I5 – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org Festival du court métrage de Clermont-Ferrand | 31 Janv. > 8 Fév. 2025 Mon, 20 Feb 2023 15:59:02 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.5.7 https://clermont-filmfest.org/wp-content/uploads/2017/10/lutin-sqp-1-300x275.png I5 – Clermont ISFF https://clermont-filmfest.org 32 32 Dîner avec Bergie (Sans abri) https://clermont-filmfest.org/bergie/ Thu, 02 Feb 2023 20:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=59352 Entretien avec Dian Weys, réalisateur de Bergie (Sans abri)

Quel a été le point de départ de Bergie ?  
Trois éléments m’ont poussé à réaliser Bergie. Tout d’abord, je vis au Cap, et il n’est pas rare de croiser des personnes dormant sur les trottoirs. J’ai notamment entendu l’histoire d’un sans domicile fixe que les passants croyaient endormi, alors qu’il était décédé. Je me suis longtemps demandé combien de temps il leur a fallu pour se rendre compte qu’il était mort. Ensuite, il y a beaucoup de sans-abri près de mon immeuble. Je vois parfois les forces de l’ordre les réveiller et les déplacer. De temps en temps, des activistes tentent d’empêcher ces interventions en présentant des requêtes auprès du tribunal. Ces scènes se déroulent derrière notre immeuble, et sont souvent assez dramatiques. Et le dernier élément déclencheur est la course de 5 km organisée tous les samedis matin dans mon quartier. Juste après le départ, le tracé passe sous un pont où de nombreux SDF dorment, mais se font réveiller par l’animation et le bruit de nos foulées. Ces trois éléments se sont imbriqués alors que je participais à une de ces courses : je me suis dit que, malheureusement, on ne réalisait qu’un SDF était décédé que s’il se trouvait sur notre chemin. Et habituellement, ce sont les forces de l’ordre qui se retrouvent impliquées dans ce genre de situations, pas nous, simples citoyens. J’ai donc écrit le scénario avec ce lieu proche de chez moi en tête, là où tous ces événements se sont déroulés. 

Pouvez-vous expliquer ce que signifie « bergie » en Afrique du Sud ? 
En Afrique du Sud, le terme « bergie » désigne les sans-abri. Ils sont appelés comme ça car ils avaient pour habitude de se réfugier sur les versants de la Table Mountain (« Tafelberg  » en Afrikaans). En afrikaans, comme en néerlandais et en allemand, « berg » signifie « montagne ». L’ajout du suffixe « -ie » transforme le mot en diminutif. 

La plupart des plans se concentrent sur le visage du personnage principal et ses réactions. Avez-vous fait ce choix pour permettre aux spectateurs de s’impliquer émotionnellement ? 
Oui, c’est évident, mais je voulais aussi éliminer le reste du monde. La caméra ne capture pas seulement ce qui se trouve en face d’elle, elle élimine aussi le monde autour d’elle. Et c’est important, car de la même manière, dans la vraie vie, il y a énormément d’informations auxquelles nous n’avons pas accès. Pour moi, c’est une forme de narration plus honnête, car elle reflète notre expérience du monde individuelle et limitée. Je voulais non seulement que les spectateurs puissent observer les réactions du personnage face à cette situation, mais aussi les encourager faire preuve d’imagination concernant l’espace hors-champ et donc les intégrer dans le processus de réalisation cinématographique. 

Quelle réaction attendez-vous de la part du public ? 
J’espère que le film poussera les spectateurs à s’interroger sur les relations qu’ils entretiennent avec les personnes qui souffrent, et sur ce qu’une telle responsabilité peut impliquer. 

Quel est votre court métrage de référence ? 
Ex aequo : Une nuit douce de Qiu Yang et I Am Afraid to Forget Your Face de Sameh Alaa. Laps de Charlotte Wells arrive juste derrière. 

Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ? 
Pour moi, le festival de Clermont-Ferrand incarne la fête du format court. Si beaucoup de personnes considèrent les courts métrages comme un point de départ avant de passer au long métrage, je les vois comme des médiums à part entière qui permettent d’oser davantage et d’avoir plus de libertés. Les possibilités qu’offrent les courts métrages sont infinies. 

Pour voir Bergie (Sans abri), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I5.  

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Goûter avec 48 Hours (48 heures) https://clermont-filmfest.org/48-hours/ Thu, 26 Jan 2023 15:00:09 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=58540 Entretien avec Azadeh Moussavi, réalisatrice de 48 Hours (48 heures)

Le film raconte avec beaucoup d’émotion le combat d’un père. Qu’est-ce qui vous a inspiré cette histoire ?
Le film s’inspire de mon enfance, des deux années que mon père, journaliste, a passées en prison. 

Comment avez-vous trouvé les acteurs ? Et comment avez-vous travaillé avec eux pour recréer cette subtile dynamique familiale ? 

Dans le film, le personnage féminin doit travailler, elle est très active, j’ai pris une actrice très connue en Iran, très compétente, qui déborde naturellement d’énergie, ce qui crée un contraste avec l’homme, qui est emprisonné depuis plusieurs années, qui devait dégager moins d’énergie, et avoir une certaine dureté dans l’expression : j’avais vu cet acteur dans le film A Man of Integrity, de Mohammad Rasoulof, qui était présent au festival de Cannes. Pour l’enfant, j’ai fait passer des auditions à plusieurs jeunes actrices avant de rencontrer cette petite fille, qui avait tourné dans une publicité. J’aimais beaucoup son visage, et elle était très intelligente. Je suis allée chez elle pour faire des jeux, et entre les jeux, je lui faisais peu à peu répéter des scènes du film. Pour les enfants, il faut que tout cela soit comme un jeu. On a répété avec les deux acteurs adultes, mais l’enfant a seulement répété avec l’actrice, et n’a pas vu l’acteur avant le moment du tournage, car je voulais qu’ils soient étrangers l’un à l’autre. 

Quel est votre parcours de réalisatrice ? Quelles histoires avez-vous envie de raconter ?
J’ai réalisé deux films documentaires, dont l’un, intitulé Finding Farideh, a représenté le cinéma iranien aux Oscars 2020. J’ai aussi quatre courts métrages de fiction, et mon film précédent, The Visit, était également présenté au festival de Clermont – ce sera donc la deuxième fois que j’irai à ce festival. J’aime les histoires qui parlent de notre société. Et surtout les histoires autobiographiques. 

Quelles sont vos influences cinématographiques ?
Les frères Dardenne et les films de Abbas Kiarostami. 

Quel est votre prochain projet ?
J’ai écrit un scénario de court métrage inspiré par les récents événements en Iran, ce qui n’est pas sans rapport avec mes films précédents. 

Quel est votre court métrage de référence ?
Les premiers courts métrages qui m’ont marquée étaient ceux de Krzysztof Kieślowski. 

Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
D’une façon générale, je pense que la communauté artistique n’a pas de frontières et forme une grande famille. Les festivals sont l’occasion de rassembler les membres de cette famille pour favoriser les échanges culturels. J’espère y créer des liens pour produire mon prochain film. 

Pour voir 48 Hours (48 heures), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I5

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Lunch avec Daphne (Daphné) https://clermont-filmfest.org/daphne/ Wed, 25 Jan 2023 11:00:06 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=58487 Entretien avec Tonia Mishiali, réalisatrice de Daphne (Daphné)

Pouvez-vous nous parler de Daphne, le personnage principal, et de ce qui vous a amenée à écrire son histoire ?
Daphne est mère célibataire. Son absence de communication avec son fils, un ado asocial qui s’est fait happer par la technologie, la fait souffrir. Elle est en télétravail à cause des mesures de restriction liées à la pandémie, et n’a donc pas d’autres relations humaines. Elle se sent seule, et par ces temps de couvre-feu et de confinement, elle n’a pas l’occasion de sortir pour rencontrer des gens. Elle s’inscrit donc sur une application de rencontres. C’est mon propre besoin d’expression artistique après avoir été enfermée chez moi si longtemps, ainsi que mon envie de relations humaines, qui m’ont amenée à écrire cette histoire, tout en essayant d’évoquer l’instinct de survie propre à la nature humaine.

Le film se passe pendant le confinement. Était-il important de placer le personnage dans ce contexte précis ?
C’est le thème du film, ce désir désespéré d’amour et de tendresse du personnage. Il était important de placer la placer dans le contexte de la pandémie et des confinements car son désir s’est intensifié pendant cette période, et le sentiment de solitude s’est installé. C’est la solitude qui crée en elle ce besoin désespéré de contact humain.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans la réalisation du film ?
Daphne a été tourné avec peu de moyens (un budget de dix mille euros), car nous n’avions pas de subventions publiques, nous avons donc rencontré beaucoup de difficultés. J’avais écrit le film pendant le confinement, et je voulais le réaliser aussi vite que possible, car j’avais moi-même un grand besoin d’être créative. Beaucoup de collègues et d’amis qui travaillent dans le cinéma m’ont aidée à concrétiser mon projet. Cela m’a pris plusieurs mois, mais j’ai fini par réunir une équipe, et nous avons tourné le film en trois jours, après le troisième confinement. Nous avons été constamment confrontés au manque de moyens, mais grâce à l’enthousiasme de l’équipe, nous avons réussi à boucler le film.

Daphne montre de façon assez crue et réaliste ce besoin de tendresse à l’époque actuelle. Était-il important pour vous de porter ce thème à l’écran ?
La tendresse, c’est une chose dont nous manquons à l’heure actuelle. Nous sommes tellement pris par le boulot, les choses matérielles, que nous ne savons plus communiquer avec les autres, ni exprimer nos sentiments. Il était important pour moi de porter à l’écran ce besoin intense de tendresse, qui transcende le rapport physique. Je voulais souligner le fait qu’à l’heure actuelle, les besoins émotionnels des gens sont inassouvis et que les limites de l’être humain sont mises à l’épreuve – et que lorsque les gens sont mis à l’épreuve sur le plan émotionnel et physique, des comportements nouveaux peuvent surgir de façon inattendue et incontrôlable.

Quel est votre court métrage de référence ?
Wasp d’Andrea Arnold est un de mes courts métrages préférés. C’est film remarquablement bien fait, sur tous les plans, qui parle d’une jeune mère célibataire bien décidée à ne pas laisser ses quatre enfants gâcher une sortie au pub avec un garçon qui lui plaît. C’est le style de cinéma que j’aime.

Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?
Le festival du court métrage de Clermont-Ferrand est le plus grand festival de cinéma dédié au court métrage. Il représente la réussite et la reconnaissance pour tout réalisateur sélectionné sur plus de 8000 candidatures. Nous sommes très honorés !

Pour voir Daphne (Daphné), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I5

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Goûter avec Chemkids https://clermont-filmfest.org/chemkids/ Fri, 20 Jan 2023 15:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=57978 Entretien avec Julius Gintaras Blum, réalisateur de Chemkids 

Quelle est votre relation avec la ville de Chemnitz? 
Je suis né à Dresden, tout près de Chemnitz. Au début de ma vingtaine, je traversais la ville en train et me suis rendu compte que je n’y étais jamais allé, malgré cette proximité. Puis je suis tombé amoureux de quelqu’un qui avait grandi à Chemnitz. Du jour au lendemain j’ai passé beaucoup de temps dans une ville pour laquelle je n’avais pas le moindre intérêt jusqu’ici. C’était d’autant plus excitant comme situation, que ça m’a permis de m’immerger en profondeur dans les diverses communautés qui y habitent. Ça m’a fasciné de découvrir que cette ville qui n’a rien de remarquable à première vue est en fait très intéressante vue de l’intérieur, et bouillonne d’une inépuisable énergie.  

Qu’est-ce qui vous a amené à centrer le documentaire sur la jeunesse de Chemnitz ? Pourquoi ce choix narratif ? 
Je me suis senti tout de suite à l’aise avec tous ceux que j’ai rencontrés dans la ville. Il y avait beaucoup de chaos dans les vies émotionnelles et les rêves d’avenir des jeunes gens. Leurs  aspirations semblaient pleines d’espoir et en même temps désabusées. Ça m’a impressionné de les voir apparemment si ambitieux tout en ayant autant de choses qui risquaient de les retenir, tous ces obstacles liés à leurs familles, au passé et à l’histoire de leur ville. J’ai décidé de faire un film sur la relation de ces personnes avec leur ville, afin que cette ville devienne elle-même un personnage.  

Comment avez-vous abordé les jeunes gens qu’on voit dans le film ? Ont-ils été coopératifs ? 
Ils étaient la plupart du temps enthousiastes, beaucoup sont fiers de leur ville. Je pense aussi que Chemnitz n’est pas une ville qui croule sous les propositions artistiques et culturelles. Ce genre d’endroits a souvent du potentiel. 

Parlez-nous du tournage. S’est-il bien passé ? Quels obstacles avez vous rencontrés ? 
Le tournage a été épuisant car nous n’étions que deux sur place : Philipp Schaeffer en tant que chef-opérateur et moi en tant que réalisateur. En outre, j’ai fait l’enregistrement sonore dans sa totalité et il m’a fallu joindre un nombre exceptionnellement élevé de personnes avec qui rester en contact sans perdre le fil des situations des uns et des autres. Philipp de son côté a dû gérer tout seul un matériel de tournage plutôt conséquent et je lui suis très reconnaissant pour sa loyauté et son soutien sans faille. Il a fait un travail fantastique et c’est un bon compagnon. Somme toute cette façon de travailler a été pour moi une expérience très intéressante, dans le sens où elle m’a permis de filmer de manière très flexible et très intime. 

Parlez-nous de votre parcours en tant que cinéaste. Avez-vous envie d’explorer la fiction ? 
Je suis né à Dresden en 1995. Ma mère a été élevée en Lituanie soviétique, et mon père en Allemagne de l’Ouest. J’ai donc grandi dans un foyer plein de contrastes, à l’est de l’Allemagne qui venait d’être réunifiée. Pendant longtemps j’ai pensé être complètement indifférent à cet état de faits. Ça a changé quand j’ai commencé mes études de réalisation en Allemagne il y a trois ans. Je me suis mis à ressentir une vive envie de m’investir davantage sur les endroits où j’ai grandi et aussi sur mon pays d’origine maternel, la Lituanie. Je me suis rendu compte que cette partie de ma vie avait été plus formatrice pour moi que ce que je croyais. J’ai passé presque toute ma vie en Allemagne de l’Est, mais aussi en Lituanie et je parle les deux langues. Je ne me suis cependant jamais considéré comme un enfant de l’Est car mon père était d’Allemagne de l’Ouest. En ce moment, je trouve palpitant d’explorer ça à travers mon travail cinématographique. En fait, mon dernier projet est un court métrage de fiction intitulé In the Rough. Il est basé sur une expérience que j’ai vécue pendant mon enfance en Lituanie. In the Rough faisait partie de mon programme d’études à l’Académie du Film du Bade-Wurtemberg, en coproduction avec les diffuseurs Arte et la SWR. À cette heure, le film suit les dernières étapes de la post-production et on commence à le soumettre aux festivals. Pour le moment je reste ouvert quant à faire du documentaire ou de la fiction : je me mettrai au diapason de ce qu’a le sujet à m’offrir. 

Plus généralement, quels films ont inspiré votre cinéma ?  
Ida et Cold War de Pawel Pawlikowski m’ont fait forte impression. 

Quel est votre court métrage de référence ?  
J’y ai réfléchi longtemps, mais je n’arrive pas à me décider. Il y en a quelques-uns. 

Que représente pour vous le festival de Clermont-Ferrand ?  
C’est quelque chose dont je rêvais, y participer, et ce rêve se réalise à présent. J’étais sur un petit nuage quand j’ai reçu la nouvelle. C’est la première fois que je participe à un festival en France et ça me fait vibrer, parce que je connais l’importance des films et du cinéma dans ce pays, et la longue tradition de Clermont-Ferrand. En ce qui concerne Chemkids, jusqu’ici on n’était jamais allé aussi loin en Europe occidentale pour le diffuser, ce qui ne fait que renforcer mon enthousiasme à l’idée de le présenter et de rencontrer les autres cinéastes.   

Pour voir Chemkids, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I5 

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Café court – Johan Tappert https://clermont-filmfest.org/cafe-court-johan-tappert/ Sun, 13 Feb 2022 17:00:14 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=51498 Découvrez l’interview du cinéaste suèdois Johan Tappert à propos de son court métrage Det Sista Äktenskapet (Le dernier mariage) présenté dans la compétition internationale 2022 (programme I5).

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Café court – Esteban García Garzón https://clermont-filmfest.org/cafe-court-esteban-garcia-garzon/ Sun, 13 Feb 2022 11:00:17 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=51547 Découvrez l’interview du cinéaste colombien Esteban García Garzón à propos de son court métrage Invisibles présenté dans la compétition internationale 2022 (programme I5).

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Breakfast avec Det Sista Äktenskapet (Le Dernier Mariage) https://clermont-filmfest.org/det-sista-aktenskapet/ Wed, 02 Feb 2022 08:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=48692 Entretien avec Johan Tappert et Gustav Egerstedt, réalisateurs de Det Sista Äktenskapet (Le Dernier Mariage)

Comment est né le film ?
J’ai toujours été fasciné par le fait que les humains s’adaptent aussi rapidement aux situations extrêmes. Même une énorme catastrophe, comme une guerre, ne saurait empêcher les gens de dîner avec leurs amis au milieu des ruines, puis de se disputer à cause de l’addition une fois le repas terminé. La normalité est une force puissante.

Comment avez-vous eu l’idée de situer cette crise conjugale au beau milieu d’une invasion de zombies ?
Une apocalypse zombie est une véritable catastrophe, mais elle possède un certain ressort comique. Une horde de zombies est synonyme de grand danger, mais on peut facilement imaginer que, passé un certain temps, un zombie isolé ne représenterait plus qu’une simple nuisance. La plupart des histoires de zombies se concentrent sur la catastrophe, qui survient généralement dans une banlieue résidentielle calme où des voisins se mettent soudainement à s’entretuer. Mais que se passe-t-il après ? À quel moment avez-vous suffisamment de nourriture pour être à nouveau dérangé par les bruits de mastication des gens autour de vous ?

Avez-vous rencontré des difficultés pour trouver le bon équilibre entre le côté sanguinolent et absurde du film et l’interprétation de la crise conjugale que traversent les personnages ?
Notre intention était de traiter les zombies de manière aussi peu dramatique que possible, puisque le drame réside entre les personnages principaux, et non entre le couple et les zombies. Plus nous traitions les zombies comme quelque chose de banal, plus le film devenait drôle et absurde.

Quelles consignes avez-vous données aux deux acteurs principaux ?
Quand les acteurs sont bien préparés, c’est très facile de les diriger. Notre consigne principale était de garder un aspect de normalité et d’incarner la réalité quotidienne de manière discrète et subtile. Les zombies de l’autre côté de la clôture sont comme des mouches sur une vitre : ils n’ont rien de spécial, mais agacent.

Comment vous et votre équipe responsable du décor avez-vous créé cet environnement pour le film ? Quels autres films vous ont inspiré ?
Nous avons tourné dans une petite résidence d’été en périphérie de Stockholm, et nous n’avons pas modifié grand-chose. Nous avons simplement ajouté quelques détails, comme la clôture bien sûr, mais de manière générale, tout était déjà comme ça à l’origine. C’est pour cette raison que le lieu nous a autant plu : il ressemble à une maison de vacances suédoise typique, à laquelle on peut facilement s’identifier.

Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqués ?
The Neighbors’ Window, qui parle des incursions d’anonymes dans la vie des autres, et comment celles-ci affectent nos sentiments vis-à-vis du monde et de nous-mêmes. Le film peut être vu comme une allégorie des réseaux sociaux, et de la manière dont nous observons la vie des autres et n’en retirons qu’une vision idéalisée qui ne représente qu’une partie de la réalité.

Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Il doit vous émouvoir, d’une manière ou d’une autre, et vous devez pouvoir vous identifier aux personnages et au scénario. Aller au cinéma, c’est comme aller à l’église : quand vous en sortez, vous vous sentez un peu différent. Si vous avez vu un bon film, votre vie s’est enrichie, vous voyez plus grand et vous avez peut-être même obtenu des réponses à vos problèmes du quotidien. Vous êtes alors peut-être en mesure de prendre des décisions qui changeront le cours de votre vie, ou vous vous sentez simplement le cœur plus léger.

Pour voir Det Sista Äktenskapet (Le Dernier Mariage), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I5.

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Dîner avec Khadiga https://clermont-filmfest.org/khadiga/ Wed, 19 Jan 2022 20:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=45745

Entretien avec Morad Mostafa, réalisateur de Khadiga

Le personnage de Khadiga s’inspire-t-il d’une de vos connaissances ? Qu’est-ce qui vous a poussé à raconter son histoire ?
Nous connaissons tous le personnage de Khadiga : elle existe dans toutes les sociétés, même si c’est sous un visage différent. J’ai décidé de raconter son histoire parce qu’elle me touche énormément. J’y pense depuis des années, mais j’ai dû attendre d’être suffisamment courageux pour la porter à l’écran, car c’est un sujet très sensible, encore tabou. Cette histoire s’inscrit aussi dans la continuité du travail accompli dans mes trois films. Chacun d’eux possède un élément choquant, et ce choc n’est que plus grand de film en film, même si le plus troublant d’entre eux reste Khadiga. Tout vient de l’idée du film en elle-même et de l’événement fugace qui explose au milieu du court métrage. Khadiga raconte le parcours d’une jeune fille, pendant une journée tout à fait ordinaire, du moins en apparence, car sous la surface se cache un véritable volcan. Avec son bébé dans les bras, Khadiga rend visite à plusieurs personnes, se déplace d’un lieu à un autre, au milieu de la foule et du vacarme des rues du Caire et ressent une certaine pression sociale. Un événement survient et défie toutes les interprétations logiques possibles : c’est un acte qui stimule davantage les sensations que l’esprit. Réaliser un film aussi cruel et choquant, mais aussi sensible et empli d’humanité a représenté un grand défi. J’avais l’habitude de voir des personnes comme Khadiga à la télévision ou dans les journaux subir un acte qui, comme je l’ai dit plus haut, dépasse l’entendement. Leur réaction maternelle à cet événement était toujours à retardement, comme si elles appartenaient à d’autres réalités temporelle et spatiale et qu’elles se réveillaient après coup. Le volcan peut rester endormi pendant des années, puis finir par entrer en éruption à cause de la pression.

Comment avez-vous trouvé l’actrice qui l’interprète ?  
J’ai toujours préféré travailler avec des non-acteurs, car ils sont authentiques, ils ne sont pas formés à certaines méthodes de jeu : leurs sentiments sont plus vrais et plus proches de la réalité. Ils parlent comme s’ils étaient eux-mêmes, de manière spontanée, et se concentrent sur les émotions qu’ils partagent avec le personnage qu’ils incarnent. Comme je travaille sans scénario, je préfère leur raconter le film, pour qu’ils le comprennent plutôt qu’ils ne le mémorisent. Malak, qui joue le rôle de Khadiga, n’est pas actrice et il s’agit de sa première expérience devant la caméra. Je l’ai trouvée magnétique lors de notre première rencontre au casting : ses yeux laissaient voir de nombreux sentiments troublés. Elle ressemble beaucoup à son personnage et vit dans le quartier où se déroule l’action. Au début des répétitions, qui ont duré près de deux mois, je lui ai raconté le film et il l’a profondément touchée. Devant la caméra, elle a fait preuve de spontanéité et de calme, et m’a beaucoup surpris.

Comment s’est passé le tournage dans les rues du Caire ?
C’est toujours compliqué et épuisant de tourner dans les rues du Caire, mais je trouve cela très intéressant car cela vous transporte au moment et sur le lieu de l’action et donne un sentiment de crédibilité à la narration des événements et à la restitution du lieu. Khadiga appartient au genre des « road movies » ou des « films urbains ». L’agitation et l’effervescence de la ville aident à renforcer les facteurs de pression sur le personnage. Le tournage dans les rues s’est passé de manière naturelle et nous n’avons pas rencontré de problèmes car j’ai utilisé une petite caméra pour filmer une jeune fille isolée qui ne faisait que porter son bébé. Cela n’a pas attiré l’attention des passants car ils préfèrent les scènes avec une véritable star. J’aimerais cependant remercier les habitants de la région d’Embabeh où nous avons tourné la totalité du film.

Votre dernier film se concentrait aussi sur des personnages féminins et sur leurs expériences. Pouvez-vous nous en dire plus ? Quels sujets aimez-vous aborder en tant que réalisateur ? 
J’ai toujours trouvé les personnages féminins inspirants. Je suis fils unique et je vivais avec ma mère jusque très récemment. Elle m’a toujours raconté des histoires sur les femmes et j’ai toujours vu le monde à travers leurs yeux. Cela a eu un impact important sur moi. Même mon premier film, Hennet Ward s’intéressait à une expérience personnelle vécue aux côtés de ma mère lors d’une cérémonie du henné. Je me suis toujours intéressé aux sujets liés à la société égyptienne moderne, aux préoccupations des personnes défavorisées, à la pression sociale qu’elles subissent, aux relations que nouent les individus entre eux et avec le reste de la société. Après la révolution, la société égyptienne a connu des changements sociaux et culturels qui sont bien visibles : elle était caractérisée par une certaine authenticité et stabilité et était moins violente qu’aujourd’hui, moins oppressive et moins rancunière. C’est ce que je cherche à raconter dans mes histoires, et petit à petit cela se fond dans les préoccupations et les rêves des personnages et touche les spectateurs, quels que soient leurs genre et nationalité. Je suis certain que cela se ressent quand on regarde mes trois films à la suite. Il est possible que les films reflètent ma personnalité ainsi que mes opinions et préoccupations en tant qu’homme, même si c’est au travers de l’histoire d’une femme. Dans mes films précédents et à venir, les lieux, les autres personnages et les circonstances entourant les événements sont des héros à part entière. À l’origine, j’avais écrit trois histoires difficiles dans lesquelles je tentais d’interroger les changements sociaux survenus dans nos idéologies et notre société et qui ont affecté les enfants et les hommes, et pas seulement les femmes. J’ai réalisé ces trois courts métrages dont je suis très fier et ils ont tous été sélectionnés pour le fantastique festival de Clermont-Ferrand.

Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ? 
De nombreux films et courts métrages m’ont plu et marqué ces dernières années, comme Skin de Guy Nattiv, Da Yie d’Anthony Nti ou encore Cadeau de Noël de Bogdan Mureșanu. Leurs points communs : ils suscitent de fortes émotions et possèdent une forme de narration intéressante qui me parle beaucoup. En ce qui concerne la production égyptienne, j’aime beaucoup les films réalisés par mon ami Sameh Alaa parce qu’ils possèdent les caractéristiques citées plus haut. Ils comptent parmi mes films préférés et je suis ravi que nous appartenions à la même génération.

Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon film ?
Le fait qu’un film persiste dans la mémoire du public pendant longtemps, et qu’il vous interpelle et fasse réfléchir.

Pour voir Khadiga, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I5.

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Goûter avec Flounder (Court-bouillon) https://clermont-filmfest.org/flounder/ Tue, 18 Jan 2022 15:00:00 +0000 https://clermont-filmfest.org/?p=45274

Entretien avec Sam Cutler-Kreutz et David Cutler-Kreutz, coréalisateurs de Flounder (Court-bouillon)

Le film aborde les thèmes de la masculinité, des rituels, de la loyauté… Pouvez-vous nous dire ce qui vous a inspiré ? Des expériences vécues ?
Une fois majeurs, les jeunes hommes sont baignés dans une virilité toxique qui envahit plein de facettes de leurs vies, des activités associatives comme le sport, à l’intimité des salles de classe et des cercles d’amis. Dans les bizutages, il y a tellement de postures masculines auxquelles nous sommes étrangers que nous avons ressenti le besoin de traiter ce sujet de front dans notre pratique cinématographique.

Que pensez-vous que puisse apporter à la société d’aujourd’hui un autre point de vue masculin sur ce sujet ?
Certaines valeurs viriles représentent un danger profond, et si nous, en tant qu’hommes, nous commençons à le reconnaître et tendons le miroir aux autres hommes, je crois qu’on peut vraiment changer les choses. On vit dans un monde où la moitié des États-Unis s’est en gros contenté de hausser les épaules en apprenant que l’un des candidats au plus haut siège s’empêtrait dans des attitudes machos révoltantes. Nous restons insensibles face à des comportements mâles infiniment dérangeants, et c’est inacceptable. Notre métier, à nous autres cinéastes, c’est de confronter le public aux problèmes importants de notre civilisation.

En écrivant le scénario, est-ce que vous aviez en tête un public spécifique ? 
Je crois que le film peut toucher une grande variété de personnes, mais j’espère qu’il aura un effet bénéfique sur les garçons qui, tout juste majeurs, vont se retrouver dans des situations éprouvantes.

Y a-t-il un court métrage qui vous a particulièrement marqué ?
On est fans du court de nos deux amis, Celine (Held) et Logan (George) : ça s’appelle Caroline. On a été impressionnés par le côté très intense, très naturel du film, et aussi par le jeu des acteurs et le montage. On l’a regardé plein de fois et ça reste magique à chaque visionnage.

Selon vous, qu’est ce qui fait un bon film ?  
Pour celui-ci, on a travaillé dur à faire quelque chose dont on ne puisse pas détourner le regard : je crois que nous avons réussi ce défi. Chaque film a besoin d’une chose différente.

Pour voir Flounder (Court-bouillon), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I5.

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Café court – Zach Woods https://clermont-filmfest.org/cafe-court-zach-woods/ Fri, 26 Feb 2021 14:27:33 +0000 https://www.clermont-filmfest.org/?p=39405 Découvrez l’interview du cinéaste américain Zach Woods à propos de son court métrage David présenté dans la compétition internationale 2021 (programme I5).

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