Dîner avec Wave
Entretien avec Benjamin Cleary, co-réalisateur de Wave
Pouvez-vous nous en dire plus sur le contexte dans lequel vous avez créé Wave ? Vous le présentez comme un projet annexe…
Mon premier film Stutterer commençait juste sa tournée de festivals alors je mourais d’envie de faire autre chose. TJ voulait essayer de se tester au rôle d’acteur. Alors on a décidé de faire quelque chose pendant un week-end avec zéro budget. J’écrirais, il jouerait, on co-réaliserait. Alors je me suis isolé et j’ai écrit un scenario pour TJ. Nous étions assez satisfaits mais tandis que nous explorions d’avantage l’idée, il nous est apparu que cela méritait plus d’être plus approfondi. A ce moment-là on a réussi à convaincre notre extraordinaire productrice, Rebecca Bourke, de le produire. Une fois lancés, c’est Rebecca seule qui l’a transformé en une production totalement fonctionnelle et on s’est soudainement retrouvés en train de faire un film qui était bien plus ambitieux que nous ne l’avions imaginé. C’était un projet parallèle dans le sens où nous n’étions pas à même de le tourner en entier d’une traite. Au lieu de cela, durant deux années, nous avons tourné sur plusieurs petites périodes pendant lesquelles moi, TJ, Rebecca et notre fantastique directeur de la photographie Burschi Wojnar étions disponibles. Et nous voici, deux ans et demie plus tard !
Quelle a été l’inspiration pour le personnage de TJ ?
Je suis fasciné par le thème de la communication. J’ai lu un article de la BBC il y a quelques années au sujet d’un vieil homme Anglais qui avait eu un AVC et s’était réveillé en parlant le Gallois couramment alors qu’il n’avait pas été au Pays de Galles depuis sa petite enfance. J’ai été fasciné qu’une telle chose puisse se produire. L’idée est restée dans ma tête et est ressortie quand je me suis mis à chercher à écrire un rôle pour TJ. Les bonnes idées ont tendance à rester enterrées dans le subconscient jusqu’au jour où elles sont nécessaires.
Il y a un personnage surréaliste et stylisé dans le film. Pouvez-vous nous en dire plus de vos choix artistiques ?
Cela a surtout été une tentative de donner une forme visuelle des réalités intérieures de Gaspar. L’apparence générale qui en résultait pour donner à voir ses perceptions garantissait un léger hyper-réalisme ou un renforcement par la stylisation. Le monde de Gaspar est mis sens dessus dessous quand il a cet accident qui lui cause un trauma sévère et un coma de longue durée. Quand il se réveille, il parle une langue correctement formée mais absolument méconnaissable par les experts linguistiques. Alors quand il est enfin libéré de l’hôpital, il se retrouve à naviguer à travers un monde totalement étrange et inconnu. Je voulais essayer de dépeindre ce sentiment et c’est ainsi qu’il m’a semblé qu’un degré de surréalisme convenait comme tonalité.
Comment s’est déroulée la collaboration avec TJ, qui est à la fois acteur et co-réalisateur ?
Ça s’est bien passé. TJ jouait dans presque toutes les scènes et nous avons assez facilement déterminé comment faire pour que ça fonctionne. Travailler avec TJ a été très facile.
Votre film Stutterer a reçu un Oscar. Quelles portes cela a-t-il ouvert pour vos prochains courts métrages ? Travaillez-vous aussi sur un long ?
Cela a été formidable principalement parce que cela m’a permis de trouver un excellent encadrement et un superbe agent. Je me sens très chanceux qu’on m’ait donné de telles opportunités. J’ai écrit mon premier long métrage en 2017. Il est produit par Anonymous Content aux Etats-Unis. Nous venons de proposer le script à notre premier rôle. Croisons les doigts !
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
C’est formidable d’avoir le contrôle total. Quand c’est quelqu’un d’autre qui apporte les fonds pour un long métrage, on entend parler d’une réduction du contrôle du réalisateur et le conflit pour arriver à faire ce que tu voulais faire exactement peut s’intensifier.
Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ?
Sinon, qu’en attendez-vous ?
Ce sera ma première fois cette année, on m’a dit de belles choses. J’espère voir un tas de grands courts métrages et rencontrer un tas de grands réalisateurs !
Pour voir Wave, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I11.