Lunch avec Claude libre
Entretien avec Thomas Buisson, réalisateur de Claude libre
Comment avez-vous eu l’idée du personnage de Claude ?
J’ai eu l’idée de ce personnage après avoir entendu parler d’un fait divers ayant eu lieu dans le sud de la France en 2012. Un homme de 70 ans avait braqué le bar PMU de son village avant de prendre la fuite à vélo. Tout le monde l’avait reconnu et il n’était parti qu’avec une centaine d’euros. Au départ, cette histoire m’amusait beaucoup. Mais après plusieurs réécritures j’ai eu besoin de rencontrer cet homme, afin de préciser mes intentions. Notre entretien m’a beaucoup touché, je n’avais plus envie de rire de son histoire. Puis j’ai rencontré Marianne Garcia, qui s’est emparée du personnage de Claude (et de l’histoire) et qui a apporté beaucoup d’énergie au film.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans l’environnement rural ?
Je suis Normand donc je connais bien les coins dans lesquels nous avons tourné. Tourner en campagne ne servait pas spécialement le récit (l’histoire aurait pu se dérouler en ville), mais ça m’a rassuré et beaucoup aidé lors des repérages.
Êtes-vous davantage intéressé dans Claude libre par la dénonciation de la pauvreté ou la revendication de la liberté ?
C’est une question très intéressante. À l’origine il y a une vraie volonté de parler de la précarité chez les personnes d’un certain âge. C’est un film sur la débrouille, mais aussi sur la marginalité et je voulais qu’on savoure la liberté de Claude, à la fin, même si on l’imagine très éphémère. Cette idée n’est pas arrivée tout de suite et m’a été soufflée par Benoît Delépine.
Pensez-vous qu’il existe encore des espaces de liberté totale et envisagez-vous de faire d’autres films autour de cette question ?
Je crois que les espaces de liberté totale ne peuvent être qu’intérieurs et je crois qu’on doit tout faire pour les préserver. Avec mon producteur Arnaud Bruttin, nous travaillons au financement de mon prochain court métrage. La problématique de l’intégration du protagoniste dans son environnement y est très forte, il s’agit pour lui de se créer un espace de liberté intérieur pour faire face aux agressions du groupe qu’il veut intégrer.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Claude libre est mon premier court métrage : même si nous avons obtenu des financements pour faire le film, je me suis senti libre d’échouer, ce qui était pour moi un sacré luxe. Je crois que c’est lié au fait que l’économie du court n’est pas celle du long, qu’on n’attend moins de voir comment le film vivra en salles. La chaîne OCS a participé au financement du film et nous a indiqué que, pour diffuser le film, ce serait bien qu’il dure environ 17 minutes. Mais cette “contrainte“ nous a permis avec ma monteuse de faire des choix efficaces et de dynamiser certaines actions.
Claude libre a été projeté en compétition nationale.