Dernier verre avec Sorry Not Sorry (Déso pas déso)
Entretien avec Julia Thelin, réalisatrice de Sorry Not Sorry (Déso pas déso)
Votre film est vraiment prenant. Pouvez-vous nous parler de votre travail sur le scénario ?
J’avais une idée très claire de l’histoire dans ma tête avant de commencer, ainsi qu’une idée très claire du personnage, de son attitude. Dès le départ, tout était assez concret, même si j’avais imaginé encore plus de trucs bizarres qu’il n’y en a finalement dans le film. J’ai gardé les grandes lignes de la version encore plus bizarre, puis j’ai écrit un scénario un peu plus facile à tourner. C’était un scénario rigolo à écrire, je laissais mes personnages faire ce qu’ils avaient envie de faire et j’écrivais les images que je visualisais. Ce qui m’intéresse aussi, c’est le fait que l’on diagnostique les comportements typiquement féminins comme pathologiques bien plus souvent que les comportements masculins.
Pouvez-vous nous parler de votre travail avec les acteurs, et principalement avec votre actrice ?
Gizem Erdogan, qui joue le personnage principal, m’a beaucoup inspirée. Mon point de départ a été une scène de « folie » tirée d’un autre film, mais au final, il faut essayer des choses pour voir ce qui fonctionne. On a fait quelques répétitions avant de tourner, et c’était super.
Vos films précédents, Pingis (2012) et Helljus (2015), évoquaient aussi les relations homme/femme et les stéréotypes. Est-ce un thème que vous avez l’intention de développer dans vos prochains films ?
J’aime explorer les stéréotypes homme/femme, entre bien d’autres choses, et je trouve qu’en écrivant, il est difficile de ne pas se moquer de nos idées préconçues sur la question. Ce que je veux approfondir, c’est la question de l’inégalité liée à la classe sociale ou à l’appartenance ethnique, qui est aussi un thème de Sorry Not Sorry, parallèlement à la question des relations homme/femme : ce n’est pas pour rien que les garçons du film chantent des chansons plutôt bourgeoises.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Il m’a permis de faire simple. Que ce soit dans le récit ou dans l’expression, de faire quelque chose de grand avec de petites choses ordinaires. Et de rester fidèle à moi-même et à mon environnement. Cela dit, Sorry Not Sorry n’est pas l’histoire idéale pour le format court métrage, pour plusieurs raisons. En écrivant, j’avais constamment envie de me libérer de ce format, mais c’était peut-être bien ainsi, ça fait un film compact, ha ha ! Ce qu’il y a de bien avec le court métrage, c’est qu’on peut rester ouvert et laisser le public faire son interprétation après avoir vu le film.
Quelles sont vos références cinématographiques ?
Avant de tourner ce film, j’ai beaucoup pensé à la forêt dans Antichrist, et à la scène du bateau dans Knife in the Water. Mais en écrivant le scénario, je n’avais pas vraiment de références cinématographiques, du moins pas consciemment. Le genre d’un film peut surgir inconsciemment, soit selon les exigences de l’histoire, soit parce que vous avez observé comment les autres utilisent le suspense, par exemple.
Pour voir Sorry Not Sorry (Déso pas déso), rendez-vous aux séances de la compétition internationale I14.