Dîner avec Në Mes (Entre les deux)
Entretien avec Samir Karahoda, réalisateur de Në Mes (Entre les deux)
Où se passe le film et pourquoi tant de gens sont-ils partis ?
Le film se passe principalement dans des régions rurales du Kosovo. Mais en fait, il est représentatif de l’image des Balkans aujourd’hui, où les villages deviennent des villages fantômes. Et ce ne sont pas seulement dans notre pays que les habitants s’en vont, la majeure partie de la population rurale des Balkans est à la recherche d’un avenir plus reluisant, ce qui fait que des millions de personnes ont migré vers l’Europe ces dix dernières années, juste pour avoir une vie meilleure !
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à ces familles ? Les avez-vous rencontrées pour le projet ou les connaissiez-vous déjà avant de décider de faire le film ?
À l’origine, mon projet portait uniquement sur cette tradition insolite de faire construire des maisons identiques pour les garçons de la famille. En faisant mes recherches et après avoir parlé à des familles, j’ai pris conscience de l’important d’une autre thématique, celle de la « migration ». Je ne connaissais pas ces familles, et je suis passé les voir une par une pour discuter, demander l’autorisation de filmer et de les interviewer. Cela a été l’occasion de retrouver une belle tradition chez mon peuple, le vrai sens de l’hospitalité, où l’on vous réserve l’accueil le plus chaleureux possible. En cela, je leur suis très reconnaissant, et je tiens à les remercier encore une fois de m’avoir raconté leur histoire et de nous avoir soutenus plus que nous l’imaginions, juste pour que notre travail soit le meilleur possible.
Comment avez-vous travaillé sur la voix off ? Est-ce un enregistrement de terrain ou avez-vous ajouté des voix ? Combien de temps vous a pris l’enregistrement et le mixage ?
Nous n’avons pas ajouté de voix. Tout ce que l’on entend dans le film, ce sont des extraits d’interviews de ces personnes. En ce qui concerne le temps de tournage, nous avons tourné pendant une dizaine de jours, mais la prospection, les visites sur les différents lieux et le choix des lieux de tournage, tout cela a pris plus d’un an. Quant à la conception sonore et au montage, il a fallu compter environ deux mois.
Vous intéressez-vous aux liens familiaux et à la transmission culturelle et avez-vous d’autres projets sur ces thèmes ?
Dans notre culture, la famille, c’est sacré, et les parents font tout leur possible pour préserver l’harmonie et le bonheur dans la vie de leurs enfants. C’est cela que reflète mon travail, en un sens, il montre comment certaines familles tentent d’exprimer leur soutien et leur respect les uns envers les autres en partageant les richesses de façon égale. Mon prochain projet n’aura rien à voir avec cette thématique, il parlera de sport mais on y retrouvera le thème de la migration.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Oui, bien sûr, c’était mon premier film et je suis enchanté qu’il ait bien marché dans les grands festivals et qu’il ait été reconnu et primé. Cela m’a donné la confiance de me lancer immédiatement dans le projet suivant. Le fait d’avoir été directeur de la photographie sur mon propre film m’a donné la totale liberté de filmer comme je l’avais imaginé, ce qui n’est pas forcément le cas lorsqu’on travaille avec d’autres réalisateurs.
Quelles sont vos références ?
Il y a énormément de réalisateurs qui m’ont inspiré, mais j’essaye de trouver mon propre style pour exprimer ma vision des choses dans mon travail, et je cherche constamment de nouvelles façons de raconter une histoire, selon le sujet.
Pour voir Në Mes (Entre les deux), rendez-vous aux séances du programme L5 de la compétition labo.