Goûter avec Bye bye les puceaux
Interview de Pierre Boulanger, réalisateur de Bye bye les puceaux
D’où vous est venue l’idée d’explorer la relation entre Inès et Abdel ?
Dans le film, Inès et Abdel sont deux adolescents. Étrangers l’un pour l’autre, ils ont des univers et des personnalités très opposées. La différence entre les sexes, si elle tend à s’adoucir à l’âge adulte, est très marquée à l’adolescence. Ainsi, confronter un jeune garçon et une jeune fille dans une situation non ordinaire permet de créer du décalage et de raconter beaucoup de choses notamment sur les différentes peurs, le désir, la position de l’outsider, etc… J’ai choisi de mettre en scène l’« âge bête », car il est transitoire et c’est ce en quoi on ne peut pas le juger. La bêtise est aussi à la base de l’humour, et faire un film avec des adolescents offre beaucoup de possibilités à la comédie.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le lieu de tournage ?
Nous avons tourné à Saint-Etienne dans la cité de la Cotonne qui est un quartier populaire très agréable. J’ai été séduit par le maillage associatif très présent auprès des jeunes et des anciens et le lien avec les habitants a été tout de suite très fort… Esthétiquement, je cherchais un profil de cité mais pas étouffante et les perspectives nombreuses (La Cotonne étant située sur une colline qui domine la ville) offraient cette possibilité.
Comment s’est déroulé le casting et le choix des acteurs ?
Pas évident de construire une bande de copains de toute pièce. J’ai commencé par du casting sauvage. Je me rendais devant les collèges et lycées où j’observais les adolescents à la recherche des différentes personnalités des personnages. Il me fallait une bande homogène mais éclectique. Cela a pris du temps. J’ai décidé de m’entourer avec d’autres jeunes de l’association 1000 Visages avec qui je travaillais car j’en avais assez d’être amalgamé au flic ou au pervers-pédophile… Finalement, la directrice de casting Christine Barras et son assistante Lucie Mallet sont venues en renfort pour trouver les derniers rôles à Paris pendant que Raphaëlle Bruyas se chargeait de boucler une partie du casting sur place à Saint-Etienne.
Pouvez-vous nous parler de vos projets à venir ?
Je suis sur plusieurs projets de réalisation, dont actuellement un documentaire sur les rapports hommes/femmes, et un court métrage en préparation : le portrait d’une avocate à travers un dispositif qui interroge notre rapport au réel…
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Qu’est-ce seulement que la liberté ? Le format court est une telle contraction de l’écriture scénaristique que je ne suis pas certain d’y trouver une forme de liberté spécifique. Elle existerait plus à travers les conditions de financement et de production plus légères des films courts. Dans certains des films que j’ai pu tourner de façon autoproduite, j’ai trouvé une forme de liberté dans le fait de ne rien devoir à personne mais surtout dans l’impression de construire une image cinématographique d’un geste, je dirais dans un jet. Cela est relié au fait de créer un dispositif ultra léger
qui permet l’impulsion d’une expression viscérale instinctive et qui se rapprocherait alors du trait de pinceau laissée par le peintre sur sa toile. À chercher à être validé comme cinéaste (parfois il le faut bien), on ne répond qu’à des attentes qui dictent le ton de ce qui se fait de bien et de ce qui doit être apprécié ; on s’autorégule, on devient normé, prédictible et chiant. Il faut avoir l’audace de sa liberté !
Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ?
Sinon, qu’en attendez-vous ?
Trouver la femme de ma vie et peut-être dans un deuxième temps, rencontrer et des scénaristes avec qui collaborer et des productions qui aiment accompagner des réalisateurs de la genèse d’un film à son aboutissement. J’espère aussi pouvoir échanger plus largement avec le public, je serais là pour ça.
Pour voir Bye bye les puceaux, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F4.