Breakfast avec Anna
Entretien avec Or Sinai, réalisatrice de Anna
La dernière image que l’on a d’Anna, c’est elle en train de s’habiller avant d’aller au travail. Vouliez-vous laisser entendre qu’elle était comme partie en exploration pendant 24 heures ? Quelles en sont les répercussions sur elle ?
Bien sûr, Anna a fait un voyage important dans les dernières 24 heures. Pendant ces 24 heures, elle s’est soudainement sentie respirer, après des années de lutte et de sens pratique dans cette ville désertique et étouffante. Elle s’est habituée à vivre comme un robot ; à ne faire que travailler et s’occuper de son fils. Pendant ces 24 heures, elle a eu le temps de se rappeler qu’elle n’est pas seulement une mère mais aussi une femme, qu’elle a des désirs et une force féminine et qu’elle peut mettre ces choses de côté pour se sentir vivre.
Qu’est-ce qui vous a motivé à raconter l’histoire d’Anna dans votre film de fin d’études ?
C’est une bonne question, je ne sais pas vraiment. Je pense que c’est un mélange de choses qui sont importantes pour moi. Tout d’abord, c’est important pour moi de raconter des histoires de femmes, pas seulement parce que je suis une femme et que je connais mieux les personnages féminins, mais aussi parce que c’est important qu’il y ait de plus en plus de films racontant des histoires de femmes au cinéma. Aussi, j’aime travailler avec des personnages qui sont de la périphérie des villes, premièrement car ils sont plus fragiles et qu’ils me touchent, mais aussi parce que je veux avoir la chance de poser ma caméra sur des gens qu’on n’a pas l’habitude de regarder au quotidien, qui sont, d’une certaine manière, transparents. Et pour être honnête, la quête d’Anna pour trouver un peu de chaleur est quelque chose auquel je peux vraiment m’identifier. Je me suis sentie très isolée pendant que j’écrivais le scénario, alors j’ai créé le personnage d’Anna, qui est aussi très seule, mais elle est bien plus courageuse que moi.
Quelles sont vos influences cinématographiques ?
Je suis fan de Andrea Arnold, et j’ai forcé toute mon équipe à regarder ses films, encore et encore, avant de tourner. J’aime aussi Jim Jarmusch, les Frères Dardenne, et le cinéma iranien. J’adore Terrence Malick, et John Cassavetes.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos prochains projets ?
Je suis en train d’écrire un scénario de long, que je vais développer à partir d’Anna. Mais en même temps j’ai quelques scénarios de courts que j’espère tourner d’abord. L’un d’eux parle d’une femme qui revient faire face à d’anciennes choses folles de son passé, avec son vieux père malade.
Si vous êtes déjà venue, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
Je ne suis jamais venue à Clermont mais de tout ce qu’on m’en a dit, je m’attends à ce que ce soit une belle maison accueillant plein de beaux courts métrages.
Pour voir Anna, rendez-vous aux séances de la Compétition Internationale I3.