Apprivoiser le dragon
Durant chaque édition, le festival du court métrage de Clermont-Ferrand met à l’honneur un pays à travers une rétrospective composée de 6 programmes.
Le cinéma en Chine est en plein boom. Jeffrey Chan, jeune producteur originaire de Hong Kong installé à Pékin, résume la situation ainsi : « Avant n’existaient que des films de propagande produits par l’armée et le parti. Notre cinéma est comme un garçon de 10 ans : plein d’énergie, mais encore brouillon. »
Avec quelque treize mille écrans et plus de cinq cents longs métrages produits chaque année, la situation demeure compliquée : « Je réalise comme la Chine est complexe. Tout est simple, mais dès que l’on essaie de faire quelque chose, cela se complique. »
Ces quelques lignes postées sur le site Weibo par Jia Zhang-ke le 24 novembre 2013, attendant le feu vert pour la sortie en Chine de son long métrage A Touch of Sin, illustrent parfaitement la situation dans laquelle se trouve le cinéma dans ce pays : de laborieux palabres sont nécessaires pour que les films obtiennent une autorisation de sortie du Département de la propagande du Parti chargés de la censure. Mais le nombre de films chinois inscrits au festival de Clermont-Ferrand ne cesse pourtant d’augmenter ces dix dernières années.
Parcourant la décennie écoulée, ces six programmes dévoilent la mémoire non officielle de la Chine et permettent de mener une réflexion sur l’état actuel du pays à travers un corpus de films qui se répondent et nous interpellent, comme le reflet saisissant de la Chine contemporaine.