Discours d’ouverture du 41 festival du court métrage de Clermont-Ferrand
Au début de notre aventure en 1979, faire le choix de défendre le court métrage, qui avait pratiquement disparu des écrans, était un acte militant fort.
Au fur et à mesure de notre développement d’autres valeurs se sont superposées au militantisme initial.
Par exemple, nous avons décidé de mettre le public au centre de notre manifestation, en donnant, grâce à notre politique tarifaire l’accès au festival à toutes les classes sociales, en offrant des places gratuites aux publics les plus défavorisés et surtout en ne créant pas de barrières entre le public et les professionnels.
Ces principes, appliqués depuis le début contribuent à faire de notre manifestation un grand moment de partage autour d’une programmation exigeante et plurielle, sous le sceau de la simplicité et de la convivialité.
Notre politique de sensibilisation et d’éducation à l’image, en direction de toutes les catégories de la jeunesse a pour but, entre autre d’en faire plus tard des citoyens avertis et vigilants, dans ce monde de plus en plus envahi par l’image en mouvement.
Dans nos relations avec le monde extérieur, par exemple avec d’autres festivals ou d’autres structures culturelles nous privilégions l’esprit de coopération et dans certaines circonstances la pratique d’une saine émulation plutôt que celle d’une concurrence effrénée.
Dans la sphère culturelle, qui dérive de plus en plus vers le court-terme, le consumérisme et la marchandisation notre organisation reste fidèle à une action culturelle authentique et non superficielle, dont l’objectif principal est la défense et la promotion du court métrage, sous toutes ses formes, depuis sa création jusqu’à sa diffusion.
Nous contribuons ainsi à l’enrichissement intellectuel de nos publics qui sont confrontés pendant 9 jours au pluralisme et à la richesse de ce genre cinématographique en perpétuelle évolution et qui demeure une part essentielle du renouvellement de l’écriture cinématographique.
Par tradition mais aussi par respect pour notre public, où toutes les générations et toutes les classes sociales se retrouvent ensemble pendant le festival nous ne restons pas indifférents aux convulsions de la société.
De plus en plus de spécialistes, dans divers domaines, et de citoyens commencent à rechercher et à identifier les causes profondes de la crise actuelle, à analyser l’ultra libéralisme avec ses forteresses financières dont les ponts-levis ne s’abaissent jamais, et au dessus de nos têtes, à l’échelle planétaire un ciel obscurci par une énorme bulle spéculative qui étouffe l’économie réelle.
Dans notre domaine, à notre modeste niveau nous considérons notre festival et ses prolongements comme un Bien Commun. L’extension de cette notion de Bien Commun à d’autres secteurs de l’économie et de la société serait-elle une solution pour envisager un avenir meilleur ? Vaste débat.
Dans notre pays, très récemment on nous a fait miroiter la perspective d’un nouveau monde, qui vient de prendre subitement un sérieux coup de vieux, sous la pression du mouvement revendicatif actuel. En guise de conclusion, une citation d’une grande figure des arts plastiques du siècle dernier, Pablo Picasso : « il faut beaucoup de temps pour devenir jeune ».
Jean-Claude Saurel, président, et Sauve qui peut le court métrage