Dernier verre avec Beautiful Loser
Entretien avec Maxime Roy, réalisateur de Beautiful Loser
Le film est centré sur un ancien toxicomane, Michel, sur son combat pour échapper à l’emprise de la drogue, et sur son rapport à la paternité. Ce film répond-il au désir d’évoquer la question de la marginalité, de se focaliser sur un univers peu représenté à l’écran ?
J’écris un scénario de long métrage avec François, qui interprète Michel, depuis plus de trois ans. François est mon ex beau-père, avec qui j’ai passé pas mal de temps ces dernières années. L’histoire est centrée sur son vécu d’ancien toxicomane et sa reconstruction d’homme pour essayer de devenir un “mec bien“. On a eu envie de porter cette histoire à l’écran ensemble. Je ne sais pas si c’est un film sur la marginalité mais sur des êtres qui m’intéressent, qui nous intéressent. Alors, à la marge oui, mais surtout des personnages attachants et drôles qui nous proposent un chemin de salut, une porte de sortie au quotidien difficile en se battant pour aller vers la lumière.
Michel a des relations parfois conflictuelles avec Hélène, son ex-compagne, comme avec son fils aîné qui rejette en partie son mode de vie. Pour autant, on sent qu’il reste aimé de ces personnages, bien qu’incompris. En termes de mise en scène, comment avez-vous travaillé pour donner à voir la complexité des liens qui unissent les personnages ?
Roméo Creton, l’acteur qui joue Léo, est le fils de François, donc je me suis appuyé sur des choses vécues. Comme il n’est pas acteur, j’ai travaillé sur le laisser-aller, le laisser vivre en oubliant la caméra. Au contraire, avec des acteurs comme Youssef (Hajdi) ou Romane [Bohringer] on n’a pas grand-chose à faire. On a juste créé une intimité en se basant sur les émotions qui sont ancrées en eux. Et puis on cherche ensemble.
Y-a-t-il un public en particulier que vous voudriez atteindre à travers Beautiful Loser ?
Je n’avais pas cette question en tête quand j’ai réalisé le film tellement il s’est fait dans un élan. Au départ, nous faisions des essais pour tourner le long métrage. Tout s’est fait en quelques semaines. Mais j’aurais très envie que le film puisse être populaire car il s’agit de personnes qui habituellement sont plutôt montrées du doigt ou qui dérangent. Or ils sont attachants, plein d’humanité, de désir de vivre. En ça, je trouve que c’est important que ce film, ou ce genre de film, soit vu par le plus grand nombre, et surtout par un public qui n’a pas l’occasion de côtoyer ce genre de personnages, pour qu’il s’en fasse une autre idée. Quand on ne traîne pas dans les centres ou chez les Alcooliques Anonymes, on ne peut pas imaginer découvrir une telle humanité.
De manière générale, quel regard portez-vous sur la visibilité des courts métrages aujourd’hui ?
En tant que tel c’est un objet qu’on voit peu…C’est dommage qu’on n’en voie plus au cinéma d’ailleurs car on est toujours pris par surprise quand on voit un court métrage, on découvre un style, un ton, et quand c’est fait avec sincérité, justesse et cohérence de propos, ça permet de découvrir le regard d’un réalisateur ou d’une réalisatrice. Et c’est surtout un passage quasi obligatoire de faire vivre un premier court métrage pour accéder au long métrage. Donc il faut rester très attentif à ce qu’il puisse toujours exister avec liberté dans sa façon de s’exprimer et d’être diffusé.
Pour voir Beautiful Loser, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F3.