I3 – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org Festival du court métrage de Clermont-Ferrand | 31 Janv. > 8 Fév. 2025 Mon, 20 Feb 2023 15:31:14 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.5.7 https://clermont-filmfest.org/wp-content/uploads/2017/10/lutin-sqp-1-300x275.png I3 – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org 32 32 Café court – João Gonzalez https://clermont-filmfest.org/cafe-court-joao-gonzalez/ Tue, 07 Feb 2023 14:38:35 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=59614 Découvrez l’interview du cinéaste portugais João Gonzalez à propos de son court métrage Ice Merchants présenté dans la compétition internationale 2023 (programme I3).

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Café court – Varun Chopra https://clermont-filmfest.org/cafe-court-varun-chopra/ Tue, 31 Jan 2023 15:52:39 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=59156 Découvrez l’interview du cinéaste indien Varun Chopra à propos de son court métrage Holy Cowboys présenté dans la compétition internationale 2023 (programme I3).

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Lunch avec Koha wa Tapaha (Collines et Montagnes) https://clermont-filmfest.org/koha-wa-tapaha/ Tue, 31 Jan 2023 11:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=59059 Entretien avec Salar Pashtoonyar, réalisateur de Koha wa Tapaha (Collines et Montagnes)  

Dans Koha wa Tapaha, on entend la voix de la protagoniste raconter son histoire, mais on ne la voit jamais. Qu’est ce qui a motivé ce choix ?  
Deux choses. C’était avant tout un choix créatif, mais aussi une solution pour surmonter un obstacle majeur. Du point de vue créatif, je voulais que son histoire soit celle de tous les Afghans en superposant sa voix sur des images de civils. Après l’invasion soviétique à la fin des années 1970, la moitié de la population afghane d’avant-guerre était décédée, blessée ou déplacée. D’une manière ou d’une autre, directement ou indirectement, toutes les personnes que l’on voit dans le film ont été affectées par la guerre. Ensuite, quand les Talibans ont repris Kaboul, leur première décision a été d’interdire aux femmes de participer à des films, notamment en tant qu’actrices. Conséquence : un obstacle de plus à surmonter dans le domaine de la réalisation cinématographique pour moi. Pour contourner cette interdiction, j’ai donc décidé de ne pas la faire apparaître à l’écran.  

Comment s’est passée la collaboration avec Fereshta Afshar qui fait la voix off ?  
Cette collaboration était sans aucun doute unique : on a travaillé ensemble à distance. Et c’était une première pour tous les deux. À cause des lois du régime taliban, et pour éviter les problèmes avec les autorités, nous ne nous sommes jamais rencontrés pendant la réalisation du film. Je lui envoyais le texte, avec des notes pour lui donner des instructions. Ensuite, elle s’enregistrait et m’envoyait les fichiers, puis je les écoutais et lui transmettais mes commentaires. On a échangé un nombre incalculable de fois avant d’être tous les deux entièrement satisfaits du résultat final. J’avais déjà collaboré avec Fereshta dans le cadre du tournage de mon précédent court métrage de fiction, Bad Omen (Mauvais présage), lui aussi sélectionné au festival de Clermont-Ferrand en 2021. Elle est de loin l’une des plus grandes actrices afghanes. Pour Koha wa Tapaha, j’étais décidé depuis le début à travailler à nouveau avec elle pour garder le film aussi authentique que possible. Je voulais aussi garder le cinéma afghan en vie en collaborant avec une femme directement affectée par cette interdiction. Cela aurait été bien plus facile de faire appel à une personne n’habitant pas en Afghanistan, mais cela nous aurait privés de l’émotion brute de la voix de Fereshta.  

Le public occidental n’a pas l’habitude de voir des images de l’Afghanistan qui n’évoquent pas la guerre. Comment avez-vous choisi les plans du pays que vous utilisez dans le film ?  
J’ai toujours l’Afghanistan dans un coin de ma tête et dans mon cœur. Si j’ai réalisé ce film, c’est notamment parce qu’une nuit j’ai pris conscience que, suite au retrait des forces américaines, le pays n’était plus en guerre. Pour la première fois de ma vie, il n’y avait plus de conflit armé en cours là-bas. Mais je connais l’Histoire. La dernière fois, quand la superpuissance soviétique a été contrainte de se retirer, l’Afghanistan a sombré dans une guerre civile sanglante, au cours de laquelle Kaboul, la capitale, a été détruite. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir des pensées ambivalentes vis-à-vis du futur. Tout cela m’a fait prendre conscience de l’importance historique de la phase que nous traversons. Je me suis dépêché de consigner visuellement les habitants de Kaboul, les collines et les montagnes, afin de garder une trace de l’époque actuelle pour les générations futures. Je ne sais pas ce qui attend le pays et les Afghans, mais ces images auront une signification particulière pour les personnes comme moi à l’avenir. Cela a été facile de choisir ces images : Kaboul, comme presque tout le reste de l’Afghanistan, ressemble à un tableau. La ville est entourée de collines et de montagnes.  

Quelle réaction attendez-vous de la part du public ?  
Je me sens moralement obligé d’informer et d’éduquer le public au sujet des Afghans et de l’Afghanistan par le biais de mes films. J’aime donner aux spectateurs un aperçu de l’Afghanistan caché et ignoré. C’est pour cela que je construis mes films autour des événements qui ont marqué le pays après les années 1970. Malheureusement, l’Afghanistan semble être devenu le champ de bataille des superpuissances, et ce pour toujours. Si vous dites ou lisez le mot « Afghanistan », les premières images qui vous viennent à l’esprit sont très probablement liées à la guerre. Pour autant, l’Afghanistan et son peuple ne doivent pas être réduits à cette idée. Nos histoires ont été racontées avec des œillères. En réalisant des films, je peux les figer de manière artistique, tout en racontant à un plus large public à quoi l’Afghanistan ressemblait avant ces guerres et comment nous en sommes arrivés là. Nous avons tous des préjugés, façonnés par les informations auxquelles nous sommes exposés. Je ne peux pas contrôler la réaction du public, mais je suis convaincu que les spectateurs auront un nouveau point de vue sur l’Afghanistan et comprendront mieux le pays après avoir vu mon court métrage.  

Quel est votre court métrage de référence ?  
Il s’agit d’un court métrage d’animation : Père et fille de Michaël Dudok de Wit C’est l’histoire assez simple d’une petite fille qui grandit, mais qui garde en elle le souvenir de son père absent. C’est un film très puissant et très émouvant.  

Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?  
Le festival international du court métrage de Clermont-Ferrand est le roi incontesté des festivals consacrés aux courts métrages. La programmation, les opportunités de rencontres et tout l’environnement sont absolument uniques. Je suis impatient de m’y rendre. 

Pour voir Koha wa Tapaha (Collines et Montagnes), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I3.  

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Café court – Michael Abay https://clermont-filmfest.org/cafe-court-michael-abay/ Sat, 28 Jan 2023 10:33:47 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=58779 Découvrez l’interview de la cinéaste belge Michael Abay à propos de son court métrage Klette présenté dans la compétition internationale 2023 (programme I3).

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Goûter avec Diabeł (Diable) https://clermont-filmfest.org/diabel/ Mon, 23 Jan 2023 15:00:54 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=58357 Entretien avec Jan Bujnowski, réalisateur de Diabeł (Diable)

Qui est le diable dans ce film, et qu’est-ce qu’il représente ? Pourquoi avoir choisi de le décrire ainsi ?        
Dans mon film, le diable représente tous ceux qui traquent les faiblesses de chacun et cherchent à en tirer profit. Son apparence est déterminée par l’époque où se passe l’histoire, je savais donc dès le départ qu’elle serait très déroutante pour le spectateur. Son costume est à l’image beaucoup de choses dans la Pologne des années 90 : ça veut faire sérieux, mais en fait c’est plutôt drôle. On peut toujours observer ce genre de personnages de nos jours en Pologne, seuls les déguisements et les manières d’agir vont différer.

Pouvez-vous évoquer le contexte de l’histoire ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de la raconter ?
Le récit se déroule quelque part en Pologne dans les années 90, soit un temps où les gens tentaient de s’accommoder à une nouvelle réalité. La crise économique, le taux de chômage élevé et l’hyperinflation constituaient quelques uns des facteurs sous-tendant un sentiment général de doute. J’ai lu beaucoup de documents et de témoignages sur cette période en Pologne et ça m’a inspiré cette histoire, qui n’est probablement pas arrivée, mais reste vraisemblable.

Pouvez-vous nous parler de vos choix esthétiques, notamment de la photographie ? Quels moyens avez-vous utilisés pour produire cet effet rétro des années 90 ?           
Sachant que ce récit nécessitait une esthétique visuelle spécifique et qu’il faudrait reproduire d’une manière ou d’une autre la sensation des photos des années 90, nous avons décidé de tourner en 16mm et d’utiliser des objectifs d’époque. Je tenais aussi à filmer en décors naturels, avec le moins possible d’adaptations, j’ai donc passé beaucoup de temps en repérage à l’extérieur. Il était également important de choisir avec soin les costumes et les accessoires pour ce voyage dans le temps.

Qu’est-ce qui vous inspire en tant que cinéaste ? Quelles histoires avez-vous envie de raconter ?
J’aimerais raconter des histoires qui aient l’air un peu étranges ou surréalistes de prime abord, mais se révèlent simples et universelles sitôt qu’on s’y intéresse de plus près. En tant que spectateur je n’ai pas de goût spécifique, j’admire une grande diversité de films. Je dirais que je suis toujours à la recherche de ce que vont m’inspirer des films différents de tout ce que j’ai pu voir auparavant.

Quel est votre court métrage de référence ?         
C’est une question très difficile : je suis passionné de courts et j’essaie même d’aborder ce sujet dans mes études scientifiques, j’en ai donc regardé des milliers, probablement plus que de longs. Si je devais n’en choisir qu’un, je choisirais Tolya de Rodeon Brodsky, pour son charme et sa tendresse, qui se révèlent là où on ne les attend pas. Une forme simple qui renferme beaucoup d’émotion.

Que représente le festival de Clermont-Ferrand pour vous ?       
Cela compte beaucoup pour moi, car c’est une occasion de regarder des courts du monde entier et de rencontrer leurs auteurs. Je suis très impatient !

Pour voir Diabeł (Diable), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I3.

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Breakfast avec Åsnelandet (Le Pays des ânes) https://clermont-filmfest.org/asnelandet/ Thu, 19 Jan 2023 08:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=57851 Entretien avec Bahar Pars, réalisatrice de Åsnelandet (Le Pays des ânes)

J’ai lu que Åsnelandet faisait partie d’une trilogie. Pouvez-vous nous parler de ce qui vous a inspiré cette trilogie ? 
Lorsque j’ai commencé à travailler sur ce projet, j’ai vite compris qu’il y avait trop de matière, trop d’aspects à aborder pour un seul film. Faire une trilogie était une façon de me lancer un défi, de me forcer à répéter les mêmes choses mais d’un point de vue différent. Le défi, c’était de prendre un sujet important à bras le corps et de le rendre facile à comprendre. C’est une idée qui me passionne et qui est très complexe. Je veux consacrer ma vie à explorer ce sujet, mais je ne veux pas me répéter. La trilogie m’a permis cela, tout en gardant le même sujet central et en faisant en sorte que chaque film soit mieux réussi que le précédent. Mes films visent à montrer ces détails subtils, ces expressions complexes, en les mettant en scène avec une pointe d’humour, en amenant l’attention du spectateur vers telle ou telle situation, sans la pointer du doigt directement. 

Votre film parle du racisme et des micro-agressions.  Pourquoi, à votre avis, est-il important de montrer ces situations au cinéma à l’heure actuelle ? 
J’ai connu le racisme très tôt dans ma vie. D’abord, j’ai vu les autres en faire les frais, notamment des Afghans quand je vivais en Iran. Puis, quand je suis arrivée en Suède comme refugiée, c’est contre moi que le racisme était dirigé. J’ai donc vécu toute ma vie avec. Le racisme est aussi dangereux pour les personnes qui le perpétuent que pour celles qui en sont victimes. Il influence les décisions des gens, leurs possibilités, il détruit l’élan vital de la société. Il peut parfois être un peu ennuyeux de parler de ces questions, ou de lire des choses sur le sujet. On entend souvent : « Oui, on sait… » Car ce racisme est vraiment intériorisé. Quand j’ai eu l’occasion de dire ouvertement ce que je voulais, je ne pouvais que choisir d’en parler au cinéma, en me disant que si j’arrivais à faire comprendre les choses à une seule personne, ce serait déjà ça. Ce que le cinéma nous montre, en général, c’est un racisme flagrant. Je voulais montrer le racisme au quotidien, un racisme intériorisé. Je n’avais rien vu de tel au cinéma, mais j’avais vu d’autres thèmes traités de façon subtile dans des films. Des thèmes difficiles à faire comprendre. Ce sont des choses très importantes, mais qui se voient peu, car elles sont présentes dans notre vie quotidienne, tout autour de nous. Il fallait fixer cela dans un film. Pour moi, le cinéma est un outil essentiel pour élargir les horizons et promouvoir le changement social dans le monde. Les choix que l’on fait lorsqu’on raconte ces histoires dans un film sont donc d’une grande importance. 

Vous jouez le personnage d’Isallola, et vous avez aussi écrit le scénario. Le fait d’être vous-même actrice vous aide-t-il à développer les personnages ? 
Pas autant qu’on aimerait, ha ha ha ! L’actrice va vouloir plus de temps à l’écran pour son personnage, tandis que la scénariste veut raconter l’histoire. Les deux ne font pas forcément bon ménage. Et puis, il y a la réalisatrice qui s’en mêle. C’est parfois compliqué. En plus, quand je suis en train de jouer, je dois penser à dire ceci ou cela au caméraman. Ça n’a pas été une sinécure, mais m’a forcé à toujours voir le processus de plusieurs points de vue en même temps. 

Quel est votre court métrage de référence ? 
Majorité opprimée, d’Éléonore Pourriat. Je l’ai vu il y a des années, bien avant de connaître les ficelles du métier, et j’ai été très impressionnée. C’est un film très fluide et drôle, bien qu’il aborde un sujet grave. 

Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ? 
Clermont est un lieu important, et j’aime tout ce qui est important. Les films ne sont rien sans un public, et Clermont est une passerelle. Le court métrage est un média très sympa, et je pense qu’il va avoir de plus en plus la part belle à l’avenir. Voilà ce que représente pour moi le festival de Clermont. Un lieu où l’on vient du monde entier pour partager et pour exister. C’est très précieux. 

Pour voir Åsnelandet (Le Pays des ânes), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I3.

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Café court – Don Josephus Raphael Eblahan https://clermont-filmfest.org/cafe-court-don-josephus-raphael-eblahan-2/ Mon, 14 Feb 2022 13:00:52 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=51586 Découvrez l’interview du cinéaste philippin Don Josephus Raphael Eblahan à propos de son court métrage The Headhunter’s Daughter présenté dans la compétition internationale 2022 (programme I3).

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Café court – Valentin Stejskal https://clermont-filmfest.org/cafe-court-valentin-stejskal/ Sun, 06 Feb 2022 17:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=50568 Découvrez l’interview du cinéaste autrichien Valentin Stejskal à propos de son court métrage 5pm Seaside présenté dans la compétition internationale 2022 (programme I3).

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Dernier verre avec The Headhunter’s Daughter (La Fille du chasseur de têtes) https://clermont-filmfest.org/the-headhunters-daughter/ Wed, 02 Feb 2022 23:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=48980 Entretien avec Don Josephus Raphael Eblahan, réalisateur de The Headhunter’s Daughter (La Fille du chasseur de têtes)

Pouvez-vous nous parler de vos influences et de la genèse de The Headhunter’s Daughter ? Qu’est-ce qui vous a inspiré le personnage principal ?
Mon influence principale pour The Headhunter’s Daughter, c’est le paysage culturel de là où je suis né, à La Trinidad, province de Benguet, région de la Cordillère aux Philippines. Peuplée par diverses tribus nordiques, les Igorots, la région qui a pourtant résisté pendant 333 ans à la colonisation espagnole, a fini par céder à l’influence massive de l’occupation américaine. Cette américanisation a développé un sens tout particulier de l’assimilation culturelle pour beaucoup d’Igorots, qui adoptent à présent ce type d’esthétique néo-western, à base de cow-boys, qui nourrit le plus gros de la culture contemporaine de la Cordillère. En dépit de la domination des gargotes éclairées au néon et des ados en virée équestre, l’identité indigène résistante imprègne toujours la région, et ça m’a poussé à façonner ce personnage qui sillonne la ligne étroite du choc culturel en cherchant à tracer sa voie dans ce monde postcolonial en mutation. Au cours de l’écriture, l’actrice principale, Ammin Acha-ur, nous a également donné des idées quant à la manière d’évoluer du personnage. Son jeu reflète la ressemblance entre son rôle et sa vie de tous les jours en tant que provinciale indigène qui débarque en ville pour y devenir tatoueuse et danseuse. La manière dont elle a incarné le rôle de Lynn nous a inspiré de nombreuses réécritures et une évolution constante pour en arriver à la conclusion actuelle de l’histoire.

Je crois que vous avez enregistré le son du vent. Cela crée une bande sonore très forte et suggestive. Vous pouvez nous en dire plus sur ce choix ?
Depuis le début, le vent faisait partie de mon scénario, à l’origine comme un moyen de donner une tonalité et de ponctuer certains moments de l’histoire. Nos lieux de tournage devaient aussi composer avec la puissance du vent, qui nous a dicté la manière dont je devais tenir la caméra, les pauses de l’équipe, les mouvements du cheval, et la posture d’Ammin. Il y a eu une si étroite et si constante collaboration entre le vent et tous les membres de l’équipe pendant le tournage qu’il nous a semblé important de l’inclure en post-production. Avec le concepteur sonore Henry Hawks, on a exploité le vent comme outil de multiples façons, en utilisant notamment ses qualités musicales, son grain sonore, pour donner son rythme au scénario et pour poser cette ambiance cosmique qui domine l’ensemble. Que le vent soit présent dans toutes les étapes, de l’écriture au tournage et aux traitements finaux, c’était capital pour notre histoire.

Comment avez-vous rencontré l’actrice et chanteuse Acha-ur Ammin ? Est-ce une chanteuse professionnelle, et si oui, peut-on trouver ses chansons en ligne ?
Ammin Acha-ur est une tatoueuse mambabatok de la tribu Butbut du Kalinga, et c’est aussi une interprète et chanteuse. Au départ, je l’ai trouvée sur une vidéo Facebook qui est apparue sur mon fil. Elle chantait dans une fête culturelle en extérieur, avec une fougue et une passion inouïe. Je me suis mis en tête d’arrêter les castings, de renoncer aux auditions et d’aller immédiatement la rencontrer pour lui parler du scénario. Elle brille de tant de talents, je suis très heureux d’avoir pu travailler avec elle ! On peut trouver sa musique sur sa page Facebook Ammin Acha-Ur, où elle diffuse généralement des versions acoustiques en solo de ses compositions et de ses reprises. Elle y poste aussi ses tatouages.

Ce n’est pas votre première fois à Clermont. Qu’est-ce que vous attendez du festival cette année ? Quel rôle les festivals ont-ils joué dans votre vie jusqu’à maintenant ?
Ah oui, je suis incroyablement honoré de revenir cette année, d’autant que le festival s’est déjà avéré être pour moi une formidable occasion d’apprendre l’an dernier. Cette fois, nous revenons avec une nouvelle façon de voir les choses, et plus de désir de voir des films géniaux, de rencontrer des cinéastes géniaux, et de tirer des enseignements de plein de points de vue internationaux, d’artistes du monde entier. Les festivals de cinéma sont une belle façon de se rappeler avec humilité le monde du cinéma, les gens, le public, et tous ces univers à travers les films.

Y a-t-il un film qui vous a particulièrement marqué ?
Il y avait tellement de films extraordinaires l’an dernier, The Cloud Is Still There de Mickey Lai, I Am Afraid to Forget Your Face de Sameh Alaa, Nesting de Siiri Halko, Escaping the Fragile Planet de Thanasis Tsimpinis, Angh de Theja Rio, Binh de Ostin Fam, et Mat et les Gravitantes de Pauline Penichout. Tous ces films m’ont laissé une sensation d’émerveillement et ont m’ont rempli l’âme, comme seul le bon cinéma sait le faire !

Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Personnellement, j’aime les œuvres où d’une manière ou d’une autre, je ressens de l’empathie, ou du moins je me rapproche de la compréhension vis-à-vis du sentiment viscéral qui a poussé le cinéaste à faire certains choix créatifs dans ses films. Ça n’a pas besoin d’être profond, personnel, ou de toucher au cœur, ça peut être simplement quelque chose d’honnête, qui puisse bousculer mes idées préconçues en matière de création cinématographique. C’est excitant de voir des cinéastes faire pleinement résonner leurs voix à travers leurs films, d’assister à une scène qui déborde de leur propre énergie créative inimitable. Des films dont les auteurs ont pu secouer ma compréhension du cinéma de façons inédites jusqu’alors, voilà ce que sont généralement de bons films pour moi !

Pour voir The Headhunter’s Daughter (La Fille du chasseur de têtes), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I3.

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Dîner avec 5pm Seaside (17h au bord de la mer) https://clermont-filmfest.org/5pm-seaside/ Tue, 01 Feb 2022 20:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=48649 Entretien avec Valentin Stejskal, réalisateur de 5pm Seaside (17h au bord de la mer)

D’où vous est venue l’idée de 5pm Seaside ?
Le film est fondé sur une histoire d’amour qu’un chauffeur de camion m’a confiée. Quinze ans auparavant, il était amoureux de son pote de l’armée en Grèce, mais n’avait pu en parler à personne depuis. Il s’était isolé pour protéger son souvenir de l’environnement hostile qui était le sien. Coincé dans son camion depuis de longues années, il se débattait pour s’en sortir. Même si ma vie est différente, je me suis beaucoup identifié à ses besoins. L’idée du film a démarré par un désir de s’échapper d’un isolement de l’intérieur.

Qu’avez-vous voulu explorer à travers la relation complexe entre les personnages joués par Tsiotsiopoulos Antonis et Kouris Kimonas ?
D’abord, je dois dire que j’ai eu beaucoup de chance qu’Antonis et Kimonas veuillent bien travailler avec moi pour ce film. Ils ont pris le risque de s’ouvrir et ont donné tellement plus à leurs rôles que ce que j’avais pu imaginer. Au départ il y avait cette question : comment les personnages considèrent-ils leur relation passée ? L’armée les a entraînés à tout faire l’un pour l’autre en se cachant le moindre signe d’amour. Ils ont dû jouer le rôle de meilleurs copains, de frères, de rivaux etc. Pour moi il est facile de dire qu’ils étaient profondément amoureux l’un de l’autre, mais c’est un grand pas à franchir pour eux. Je voulais suivre leur redécouverte d’un langage commun, qui ne se transmet pas à travers les mots mais à travers leurs corps.

Au début du film, le personnage principal reçoit un coup de fil de sa mère. Quelle importance donnez-vous à ce dialogue dans le développement du personnage ?
Ma coscénariste Glykeria Patramani et moi, nous voulions présenter Nikos dans un moment où il est plus vulnérable. L’appel de sa mère pour son anniversaire, pendant lequel elle va lui raconter l’histoire de sa naissance, nous a donné l’occasion de faire le point sur ses besoins émotionnels. C’est très dur de ne pas pouvoir parler ouvertement à ceux qu’on aime le plus, et Nikos est dans cette situation vis-à-vis de sa mère depuis des années. Alors, aussi absent qu’il puisse paraître au téléphone, il a besoin qu’elle l’appelle, même si c’est pour lui raconter chaque année la même histoire. Ces appels lui remettent en mémoire le sentiment d’avoir un foyer, d’exister pour quelqu’un.

Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
Je me souviens, lors d’une première visite à un festival de court métrage, d’avoir vu LIMBO de Konstantina Kotzamani. J’adorerais revenir à cette expérience ; j’en ai perdu toute notion du temps.

Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Je n’ai pas de définition précise pour le moment, mais ce que j’aime quand je regarde un film, c’est de le ressentir avec mon corps.

Pour voir 5pm Seaside (17h au bord de la mer), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I3.

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