Dernier verre avec Three Stories Inside a Rental Van (Une camionnette, trois histoires)
Entretien avec Lewis Attey, réalisateur de Three Stories Inside a Rental Van (Une camionnette, trois histoires)
D’où vous est venue l’envie de raconter les histoires de ces personnages ?
Au départ, en regardant des images de caméra embarquée sur YouTube. Il est intéressant de voir que la caméra continue à filmer après un accident, ou après que le conducteur a quitté son véhicule. On a le sentiment que le véhicule prend vie et qu’il devient le spectateur silencieux de l’événement et des gens qui gravitent autour. Cela permet de prendre du recul, ce qui souligne l’absurdité et l’insignifiance de la scène. Dans Three Stories Inside a Rental Van, il ne s’agit pas d’une caméra embarquée, mais c’est ce sentiment que j’ai voulu reproduire. C’est avec cette idée en tête que les personnages ont vu le jour, autour de trois situations simples – chacune mettant en scène un dilemme moral que les protagonistes doivent résoudre.
Où le film a-t-il été tourné ?
Il a été tourné près de chez moi, dans l’état de Victoria, en Australie. Les deux premières saynètes se passent dans un quartier proche de Melbourne, et la dernière à la campagne.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la façon dont vous avez filmé dans la camionnette ?
Vu que je prenais comme référence des images de caméra embarquée, il n’aurait pas été judicieux de faire des coupures à l’intérieur de chaque anecdote. Un plan-séquence permet toujours de faire monter la tension de la situation. Pour cela, il nous fallait un support de caméra qui nous permette de filmer à 360 degrés, qui couvre la longueur du camion, qui soit montée sur le plafond et motorisée pour être pilotée pendant que le camion roulait. J’ai d’abord regardé ce qui existait en rails et chariots pour le cinéma, avec une longueur minimum de trois mètres, mais après quelques recherches, j’ai compris que ce que je cherchais n’existait pas en Australie. J’ai finalement trouvé une boîte basée en Chine qui fabrique des barres glissantes, principalement à l’usage des imprimantes 3D de grande taille. C’était un pari un peu risqué, mais heureusement, cela fonctionnait à merveille. Sous le rail, nous avons fixé un stabilisateur électronique 3 axes pour y accrocher une caméra Alexa Mini et un objectif Zeiss « Master Prime » 21 mm. L’ensemble était piloté à distance, ce qui a permis au chef opérateur, Ryan Alexander Lloyd, et à son équipe de rester hors champ en contrôlant parfaitement les travelings, les panoramiques, les plans inclinés et la mise au point. La liberté avec laquelle la caméra pouvait bouger et suivre l’action en train de se dérouler permettait aux acteurs de ne pas trop se soucier de leurs repères spatiaux ; et cela nous a permis plus d’expérimentation sur le tournage.
Quel est votre parcours de réalisateur ?
J’ai fait un diplôme de cinéma et de télévision à l’université Swinburne de Melbourne. Je m’intéresse principalement à l’écriture et à la réalisation, et ceci est mon troisième court métrage.
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Je crois dur comme fer que le court métrage est un genre à part entière. Pour Three Stories Inside a Rental Van, ce format m’a permis de réfléchir à l’historique d’un fourgon de location en me concentrant sur les points communs qui liaient les anecdotes entre elles. Mais cette idée n’aurait jamais marché sur une durée plus longue. Le public se serait lassé d’être dans ce maudit fourgon et aurait eu envie de voir du paysage !
Three Stories Inside a Rental Van a été sélectionnée en compétition internationale (I10).