Breakfast avec All inclusive (Tout compris)
Entretien avec Corina Schwingruber Ilić, réalisatrice de All inclusive (Tout compris)
Pourquoi vous êtes-vous intéressée aux croisières de luxe ?
Les croisières que l’on voit dans mon film ne sont pas des croisières de luxe. Nous avons filmé uniquement sur des croisières accessibles aux classes moyennes. À une époque, ce qui attirait les gens, c’était les destinations, le luxe d’avoir une chambre d’hôtel flottante, mais aujourd’hui, les compagnies maritimes rivalisent d’imagination pour proposer des animations et des décors d’intérieur extravagants. Les croisières se sont ouvertes au tourisme de masse. Un univers conçu dans les moindres détails, où tous les désirs deviennent réalité. Tout est enregistré en format numérique et mis en ligne, comme si l’image de l’expérience était au moins aussi importante que l’expérience elle-même. Je trouve que dans une croisière, tous les aspects de notre société de consommation sont rassemblés. C’est un portrait de notre société en huis clos, un microcosme où tous les opposés de notre époque se rejoignent : pauvreté et richesse, masse et solitude, nature et artificialité, culture et commerce.
Comment avez-vous choisi celle où vous avez tourné ? Est-ce que vous avez accosté ? Où ? Combien de temps a duré le tournage ?
Dans le film, on voit deux croisières différentes : une en Méditerranée, et une dans la mer des Caraïbes. Chacune durait une semaine et accostait pour des excursions. Mais pour mon film, peu importait la destination, je voulais me concentrer sur le phénomène du tourisme de masse à bord, un monde artificiel de divertissement en continu.
Le robot était-il déjà à bord ou l’avez-vous rajouté ?
Ha ha ! Non, nous n’avons rien ajouté dans le film. C’est de l’observation pure, nous n’intervenons jamais, tout est authentique. Sauf une chose : le son et la musique ont été faits après, en studio, par un bruiteur et un compositeur.
Pourquoi avoir choisi de montrer des plans larges plutôt que des gros plans sur des vacanciers ?
Je tenais à montrer un comportement au niveau collectif, et non individuel. C’est l’image de nous tous, de notre société.
Avez-vous sélectionné les animations qui vous intéressaient ou montré tout ce qui était proposé ?
Il y avait bien plus d’animations que ça, bien sûr, mais il a fallu choisir ce qu’on voulait mettre dans le film. J’ai dû sacrifier beaucoup d’autres perles rares au montage…
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Oui. J’adore ce format, car il m’a permis d’essayer des choses, comme de travailler sans dialogues, de monter des plans larges, de jouer sur les impressions plutôt qu’une narration linéaire. Je ne pense pas que ce type de montage aurait été possible sur un long métrage.
Pour voir All inclusive (Tout compris), rendez-vous aux séances du programme L4 de la compétition labo.