Dernier verre avec 489 années
Entretien avec Hayoun Kwon, réalisatrice de 489 années
Pourquoi étiez-vous intéressé par le fait de créer la zone DMZ en animation au lieu d’aller filmer sur place ?
L’autorisation de tournage est très difficile à obtenir quand on est une artiste indépendante. Mais surtout, cela ne m’intéresse pas, de montrer un échantillon de la DMZ. On entend souvent les politiciens en parler mais je crois qu’au fond, ils n’en savent pas grand-chose. Ce qui était important pour moi, c’était la vision subjective de quelqu’un qui connaisse bien la DMZ. En l’occurrence, ce sont des soldats qui ont vécu longtemps dedans. L’histoire de ce soldat me permet d’accéder à ce lieu indirectement et de le visiter à travers ses yeux. Un épisode vécu peut être réinventé, particulièrement lorsqu’on aborde une zone interdite où la nature et la danger de mort cohabitent. Pour exploiter le caractère fantasmatique de ce lieu, j’ai utilisé l’animation.
Travaillez-vous régulièrement dans le style documentaire animé ?
Oui, je trouve c’est un genre très inventif.
S’agit-il d’un témoignage réel et est-ce la voix de son auteur ou est-ce un texte lu par un acteur ?
C’est un enregistrement réel découpé et remonté.
Avez-vous envisagé d’autres films à partir de séquences différentes de ce témoignage ?
Non.
489 années aborde la question de l’angoisse en situation de danger mortel, qu’est-ce qui vous intéressait dans cette situation : la présence de la mort ou le rapport à l’angoisse elle-même ?
Ce qui m’intéresse, c’est la dimension paradoxale de ce lieu dangereux mais aussi une percée de la nature, de sa beauté. La mine et la fleur symbolisent cette dimension.
489 années pose aussi la question de l’impact du risque de guerre et/ou d’affrontement armé, dans des relations politiques défavorables, sur les soldats chargés de la protection du territoire. Avez-vous envisagé de prolonger le questionnement en interrogeant de simples habitants ou au contraire des politiciens « détenteurs » du risque ?
Non, pas encore. Mais peut-être que ça viendra plus tard.
Quels ont été vos coups de cœur au cinéma cette année ?
Pas cette année mais l’année dernière, j’ai adoré Dead Slow Ahead, réalisé par Mauro Herce.
Si vous êtes déjà venue, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
Clermont-Ferrand est la première ville française que j’aie visitée et c’est ici que j’ai appris le français. il y a 15 ans, quand j’étais encore étudiante, il y avait des films coréens qui étaient présentés. À ce moment-là, je les ai regardés avec une grande admiration et plus tard, je suis revenue pour présenter mes films. Quand je viens à Clermont-Ferrand, j’ai l’impression de revivre un peu le passé affectif.
Pour voir 489 années, rendez-vous aux séances de la compétition Labo L5.