Courts de rattrapage
Monsieur Sélavy, de Peter Volkart (Suisse – 2008)
Pour couronner la rétrospective Suisse, deux programmes Courts de rattrapage permettront de s’emparer pleinement des univers puissants de Rolando Colla et Peter Volkart.
Rolando Colla, fils d’immigrants italiens, est né à Schaffhausen en 1957. Son entrée dans le monde du cinéma a commencé à Zurich dans les années 70, où il a assisté à la série de conférences de Viktor Sidler qui a inspiré toute une génération de cinéastes. Après s’être entrainé de manière autodidacte en tant que scénariste et acteur dans les films de son frère Fernando Colla, il débute avec Jagdzeit (1993, 1er Prix Léopard de demain à Locarno), une histoire intense et intelligemment structurée décrivant une réalité sociale complexe et brutale qui annoncera le ton de ces prochains films. Il passe alors au long métrage avec Le monde à l’envers (1998), Au-delà des frontières (2003), Turlututu (2007), L’autre moitié (2008), Jeux d’été (2011), Une vie meilleure est ailleurs (2013), Les sirènes de Levanzo (2016), Io Sono Gaetano (2016) mais n’arrête pas pour autant de réaliser des courts métrages en entamant la grande série Einspruch (Protestation) en 1999 qui compte six titres à ce jour dont deux ont été récompensés à Clermont : Einspruch III (Prix international CANAL+, 2002) et Einspruch VI (Prix spécial du jury, 2011).
Inspirée par l’expérience marquante de la mort d’un demandeur d’asile, cette série exprime un message juste, puissant et militant qui raconte des histoires extrêmement tragiques et révoltantes mais sans jamais tomber dans le pathos. Rolando Colla ne souhaite pas seulement dénoncer ce qui arrive aux demandeurs d’asile déboutés, il espère nous déranger, nous mettre en difficulté. Il se focalise sur ce qui nous arrive, nous qui restons. Et même si le message reste linéaire, chacun des courts de cette série est singulier car Colla réinvente son langage cinématographique de film en film pour trouver la meilleure approche à chacune des histoires.
Alors que Rolando Colla nous confronte à une réalité, Peter Volkart, lui, nous donnera l’opportunité de nous échapper, de rêver et de voyager dans un univers parallèle atypique et poétique qui réveille en nous nos âmes d’explorateurs à la découverte d’un monde sans limites et sans frontières. Avec lui, nous pénétrons ensemble dans une zone intermédiaire dans laquelle le continuum spatio-temporel est interrompu et toutes nos références établies semblent se croiser et se mélanger. À travers 6 courts métrages, dont 3 étaient en sélection officielle à Clermont, des espaces oubliés réapparaissent et le spectateur s’envole vers des pays merveilleux jamais découverts situés bien au-delà de l’existence.
La carrière de Peter Volkart a commencé dans les années 70 après des études de décor à l’École du design expérimental de Zurich, puis à la School of Visual Arts de New York où il réalise son premier court métrage Suburban Wildlife (Vie sauvage banlieusarde) en 1982. Il se fera ensuite rapidement remarquer dans de nombreux festivals du monde avec ces courts métrages influencés par le surréalisme, le collage, le Pop Art et son amour des objets du quotidien qu’il fait vivre indépendamment de leur forme, une pratique qu’il appelle « Archéologie instantanée ».
*Séances suivies d’une rencontre avec Rolando Colla le mercredi 7 février à 20h15 et avec Peter Volkart le jeudi 8 février à 20h15 à la salle des Frères Lumière dans la limite des places disponibles.