Breakfast avec A priori sauvage
Interview de Romain André, réalisateur de A priori sauvage
Comment est née l’idée de réaliser un film prenant pour sujet la solitude dans les grandes villes ?
Je n’ai pas décidé d’emblée de faire un film sur la solitude. Ce qui me travaillait initialement, c’était la question de l’insomnie : la manière dont le travail vient contaminer le sommeil et le sommeil, le travail. La solitude est venue plus tard et s’est avérée un incroyable moteur fictionnel : c’est fou ce qu’on peut faire pour se sentir moins seul !
A priori sauvage donne à voir une nouvelle image de la ville, une ville désertée, nocturne, rendue aux animaux sauvages. Pouvez-vous nous parler de cet aspect de votre film ?
Le pari esthétique du film, c’est que la présence d’un animal sauvage en ville vient rebattre les cartes de la perception qu’on a de celle-ci. La fouine traverse une avenue et tout à coup, c’est toute la puissance de contrôle de l’humain sur l’espace qui est relativisée. La ville devient un peu plus que le lieu de l’organisation des activités humaines : c’est aussi un entrelacs de cachettes pour des bêtes qui vraisemblablement nous survivront.
Se focaliser sur l’absurdité de la communication institutionnelle, est-ce un moyen d’évoquer le quotidien vide et absurde des deux personnages ?
C’est surtout un moyen d’évoquer le travail : c’est ce temps-là qui est absurde et vide, et qui déborde. Mes personnages ne sont pas en pleine forme, c’est sûr, mais je n’irai pas jusqu’à affirmer que leur quotidien est vide. Ils tiennent encore à des choses : lui à ses promenades nocturnes, elle, à la possibilité de créer des liens un peu sincères malgré un environnement hostile.
Quel a été l’accueil du public jusqu’ici, lors des premières projections de A priori sauvage ?
Sentir les spectateurs vibrer – comme j’ai vibré moi-même – aux premières apparitions de l’animal m’a rempli de joie. J’ai été aussi agréablement surpris d’entendre la salle rire parfois, alors que je croyais que l’humour auquel Emmanuelle Jacob (ma coscénariste) et moi avions travaillé était ténu.
Certains réalisateurs vous intéressent-ils particulièrement dans la compétition nationale et internationale ?
J’avoue ne pas avoir pris le temps encore de me plonger dans la sélection.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apporté en particulier ?
Les conditions de production de ce film ont été très confortables : j’ai travaillé avec des complices de longue date, tout le monde était payé et nous avions du temps, au tournage et au montage. C’est-à-dire que l’on a bénéficié en partie des moyens de l’industrie sans trop en subir les contraintes. C’est une chance.
A priori sauvage a été sélectionné en compétition nationale (F9).