Auteurs en résidence : Esther Mysius & Camille Rouaud
Le Label création de Sauve qui peut le court métrage – ShortCuts – vous propose de rencontrer les lauréats des résidences d’écriture 2020 de Moulins et Clermont-Ferrand à travers 3 interviews. Après avoir découvert le travail de Zoël Aeschbacher et celui de Pierre-Emmanuel Urcun, voici venu le temps de notre dernière rencontre avec les auteurs en résidence : Esther Mysius et Camille Rouaud qui co-écrivent leur court métrage « Les Ardents ».
Esther, Camille, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Nous sommes tous deux architectes et cinéastes, nés en 1989. C’est à l’école d’architecture que nous avons commencé à réaliser des films documentaires expérimentaux. En 2017, nous avons réalisé « Gueule d’Isère », notre premier court métrage de fiction produit. Puis « Blanc Ninja », en 2019, que nous avons tourné en Mongolie. « Les Ardents »est notre troisième projet de court métrage.
Pouvez-vous nous présenter la genèse de votre projet, la naissance de l’envie de travailler sur une thématique historique ?
Nous étions intéressés par les parias, les gens qui sont rejetés de la société parce qu’ils enfreignent un tabou. D’un côté, nous travaillions sur « Blanc Ninja »sur les mineurs illégaux en Mongolie, pays où il est traditionnellement interdit de creuser et de l’autre, nous avions commencé à faire des recherches sur les détrousseurs de cadavres au Moyen-Âge. De fil en aiguille, les détrousseurs sont devenus bourreaux.
Comment ce projet s’inscrit dans votre travail de cinéaste ?
Au-delà des liens thématiques qu’ils partagent, ces trois projets s’inscrivent dans une recherche narrative et sensorielle. Avec « Les Ardents »nous voulions essayer d’avoir une narration plus classique pour rendre notre discours accessible et libérer la mise scène. L’histoire se déroule chronologiquement, les séquences se suivent. C’est déjà ce que nous voulions faire en écrivant « Blanc Ninja » mais la réalité en a décidé autrement et nous avons dû complètement ré-écrire le film au montage. Ce n’était pas du tout le cas de « Gueule d’Isère »qui est un film plus sensoriel dans lequel les séquences fonctionnent comme des tableaux interchangeables.
Pourquoi avez-vous candidaté à la résidence d’écriture ?
Nous sentions qu’il était temps qu’on se mette à écrire « Les Ardents »mais nous avions besoin de temps pour faire des recherches historiques, des repérages. Nous avions besoin aussi de retours parce que le projet est très ambitieux. En découvrant que Moulins était une ville médiévale et que la résidence nous donnait accès à tous les musées de la ville, nous avons candidaté.
Est-ce la première fois que vous travaillez en résidence ? Comment aborder vous ce mode de travail particulier ?
Nous avons travaillé en résidence pour chacun des projets que nous avons réalisé. Chacune d’entre elle était différente. Pour nous, les résidences permettent de poser un calendrier pour amorcer un projet et s’y consacrer pleinement.
En arrivant en début de résidence, à quelle étape de construction du récit étiez-vous ? Une idée, un synopsis… ?
Nous avions un titre, « Les Ardents »,un premier jet de scenario et deux idées qui ne s’accordaient pas encore bien : l’histoire d’une famille de bourreaux pendant une épidémie de Feu de Saint-Antoineou Mal des Ardent, un empoisonnement à l’ergot de seigle.
Vous êtes-vous fixé un/des objectif/s d’écriture pour les semaines de résidences ?
Nous avions pour objectif de terminer le scénario à l’issue de la résidence et nous voulions aussi essayer de structurer davantage notre écriture. Mais surtout nous envisagions la résidence comme un moment privilégié pour faire de la recherche historique.
La résidence a débuté il y a quelques semaines, comment avance votre projet ? sur quels points avez-vous pu avancer ?
Nous avons écrit trois versions, nous sommes en train de finir la quatrième qui sera sûrement une version circulatoire. La structure du récit est là, nous travaillons maintenant sur des détails importants comme le langage des dialogues. Pour nous, l’étape suivante consiste maintenant à trouver le lieu dans lequel le film va s’incarner.
A l’inverse avez-vous des besoins prégnants en termes de ressources (documentation, rencontre, repérages, …) pour déclencher des choses en matière de création ?
Oui, nous en avions besoin. « Les Ardents »est un film qui se passe à la fin du Moyen-Âge. Nous ne sommes pas obsédés par l’exactitude historique mais nous ne voulions pas raconter n’importe quoi non plus ! En plus, les récits historiques sur les bourreaux et le mal des ardents sont tellement riches et étonnants qu’ils dépassent souvent la fiction…
Malgré une situation singulière liée au confinement, comment êtes-vous accompagnés par les professionnels dans l’écriture de votre projet pendant la résidence ?
Cette résidence tombait bien pour passer le confinement justement ! Tant qu’à être enfermés, nous en avons profité pour bien avancer sur le projet… Le confinement a seulement limité nos déplacements sur des décors potentiels ou dans les musées qui nous intéressaient. Le reste de la résidence s’est déroulé comme si de rien n’était, à part que nous voyions les intervenants sur un écran au lieu d’avoir des rendez-vous sur place.