, 28 Jan 2023 15:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=58694 Entretien avec Francescu Artily, réalisateur de Hors-saison 

Comment vous est venue l’inspiration pour Hors-saison ? 
Le récit est né dans mon vécu, l’histoire a une résonnance avec ma première expérience professionnelle dans l’audiovisuel. Mes études de cinéma venaient juste de se terminer quand j’ai trouvé un emploi en CDI comme caméraman dans une société de production en Corse. Cet emploi représentait l’espoir de gagner ma vie, en pleine période de crise sociale. La société de production était spécialisée dans la réalisation de magazines de divertissement et de voyages, avec pour objectif de vendre du rêve à des téléspectateurs. Mes missions consistaient à réaliser du flux d’images, en parcourant des territoires de bord de mer ou de montagne à la recherche de vues panoramiques et de gens heureux de vivre dans ces espaces. Les méthodes de management de la société étaient déshumanisées, sans échanges ni points de vue. Les producteurs agissaient par injonctions au téléphone ou par mails pour boucler les tournées. Progressivement, j’ai glissé dans un cercle professionnel formaté et sans composantes créatives. À force de produire des images lisses et neutralisées comme des cartes postales, je suis rentré dans une traverse d’effacement. Et après quelques années, j’ai réussi à rompre avec cet enfermement.  

Comment avez-vous choisi les lieux de tournage ? 
Comme mon personnage principal, j’ai traversé ces paysages désertiques à la recherche d’images panoramiques pour une société de production. Ils étaient donc déjà identifiés et j’ai choisi de les garder pour mon film. Ces paysages ont de l’importance puisqu’ils renvoient à l’intériorité du personnage. Ils induisent le vide, la solitude et le silence comme souvent dans les tableaux d’Edward Hopper. 

Qu’est-ce qui vous intéressait dans la question de la perte de sens ? Envisagez-vous de réaliser d’autres films sur cette thématique ? 
Ce qui m’intéresse, c’est de comprendre le mécanisme de la perte de sens qui conduit à la crise existentielle. Dans le film, il existe une porosité entre l’espace professionnel et personnel de mon personnage. Il s’interroge sur le sens de sa vie, sur le bien-fondé de ses choix et sur sa place. Dans ce cas, sa crise existentielle l’exhorte à faire des changements. Une crise existentielle n’est pas une maladie en soi. Elle peut même avoir des côtés positifs, car elle oblige la personne à s’interroger dans tous les domaines de sa vie et à redéfinir ses priorités et ses envies. Autrement dit, elle engage la personne à évoluer dans une direction plus conforme à ce dont elle a besoin. On peut admettre que la plupart du temps, les gens ne choisissent pas ce qui leur arrive. Mais ils peuvent déterminer eux-mêmes le rapport qu’ils auront vis-à-vis de circonstances particulières et influencer ainsi le caractère de leur vie. C’est politique en ce sens. Actuellement, j’écris un long métrage de fiction avec des personnages qui se confrontent à la perte de sens dans leur vie. Et leur marge de manœuvre reste périlleuse. 

Comment avez-vous travaillé sur la lumière ?  
Le sujet de la lumière est une responsabilité partagée avec Aurélien Py, mon directeur de la photographie.  Nous nous entendons au préalable pour inscrire la lumière et l’intensité de la couleur dans le processus créatif du film. Je dirais que dans mon travail, la lumière concorde avec la composition d’un espace pictural. Hors-saison débute dans la lumière naturelle et chaude du jour qui illumine le paysage. Plus le personnage avance dans sa quête existentielle et plus l’ambiance s’assombrit. La lumière suit le personnage en déclinant progressivement du jour, vers le demi-jour, jusqu’à la nuit. Elle se dilue dans la solitude et le vide qui lui ronge les entrailles.  

Quel est votre court métrage de référence ? 
S’il faut en choisir un, c’est Nest de Hlynur Palmason. Le réalisateur réussit remarquablement l’équilibre d’un récit de fiction aux allures de documentaire sur le sujet du vivre ensemble de sa famille. Il nous laisse entrer, à partir d’un plan fixe tout au long du film, dans le mouvement de l’univers poétique du passage des saisons qui enveloppe les personnages dans leur environnement. Cette fenêtre ouverte sur un paysage éblouissant de lumière et de sensibilité à l’intime, interroge notre rapport au temps. Le traitement est brillant. 

Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?  
Quand j’étais étudiant en école de cinéma, je regardais le festival comme une sorte de graal du court métrage. D’ailleurs, cet événement exigeant soulevait un imaginaire surpuissant pour toute ma promotion. Aujourd’hui, dans mon esprit, le festival de Clermont-Ferrand existe comme un lieu emblématique de la liberté d’expression des auteurs et de rencontres, loin des formes de standardisation de la pensée. 

Pour voir Hors-saison, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F1

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Goûter avec Elle est des nôtres https://clermont-filmfest.org/elle-est-des-notres/ Sun, 06 Feb 2022 15:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=49419 Entretien avec Maxence Voiseux, réalisateur de Elle est des nôtres

Pourquoi avoir situé l’histoire dans ce milieu ? Connaissez-vous bien l’élevage ? La région ?  
L’histoire se déroule dans le milieu des marchands de bestiaux que je connais pour l’avoir filmé en documentaire. Je viens du documentaire et je réalise mes films dans le Nord de la France, sur un territoire qu’on appelle l’Artois. Il s’agit de mon territoire de cinéma : de documentaire et de fiction. Je ne connais pas tant l’élevage que ça autrement que par les éleveurs que je filme en documentaire. Ce que je connais mieux, c’est cette région que j’aime et où je vais continuer d’ancrer mon cinéma. 

D’où vous est venue l’idée du personnage de Juliette ? 
Le personnage de Juliette est parti d’un fait divers que l’on m’avait raconté pendant un tournage documentaire : un petit groupe de brigands s’introduisait dans les fermes la nuit pour tuer, découper et voler de la viande. À partir de ce fait divers (impossible à capter en documentaire…), j’ai voulu tramer l’histoire d’un personnage baroque qui s’introduirait dans les fermes la nuit. L’idée était de travailler le milieu des marchands de bestiaux mais à partir d’une figure extérieure. Juliette est devenue ce personnage qui s’invite dans un monde qui n’est pas le sien et qui ne lui est pas naturellement ouvert. 

Comment s’est déroulé le tournage ? Avez-vous eu des soucis à tourner au milieu des vaches ?
Le tournage a été très intense : plusieurs semaines de préparation, neuf jours de tournage, un plan de travail spécifique pour nos vaches. Ma grande satisfaction a été de faire collaborer avec une équipe engagée et des personnes issues de mes films documentaires (notre dresseur Thierry Jourdel est un personnage d’un de mes films documentaires), des décors et de seconds rôles avec des gens que je fréquente et que je connais sur place. C’est une grande fierté aussi car je sais qu’ils ont rendu ce film possible. Tourner avec des bêtes est une démarche singulière car c’est parfois le vivant qui prenait le pas sur la cadence de travail. Il fallait donc souvent s’adapter, comme en documentaire finalement. 

Quels types de sujets et de genres souhaitez-vous explorer en tant que cinéaste ? 
Je veux continuer à filmer le territoire de l’Artois, à tourner et travailler avec les gens qui y vivent. Je souhaite également continuer à déployer des films de fiction mais à partir de geste documentaire. Je crois que c’est ma manière de fonctionner. La fiction devient possible pour moi quand elle est arrimée à une réalité, à un fragment de réel au départ. Je dirais que la problématique de la filiation et de l’émancipation est au centre de mon travail.

Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
J’ai été marqué par le court métrage Le Cercle d’Ali l’année dernière qui était en sélection à Clermont. Je trouve que c’est d’une très grande maîtrise, et un geste de cinéma singulier (notamment sur la mise en scène des séquences de buzkashi et la construction au montage). 

Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Un bon film, ce doit être un objet qui arrive à surprendre tout en répondant pour moi à deux impératifs : toucher et penser. 

Pour voir Elle est des nôtres, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F1.

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Café court – Martin Jauvat https://clermont-filmfest.org/cafe-court-martin-jauvat-2/ Fri, 04 Feb 2022 17:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=50244 Découvrez l’interview du cinéaste français Martin Jauvat à propos de son court métrage Grand Paris Express présenté dans la compétition nationale 2022 (programme F1).

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Café court – Janloup Bernard https://clermont-filmfest.org/cafe-court-janloup-bernard/ Thu, 27 Jan 2022 15:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=50337 Découvrez l’interview du cinéaste français Janloup Bernard à propos de son court métrage J’avais un camarade présenté dans la compétition nationale 2022 (programme F1).

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Dernier verre avec À cœur perdu https://clermont-filmfest.org/a-coeur-perdu/ Wed, 26 Jan 2022 23:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=47822 Entretien avec Sarah Saidan, réalisatrice de À cœur perdu

Comment est née l’idée d’À cœur perdu ?
Il y a un proverbe qui dit « Où bat le cœur, là se trouve le foyer ». Mais comment faire quand on ne sait pas exactement où se trouve son cœur ? Le sujet de ce film résonne énormément en moi. J’ai immigré en France il y a plus de dix ans maintenant, mais il m’arrive encore de devoir répondre à la question « Quand est-ce que tu rentres chez toi ? ». À plusieurs reprises, j’ai mal compris la question et pensé que « chez moi » faisait référence à mon appartement à Paris, alors que mon interlocuteur pensait à l’Iran. Ces moments m’ont fait me sentir comme une parfaite étrangère au milieu des personnes avec lesquelles je vivais, mais j’ai aussi perçu un certain sens de l’humour et c’est ce ton que j’ai choisi pour mon film afin de ne pas en faire une histoire triste. Car À cœur perdu est tout sauf une histoire triste.

Pourquoi avoir choisi de représenter Paris et Téhéran par le biais de leurs architectures, tracés de rues, marchés et ambiances ?
Omid, le personnage principal est fasciné par Paris, il était donc essentiel de voir la ville. C’était important pour la narration du film de montrer ces lieux et leurs différences, « ici » opposé à « là-bas ». Je voulais aussi représenter la nostalgie qu’éprouvait Omid pour son pays : c’est ce que nous voyons à travers ses yeux dans son rêve. Je voulais m’approcher d’un style réaliste, afin que la disparition du cœur soit perçue comme un événement choquant.

À quel point connaissez-vous Paris, où Omid s’est installé avec sa famille ?
Je vis à Paris. J’ai de la famille dans cette ville, et je m’y sens presque comme chez moi, même si cette idée, encore aujourd’hui, reste assez vague pour moi. Paris possède deux visages : l’un sublime et l’autre cruel. J’ai vu beaucoup d’événements choquants dans cette belle ville.

Pourquoi vous êtes-vous également intéressée au sujet du trafic d’organes ?
À cause de la découverte absurde d’une petite affiche accrochée sur un mur, avec l’écriture d’une personne indiquant qu’elle était prête à vendre son rein pour continuer ses études universitaires. Cela m’a hantée pendant des années. J’ai vu ce genre d’affiches à Téhéran, où je vivais auparavant. Cette réalité est tellement folle, c’est à peine croyable. Quand j’ai imaginé un personnage ayant perdu son cœur, l’idée de jouer avec le thème du trafic d’organes m’a évidemment traversé l’esprit.

Combien de temps avez-vous consacré à la création de ce court métrage ?
L’âge de ma fille me sert de repère ! J’étais enceinte quand j’ai commencé à écrire cette histoire, je viens de finir mon film et elle a deux ans et demi, donc je travaille sur ce projet depuis environ trois ans. Sur ces trois ans, il y a eu la pandémie de COVID-19, et j’ai eu la chance de pouvoir travailler tout au long de ces deux années stressantes.

Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marquée ?
Je pense en premier lieu à En avant de Mitchelle Tamariz. C’est l’histoire d’une jeune femme qui quitte sa terre natale. Son pull se détricote pendant qu’elle traverse le désert mexicain et forme un long fil qui la relie à sa maison jusqu’à la fin de son voyage. C’est une histoire bouleversante.

Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Un bon film est un film qui vous donne matière à réfléchir longtemps après l’avoir vu, un film qui est sincère et que le réalisateur se voyait dans l’obligation de tourner. C’est ce qui rend un film puissant.

Pour voir À cœur perdu, rendez-vous aux séances de la compétition internationale F1.

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Breakfast avec Grand Paris Express https://clermont-filmfest.org/grand-paris-express/ Mon, 24 Jan 2022 08:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=47187 Entretien avec Martin Jauvat, réalisateur de Grand Paris Express

Qu’est-ce qu’il y avait d’intéressant avec le fait de tourner sur des chantiers du Grand Paris express ?
J’habite à Chelles, en Seine-et-Marne (77), où d’énormes chantiers ont colonisé la ville depuis plusieurs années. Pareil sur le chemin du RER E, qui me transporte à peu près tous les jours jusqu’à Paris : les chantiers se multiplient, les villes se transforment perpétuellement le long des lignes de chemin de fer. Peu à peu, le chantier est devenu un décor hyper banal et en même temps, je trouvais qu’il finissait par donner une couleur un peu « science-fiction » à tous ces paysages monotones. Je me suis mis à fantasmer sur ce qu’ils risquaient de trouver, derrière les palissades, aux mystères que pouvaient révéler les profondeurs de la banlieue parisienne – d’où l’idée d’écrire une sorte d’Indiana Jones banlieusard. Et puis ce que vend le projet du Grand Paris Express, cette espèce de rapidité futuriste, de fluidité et d’immédiateté sublimes, c’est aussi complètement de la science-fiction de mon point de vue. Même leurs pubs, y a un côté dystopique que je trouve assez drôle quand je le compare à mon quotidien de mec du 77 qui passe en moyenne 2 à 3h par jour dans les transports en commun.

Comment avez-vous élaboré autour de la thématique des premiers émois amoureux dans ce film ?
Assez simplement, j’ai vécu, plus jeune, un chagrin d’amour très compliqué plus ou moins similaire à celui de Leslie dans le film : une fille dont j’étais très amoureux m’a quitté pour partir poursuivre ses études à l’autre bout du monde, tandis que moi je restais chez moi, dans le 77, à fumer des joints et à rien branler de mes journées. Le décalage entre nos deux chemins de vie était vertigineux, et je me suis mis à me sentir comme prisonnier de ma banlieue pavillonnaire. Les premiers émois amoureux dans ce film sont aussi le reflet d’une errance affective, d’émotions déboussolées dans un quotidien qui tourne en rond.

Quel est votre genre cinématographique préféré ? Êtes-vous sensible aux expressions artistiques du surréalisme et/ou du fantastique ? 
Je n’ai pas vraiment de genre cinématographique préféré, bien sûr j’aime beaucoup les comédies, mais j’adore aussi la science-fiction, les films d’aventure, de baston… etc. Je suis fan d’Apichatpong Weerasethakul, par exemple, et de 21 Jump Street. En tout cas j’aime beaucoup le fantastique, et dans une moindre mesure le surréalisme, quand il permet de créer une faille dans la réalité, d’ouvrir la possibilité d’un mystère dans le tissu du réel.

À quel point êtes-vous intéressé par la question du cheminement à l’intérieur du film, ce parcours libre qui mène de découverte en découverte ?
Pour moi, cette espèce de liberté infinie dont jouissent les personnages du film est un peu à l’image du scénario lui-même. J’aime me dire, quand j’écris quelque chose, que tout peut partir dans n’importe quelle direction, à n’importe quel moment – par une rencontre, un dialogue, une image, n’importe quoi. J’aime la sérendipité, je trouve que c’est ce qui donne du goût à la fois à la vie et au cinéma, et quand je regarde un film, mon désir principal c’est qu’on me surprenne, qu’on m’emmène là où je ne m’attendais pas à me retrouver. Dans Grand Paris Express, ce cheminement est à la fois une forme d’ouverture maximale au présent, à tout le hasard que peut offrir la vie, et puis, en même temps, une errance résultant d’une forme d’ennui presque désespérée.

Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
Un court métrage qui m’a marqué ? Easter Eggs de Nicolas Keppens. Je l’ai vu par hasard au festival Séquence Court-Métrage de Toulouse et j’ai halluciné. Je trouve ça beau, mystérieux, super drôle. J’adore l’ambiance, et cet univers d’ennui entre mecs me parle à mort. Gros big up à Arte et Hélène Vayssières de l’avoir diffusé en France. Je suis complètement fan, hâte de voir la suite !

Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?  
Je me demande souvent, et je crois que mon avis sur la question change assez régulièrement. Je crois qu’au fond, j’aime avant tout qu’un film me surprenne. Mais en ce moment, et c’est peut-être aussi dû au moment qu’on est en train de vivre, j’ai l’impression que le plus important pour moi, c’est que je me sente bien dans un film. Qu’il me procure des sensations agréables, que je m’y plaise. Alors quand quelqu’un me dit qu’il a regardé plusieurs fois un de mes films parce qu’il trouve agréable de se replonger dans son univers, de revivre les sensations qu’il lui a apportées, je suis super heureux.

Pour voir Grand Paris Express, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F1.

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