Dernier verre avec Une chance unique
Interview de Joël Curtz, réalisateur de Une chance unique
Quelle a été votre inspiration pour Une chance unique ?
Le film est une adaptation de la nouvelle Une chance unique d’Erwan Desplanques. J’apprécie son écriture, très fine, notamment dans le rapport entre les personnages. Je me suis aussi inspiré des rencontres que j’ai pu faire en auto-stop, moyen de transport avec lequel j’ai souvent voyagé. À 17 ans, j’ai rencontré un vendeur de barrières. C’était la première fois qu’il prenait des gens en stop. Je le sentais admiratif de cet esprit d’aventure. Notre présence le renvoyait à un endroit sensible chez lui, celui de ses désirs enfouis. Certains dialogues du film sont inspirés de cette rencontre.
Pourquoi vouliez-vous nous dire si peu de choses des personnages, en particulier le personnage masculin ?
Je n’aime pas les films qui cherchent trop à expliquer. La compréhension peut passer par le ressenti, les regards, les silences. Je pense qu’on comprend beaucoup de choses sur Lazare sans avoir besoin de trop en dire.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans la différence d’âge entre les personnages ?
À 20 ans, tout semble possible. Avec l’âge, on s’engouffre dans un quotidien et on délaisse souvent ses rêves à petit feu. Si on n’a pas essayé de les réaliser, comme Lazare, probablement, avec le temps, on éprouve des regrets. Ce que font Rosie et Charlotte en faisant de l’autostop, en prenant la route des festivals, Lazare n’a jamais osé le faire. Leur présence le renvoie à sa jeunesse, aux choix qu’il a faits, à ceux qu’il aurait aimé faire. Alors il profite de ce moment, de cette chance unique.
Aimez-vous l’ambiance des festivals ? Quels sont vos préférés ?
Je connais surtout les festivals de documentaires, comme l’IDFA à Amsterdam où je vais presque tous les ans. Pour le court métrage, Clermont est évidemment l’un des plus intéressant et des plus chaleureux.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
De toute évidence il y a moins de pression sur le court-métrage. Cela dit, je remarque que le parcours auprès des commissions est de plus en plus long et exigeant, et ce même pour du court-métrage. La chose positive, c’est que cela pousse à davantage travailler les scénarios, mais la chose négative, c’est que cela peut amener à un certain formatage des projets car les commissions peuvent avoir tendance à privilégier les scénarios consensuels. Et puis attendre deux ou trois ans pour tourner un court-métrage, ça peut tuer le désir ! La liberté (re)vient une fois qu’on est sur le plateau, puis en montage.
Quelles sont vos œuvres de référence ? Cinématographiquement et musicalement ?
Il y en a beaucoup !
Pour voir Une chance unique, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F7.