Pays à l’honneur : La Suisse
Racines de Eileen Hofer (Suisse, Turquie – 2008)
Un voyage dans l’espace-temps cinématographique de la Confédération Helvétique…
La Suisse est plus connue pour son secret bancaire que pour son cinéma. Et pourtant… À la fin des années 70, quelques réalisateurs dont l’emblématique Alain Tanner, surgissent sur la scène mondiale en s’emparant de l’esprit de Mai 68, là où la plupart de leurs collègues français continuaient à piétiner autour de leurs egos. Bien évidemment, cette richesse cinématographique s’est retrouvée aussi dans le court métrage et dès cette période, c’est une production de qualité et très diversifiée, à l’image du pays, qui déferlera sur les écrans mondiaux.
Quatre programmes nous permettront de remonter le temps jusqu’à la date de la toute première rétrospective de l’histoire du Festival qui avait déjà été consacrée à la Suisse en 1982. Une belle occasion de fêter ce grand jalon à travers les meilleurs films de ce cinéma vivant, critique et polyphonique avec ses fictions, ses animations, ses documentaires, ses expérimentaux, ses films d’écoles ou ses productions indépendantes, ses noms maintenant très connus et ceux qui sont restés dans l’ombre.
Le court métrage suisse se montre en parfaite santé. On pourra entre autres le constater à travers huit films engagés, décalés, comiques et issus des écoles de cinéma renommées tels le département du cinéma du réel (HEAD) à Genève, la Zurich University of Arts (ZHDK) et l’École Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL).
Les jeux musicaux et visuels emblématiques de Georges Schwizgebel, l’un des grands noms du cinéma d’animation contemporain, seront eux aussi de la partie. Grand habitué du Festival avec pas moins de 10 sélections, il viendra aussi tenir une Masterclass sur son travail et sa technique en plus d’accompagner ses courts métrages Hors-jeu (1977), 78 tours (1985), L’Homme sans ombre (2004) et son tout dernier La Bataille de San Romano (2017).
Ne ratez pas une œuvre terriblement belle, Le jour du bain (1994) de Dominique de Rivaz. Cinéaste, scénariste et auteure suisse qui a fait ses débuts avec Alain Tanner, elle s’est ensuite fait remarquer avec courts et longs métrages multiplement récompensés tels que Aélia (Prix du Public 1986). Elle participe pour cette édition au jury international.
Ce sera aussi l’occasion de revoir Auf der Strecke (Mauvaise Route) de Reto Caffi (Grand Prix 2004), l’une des plus grandes réussites du court métrage suisse contemporain, un drame brûlant et intelligent qui nous entraîne dans un conte social et moral complexe.
S’ajoutent à cette belle rétrospective le grand retour des Courts de rattrapage avec deux programmes spéciaux qui mettront en avant l’œuvre de deux réalisateurs d’exception.
Tout d’abord avec Peter Volkart, sélectionné à trois reprises à Clermont, qui nous fera voyager et explorer son univers parallèle atypique et poétique. Dans ces projections animées, des espaces oubliés s’ouvrent et le spectateur s’envole vers des pays merveilleux situés au-delà de l’existence et jusqu’ici jamais découverts.
Le second programme se penchera sur l’œuvre de Rolando Colla, lui aussi sélectionné à trois reprises et primé à Clermont-Ferrand. Ce cinéaste s’intéresse depuis plus de vingt ans au cas des migrants, nous dévoile son analyse polyphonique, juste et militante à travers une série de courts métrages intitulée Einspruch (Protestation).