Grab Them – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org Festival du court métrage de Clermont-Ferrand | 31 Janv. > 8 Fév. 2025 Thu, 04 Mar 2021 08:54:56 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.5.5 https://clermont-filmfest.org/wp-content/uploads/2017/10/lutin-sqp-1-300x275.png Grab Them – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org 32 32 Café court – Morgane Dziurla-Petit https://clermont-filmfest.org/cafe-court-morgane-dziurla-petit-2/ Wed, 10 Feb 2021 09:24:19 +0000 https://www.clermont-filmfest.org/?p=38531 Découvrez l’interview de la cinéaste française Morgane Dziurla-Petit à propos de son court métrage Grab Them présenté dans la compétition internationale 2021 (programme I14).

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Goûter avec Grab Them (Les attraper) https://clermont-filmfest.org/grab-them/ Fri, 22 Jan 2021 15:00:41 +0000 https://www.clermont-filmfest.org/?p=36161  

Entretien avec Morgane Dziurla-Petit, réalisatrice de Grab Them (Les attraper) 

Qu’est-ce qui vous a amenée à faire un film sur une femme qui a exactement la même tête que Donald Trump ?
La convergence de deux idées : d’un côté, je voulais parler du fait que notre perception de ce qu’est la vérité est en train de changer. Tous mes films, de près ou de loin, parlent des fake news, et je voulais continuer dans cette veine. D’un autre côté, j’avais envie de raconter l’histoire d’une femme que l’on juge pour les actions d’une autre personne. Et qui se retrouve, par la force des choses, à douter de sa capacité à gérer sa propre vie. Ce qui, pour moi, illustre la façon dont les femmes sont perçues d’une manière générale, et se perçoivent elles-mêmes en fonction d’une conception masculine de la féminité.

D’un point de vue technique, comment avez-vous fait pour que l’actrice ressemble à ce point à Trump ?
Nous avons utilisé un trucage qui s’appelle le deepfake. Ce n’était pas facile, car (du moins à l’époque où nous l’avons fait), le deepfake servait uniquement pour les vidéos sur YouTube, et il fallait l’adapter pour le cinéma, notre but ayant toujours été que ce court métrage soit vu en salle. Le deepfake est une méthode qui permet de modifier un visage en fonction des expressions faciales d’un autre visage. Nous avons donc utilisé toutes les expressions faciales de notre actrice, Evalena Ljung-Kjellberg. Elle a été formidable, car je trouve qu’elle n’a jamais disparu du film, bien qu’elle ait pris les traits de Donald Trump. Et c’est exactement ce que je voulais : que le spectateur commence le film en voyant une personne qui ressemble à Trump, et le termine en voyant Sally.

Comment avez-vous abordé le casting ?
Il y avait bien sûr des critères physiques. Il y a des visages sur lesquels le deepfake n’aurait pas marché. Hormis cela, il était important pour moi de trouver une personne très douce, que l’on ait envie d’aimer. Sally n’est pas un personnage vide, elle est pleine de vie, très différente de Donald Trump. Dès que j’ai rencontré Evalena, il m’est apparu comme une évidence qu’elle jouerait Sally. Et elle a tellement réussi à me faire croire qu’elle était Sally que j’ai eu envie, pendant le tournage, de la défendre encore plus. Il n’était pas prévu qu’on entende Sally pleurer dans le film. Mais en fin de tournage, je faisais tellement confiance à Evalena dans sa relation avec son personnage que j’ai fait une « vraie » interview avec « Sally », au cours de laquelle je me contentais de poser les questions. Dans un sens, elle a fait de ce film un documentaire plus plausible, car il n’y a pas que ma voix, il y a la sienne.

Quelle réaction attendez-vous du public ?
Dans le film, Sally dit qu’elle aimerait que le public cesse de se fier aux apparences. Je l’ai gardé dans le film car ça représentait bien le personnage, mais je pense que ça va plus loin. Le film a plusieurs dimensions. D’abord, je voudrais que le spectateur s’interroge sur les manières dont un film peut leur mentir. Le deepfake est souvent montré du doigt en ce moment, et en effet, c’est une méthode qui, utilisée à mauvais escient, peut mettre à mal la démocratie. Mais il y a plein d’autres méthodes qui existent depuis très longtemps. On en utilise plusieurs dans Grab Them, en y ajoutant de l’humour pour permettre au spectateur de les remettre en question. J’espère aussi que le film a un effet libérateur car Sally finit par apprendre à s’aimer.

Quel est l’avenir du format court métrage d’après vous ?
En ce moment, je me fais plus de souci pour le long métrage que pour le court. Les courts métrages ont de plus en plus d’opportunités, je trouve. Malgré la pandémie, je n’imagine pas que le public ne revienne pas dans les festivals une fois que tout ça sera fini, car les festivals sont des événements incontournables. Et je pense qu’avec la multiplication des plateformes, on se préoccupe moins de la durée des films, on pense plutôt en termes de scénario. Je pense que de plus en plus de cinéastes ont cessé de voir le court métrage comme un « tremplin pour leur carrière », et se demandent surtout quelle durée correspond le mieux à telle ou telle histoire.

Demain on reconfine, quels plaisirs culturels conseillez-vous pour échapper à l’ennui ?
Je vous conseillerais de chercher les plateformes des festivals de cinéma. C’est une façon de les soutenir dans ces temps difficiles, et de découvrir des trésors qui sont souvent difficilement accessibles. Si vous lisez ceci, c’est que vous vous intéressez au festival de Clermont-Ferrand, et c’est super. Il y en a plein d’autres dans le monde entier. Cette année m’a fait découvrir de nombreux festivals, car j’ai pu visionner leur sélection de mon canapé. Voilà comment on peut transformer le confinement en opportunité. Cherchez les festivals qui ont lieu au moment où on a été confinés, et vous pouvez être sûrs qu’ils ont lieu en ligne à présent. N’ayez pas peur de regarder des choses dont vous n’avez jamais entendu parler. Et c’est encore plus divertissant si vous partagez cela avec vos amis et votre famille (en vrai ou sur Zoom) : lancez des débats sur les films, faites des pronostics sur les palmarès, continuez à avoir des discussions culturelles…

Et si, comme il est suggéré dans le film, Trump voyait ça ?
Difficile à dire, car Trump est totalement imprévisible. Ce serait merveilleux qu’il puisse s’identifier avec Sally bien que j’aie fait en sorte qu’elle lui soit diamétralement opposée. S’il s’identifiait à elle, il se rendrait compte qu’elle n’est pas lui, mais il aurait de l’empathie pour elle – et ce serait l’occasion pour lui d’apprendre ce que c’est.

Pour voir Grab Them (Les attraper), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I14.

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