Breakfast avec And so we put goldfish in the pool (Et nous avons donc mis des poissons rouges dans la piscine)
Entretien avec Makoto Nagahisa, réalisateur de And so we put goldfish in the pool (Et nous avons donc mis des poissons rouges dans la piscine)
Pouvez-vous nous en dire plus sur Sayama ? Est-ce vraiment une « autoroute vers nulle part » ? Le film porte-t-il sur les tourments de l’adolescence plus que sur la ville elle-même ?
Sayama est une petite ville située à environ trois heures de Tokyo. Étant donné cette proximité avec Tokyo, je pense qu’elle souffre d’un complexe d’infériorité par rapport aux grandes villes. Elle a aussi été le théâtre d’un meurtre il y a quelques années, ce qui lui donne mauvaise presse. De plus, Sayama est géographiquement enclavée, car elle est encerclée par des montagnes et un fleuve. Il y a bien une autoroute qui va à Tokyo. Mais les jeunes filles du film ne se déplacent qu’à vélo, donc pour elles, l’autoroute ne mène nulle part (car elles sont impuissantes). Mon histoire parle à la fois de ce sentiment d’éloignement par rapport à la grande ville et des turpitudes de l’adolescence. Le film exprime le désir de ces jeunes filles de s’extirper de la ville, mais aussi de leur avenir peu reluisant.
Que signifiait l’acte de jeter des poissons rouges dans la piscine pour ces jeunes filles ?
Dans l’histoire, les poissons rouges symbolisent le fait d’être enfermé dans un bocal, sans pouvoir aller nulle part. Les jeunes filles s’identifient aux poissons rouges. En sauvant ces poissons pour les relâcher dans un espace plus grand, elles voulaient sans doute s’extraire de leur sentiment d’enfermement. Inconsciemment. Mais il ne leur est pas venu à l’esprit qu’une piscine est aussi un espace clos. Cet enfermement, soit dit en passant, j’ai aussi tenté de l’exprimer à travers les formes rectangulaires de la piscine, de la télévision et du plat de lasagnes.
Y a-t-il un aspect autobiographique dans le film ?
J’ai grandi à Tokyo, je n’ai donc pas cette vision des petites villes. Mais je comprends ce sentiment d’avoir un avenir qui se limite à un certain horizon. Je vois que c’est un souci commun à bien des ados et c’est ce que j’ai tenté d’exprimer dans le film. En fait, je travaille moi-même dans un bureau, je passe mes journées à m’ennuyer car je n’ai pas grand-chose à faire. Peut-être que cela transparaît un peu dans le film. Cela dit, l’histoire des quatre filles qui jettent des poissons rouges dans la piscine est authentique, elle a eu lieu en 2012 à Sayama. Une histoire troublante qui a défrayé la chronique dans tout le pays. Mon film est une adaptation de ce fait divers.
Quelles sont vos influences cinématographiques ?
Juzo Itami, Nagisa Oshima, Hasegawa Kazuhiro, Hideaki Anno, Michael Haneke, Richard Linklater, Alejandro Jodorowsky, Michel Gondry.
Quels ont été vos coups de cœur au cinéma l’année dernière ?
Je dirais seulement Godzilla: Resurgence.
Si vous êtes déjà venu à Clermont-Ferrand, pouvez-vous nous raconter une anecdote sur le festival ? Sinon, quelles sont vos attentes pour cette édition ?
C’est la première fois que je viens à Clermont-Ferrand. J’ai hâte de voir mes concurrents venus du monde entier. Et puis de rencontrer de nouvelles personnes qui bossent dans le métier.
D’autres sorties de prévues ?
Je n’ai pas de sorties de prévues. J’ai l’intention de tourner Momo, le conte pour enfants, à Tokyo, avant les Jeux olympiques.
Pour voir And so we put goldfish in the pool, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I4.