Goûter avec Un ciel bleu presque parfait
Interview de Quarxx, réalisateur de Un ciel bleu presque parfait
Comment vous est venue l’inspiration pour Un ciel bleu presque parfait ?
J’avais envie depuis quelque temps de traiter d’une histoire de fratrie dysfonctionnelle. Une histoire sombre et désespérée qui emmènerait ses protagonistes aux confins de la folie dans un combat silencieux jamais manichéen. Après avoir acquis une trame de base, j’utilise beaucoup l’écriture automatique, j’aime que l’histoire prenne le contrôle d’elle-même et me guide dans des recoins auxquels je n’aurais pas forcément pensé au départ. Pour moi, une histoire doit être le récit d’un inconscient et non un produit formaté écrit selon des règles narratives prédéterminées.
Avez-vous entrepris des recherches sur la question des « aidants » aux personnes en situation de handicap ?
Absolument pas. Je n’ai que faire d’une réalité factuelle, bien que je voulais que mes personnages évoluent dans un univers réaliste et crédible. Je voulais avant tout mélanger le surréalisme au réalisme. Mon intérêt réside dans ce que je me représente de la réalité et non de ce qu’elle est vraiment.
Pourquoi vouliez-vous que le personnage d’Un ciel bleu presque parfait soit ouvrier et vive dans une maison de campagne ? Avez-vous envisagé de le transposer dans d’autres cadres durant les étapes précédant le tournage, par exemple un bureau / un village ?
Je voulais que le personnage évolue dans un univers triste et sombre et reflète son quotidien solitaire et pénible. Je voulais faire une sorte de drame rural et ouvrier. Ce choix s’est imposé à moi dès le départ, comme une évidence.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans les présences « invisibles » et le paranormal ?
Mon film ne traite à aucun moment de présence invisible ni de paranormal. Je n’avais que peu d’intérêt pour ce sujet. Les êtres avec lesquels Simon est confronté ne sont que le reflet de sa névrose et de son remord envers les actions commises sur sa sœur. Ils sont une échappatoire à l’horreur de sa réalité mais ne sont réels que dans son propre subconscient. Rien de paranormal pour moi dans tout cela.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans le fait de montrer les scènes de violence et de donner à voir à l’image le sang et les déchirures ?
J’aime la marge, j’aime le côté sombre et obscur des choses qui, pour moi, sont bien plus intéressants et cinématographiques. Le cinéma doit procurer de l’émotion. Je n’ai jamais voulu être voyeuriste ni choquer pour le simple plaisir de choquer mais je voulais traiter de l’enfermement à la fois physique et psychologique, du désarroi, du remord et de la détresse. La violence dans laquelle les deux personnages évoluent est latente, silencieuse et diffuse pour parfois exploser le chaos désordonné qui est à la fois le reflet psychologique de Simon, le personnage principal, et à la fois celui de la désolation de la vie de sa sœur Estelle. Je voulais donner à l’image une histoire de chair et de sang, tel le miroir des remords de Simon.
Quels ont été vos coups de cœur au cinéma cette année ?
Un film d’animation espagnol dont je ne suis pas sûr qu’il soit sorti en France, Psychonauts d’Alberto Vázquez et Pedro Rivero (à noter que le film sera diffusé au cinéma Le Rio jeudi 9 février à 20h en présence du réalisateur Alberto Vázquez !), Love de Gaspar Noé, The Neon Demon de Nicolas Winding Refn, The Revenant d’Alejandro Gonzalez Iñárritu et un film qui ne date pas de cette année mais que j’ai vu récemment et que j’ai adoré, The Captive d’Atom Egoyan.
Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
Je ne suis jamais venu à Clermont et j’attends bien sûr de voir des films qui me surprennent, me questionnent, me divertissent et m’enrichissent d’univers étrangers au mien, et bien sûr que d’y faire des rencontres intéressantes.
Pour voir Un ciel bleu presque parfait, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F3.