Goûter avec The Unnatural (Contre nature)
Entretien avec Marcos Sanchez, réalisateur de The Unnatural (Contre nature)
Qu’est-ce qui est venu en premier : les dessins ou la musique ?
Le film contient des séquences que j’ai animées il y a un moment pour une performance vidéo. Ces scènes contenaient déjà certains personnages du film et le décor noir qu’ils habitent. La musique est venue après, quand les musiciens m’ont proposé d’animer un film pour leur morceau. Ça m’a vraiment aimé à développer l’histoire plus loin, alors je dirais que c’est un mix entre les deux options.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la chanson ? Faites-vous partie du groupe de musiciens ?
J’aimerais beaucoup faire partie du groupe mais, malheureusement, je ne joue d’aucun instrument. La chanson a été écrite par Claire Cronin et John Dieterich. Claire change et écrit les paroles, tandis que John fait les arrangements et la composition. Ce sont tous deux des musiciens incroyables. Claire écrit de la poésie autant que de la musique, c’est pourquoi ses paroles sont si belles. Nous avions travaillé auparavant sur une autre vidéo et des projets de scénariOS.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans l’environnement de la forêt et dans l’idée du cycle ?
J’ai probablement été intéressé par la forêt depuis que j’ai lu beauoup de choses sur les contes de fées et de leurs symboles. J’aime le fait que la forêt puisse être un endroit de changement ou de transition, un rite de passage. Elle représente le voyage vers l’inconnu et l’endroit où tout peut se transformer. Pour The Unnatural cependant, c’est venu comme un choix moins conscient. J’aimais comment elle me permettait de définir un espace en utilisant seulement des ombres, sans avoir à le délimiter clairement. Aussi, comme un endroit où tout peut arriver, cela me laissait la liberté de jouer avec les choix étranges des personnages et des créatures sans avoir à m’inquiéter du contexte.
Les personnages sont-ils plutôt des vagabonds ou des immigrants ?
Je vois la fille comme un immigrant. C’est une ermite, c’est pourquoi elle porte d’étranges vêtements. Ses vêtements sont ainsi, pour faire comme si elle pouvait avoir volé un tas de vêtements et s’être composé une robe avec. Le monstre pourrait plutôt être un vagabond, son allure se transforme tout le temps naturellement, alors je dirais qu’il ne reste pas longtemps au même endroit. Quant à l’homme, il n’est pas de la forêt, il vit en dehors, dans une petite ville à proximité, mais il semble avoir beaucoup de pouvoir… Peut-être que c’est la condition que gagne ceux qui “s’installent” et vivent dans les lignes de la société.
Aimez-vous camper ?
Je ne déteste pas cela, mais je ne le pratique pas vraiment. Je ne suis pas un passionné de la vie en plein air. La dernière fois que j’ai été camper, c’était au moins il y a dix ans.
Comment avez-vous travaillé le style ténébreux ?
Les ténèbres ont été le point de départ de tout le film. Cela a commencé avec un simple exercice dans lequel j’ai projeté des parties de la vidéo comme une installation. Quand elle est projetée, la forêt noire devient absence de lumière, entre les ombres vous voyez apparaître le mur du local. On dirait que les personnages vivent à l’intérieur du mur.
Je voulais que les ombres donnent l’illusion de profondeur et aussi, qu’elles suggèrent la présence d’autres personnages, je les ai donc incorporés avec cette idée en tête.
Comment vous est venue l’idée du personnage qui change de forme ?
Les images à motifs changeants, le morphing, sont une tentation constante quand vous animez, probablement parce qu’on est en mesure de les créer si naturellement. Avant qu’il n’y ait une histoire au film (elle a été écrite pendant que j’animais), j’avais fait des séquences avec le monstre-tache et d’autres avec l’enfant. Tous deux servaient d’antagonistes à la fille. Ensuite, quand une histoire a commencé à se dessiner, j’ai eu le sentiment que la poursuite devait se faire entre deux personnages seulement, alors j’ai pensé que ce serait bien que ces personnages graves se fondent en un seul. J’aime l’idée d’un personnage imprévisible, ou avec deux personnalités.
Est-ce que les chats noirs portent malheur ?
Haha. Je suppose que ça dépend du chat, si c’est un chat méchant, c’est sûr qu’il peut vous ruiner l’existence. Mais en général, non, j’aime les chats noirs, ils sont beaux. Les chiens noirs sont cool aussi.
Quels ont été vos coups de cœur au cinéma cette année ?
Parmi les films récents que j’ai vus cette année : The Witch, L’enfance d’un chef. Pour les vieux films : Come and See, un film russe de 1985. J’ai été très impressionné par son atmosphère.
Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
C’est la première fois que je participe au festival.
D’autres projections du film sont-elles prévues ?
Oui, il y a une projection prévue au Festival du film Flatpack au Royaume-Uni, en avril. Il n’y a pas d’autre projection prévue pour le moment.
Pour voir The Unnatural, rendez-vous aux séances de la compétition labo L5.