De Clermont à Cannes 2024
Le 77e festival international du Film de Cannes, qui se tiendra sur la Croisette du 14 au 25 mai 2024, mettra une nouvelle fois en lumière des réalisateur·rice·s dont nous avons pu voir les courts métrages dans la salle Jean Cocteau, ou que nous avons peut-être croisé·e·s dans les rues de Clermont-Ferrand par une froide nuit de février, il y a quelques années. En lice pour la Palme d’or : 19 longs métrages, 11 courts métrages auxquels s’ajoutent de nombreuses programmations intégrées à la sélection officielle (Cannes première, des séances spéciales, des séances de minuit, Un Certain regard), mais aussi les programmations parallèles comme La Semaine de la critique, La Quinzaine des réalisateurs, ou la sélection de l’ACID.
Voici donc un petit focus : Cannes, vu de Clermont-Ferrand.
SÉLECTION OFFICIELLE
| LE JURY DE LA SÉLECTION OFFICIELLE COURT MÉTRAGE |
Cette année, ce jury décernera la Palme d’or du court métrage et les 3 prix de La Cinef, sélection du Festival de Cannes destinée aux films d’école. Les cinq membres du jury découvriront les 11 films de la Compétition des courts métrages ainsi que les 18 films de la Sélection de La Cinef. L’actrice belge Lubna Azabal est présidente du jury. On l’a croisée plusieurs fois à Clermont puisqu’elle a joué dans le court métrage Disney Ramallah de Tamara Erde diffusé au festival dans le cadre du panorama Palestine en 2015. Elle a également joué dans J’adore le cinéma, diffusé en 1999 dans le cadre de la compétition internationale du festival. Enfin, elle était membre du jury international en 2007.
Autre membre du jury, passé par Clermont : le réalisateur serbe Vladimir Perišić. Son court métrage de fin d’études Dremano Oko a été diffusé en 2004 dans le cadre de la compétition nationale. À leurs côtés, la réalisatrice, scénariste et productrice Marie-Castille Mention-Schaar siège, quant à elle, depuis de nombreuses années au jury SACD pour le prix de la meilleure première œuvre de fiction dans le cadre du festival de Clermont-Ferrand.
Lubna Azabal, dans le jury international du festival en 2007
Baloji avec son prix lors de la cérémonie de clôture en 2020 (© SQPLCM, Baptiste Chanat) et Gilles Porte lors de la présentation de son film interactif Tantale (© SQPLCM, Juan Alonso)
| LE JURY DE LA SÉLECTION OFFICIELLE POUR LA CAMÉRA D’OR |
Depuis 1978, la Caméra d’or est attribuée à un des premiers films présentés en Sélection officielle, à la Semaine de la Critique ou à la Quinzaine des Cinéastes. Un jury de six personnalités du cinéma sera réuni à Cannes pour décider du lauréat ou de la lauréate de ce prix destiné à encourager la jeune création. Un tandem co-présidera ce jury : l’actrice française Emmanuelle Béart, que les spectateur·rice·s clermontois·es ont notamment pu voir dans Le Dernier Chaperon rouge de Jan Kounen en compétition nationale 1997 puis dans la rétrospective Courts de Contes en 2011, et le réalisateur et auteur-compositeur Baloji. L’artiste pulridisciplinaire a quant à lui été lauréat d’un prix à Cannes l’an dernier pour son premier long métrage Augure, et avait reçu le prix Festivals Connexion à Clermont-Ferrand pour son court métrage Zombies en 2020 en compétition labo. Gilles Porte, réalisateur et directeur de la photographie, fera aussi partie de ce jury : il était à Clermont-Ferrand en 2006 en tant que membre du jury national, puis est revenu en 2019 pour présenter son court métrage interactif Tantale.
|EN LICE POUR LA PALME D’OR |
Parmi les longs métrages sélectionnés, nous remarquons 5 réalisateur·rice·s connu·e·s du circuit clermontois dont Andrea Arnold, qui sera en compétition avec son film Bird : son court métrage Wasp (Oscar du meilleur court métrage en 2005) était diffusé en 2006 au festival du court métrage dans la cadre du panorama Royaume-Uni, une dizaine d’années après sa précédente venue au festival. Agathe Riedinger présentera son tout premier long métrage Diamant Brut, dont le synopsis « Liane, 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée » n’est pas sans rappeler son court métrage J’attends Jupiter, sélectionné en compétition nationale en 2018. L’année suivante, elle était revenue au festival présenter film Eve, en compétition labo. Le réalisateur canadien David Cronenberg sera sur la Croisette avec son long métrage The Shrouds. Son court métrage Camera était diffusé en 2019 à Clermont-Ferrand dans le cadre du focus canadien. Miguel Gomes, qui avait réalisé Entretanto, court diffusé dans le panorama Portugal en 2002, présentera son long métrage Grand Tour. Le comédien et réalisateur Gilles Lellouche présentera quant à lui son quatrième long métrage L’Amour ouf : 3 courts métrages le mettant à l’affiche ont été sélectionnés à Clermont-Ferrand, parmi lesquels Pourquoi…Passkeu qu’il avait co-réalisé avec Tristian Aurouet, en compétition nationale 2002.
Agathe Riedinger en 2019 et Andrea Arnold en 1998 ©Sauve qui peut le court métrage
Daniel Soares en 2023 / Samir Karahoda en 2019 @SQPLCM
Côté court métrages, 11 films seront présentés cette année en compétition, issus de 10 pays.
Parmi les courts présentés, nous retrouvons deux personnalités passées par Clermont. Tout d’abord, Samir Karahoda qui a réalisé Në Mes sélectionné en compétition internationale en 2020 et Pa Vend, sélectionné en compétition internationale 2022. Ensuite, Daniel Soares, réalisateur de O que Resta, diffusé en 2022 dans le cadre de la compétition internationale, et Please Make It Work en 2023, toujours en compétition internationale.
| LE JURY UN CERTAIN REGARD |
À côté de la compétition officielle, la sélection Un certain regard se compose de 15 films et met à l’honneur les premiers et deuxièmes longs métrages. Parmi les membres du jury : Maïmouna Doucouré, réalisatrice du court métrage Maman(s), sélectionné en compétition nationale en 2016 et reprogrammé en 2024 dans le cadre de la rétrospective Insoumises.
Ariane Labed et Mo Harawe, © SQPLCM, Baptiste Chanat
Parmi les cinéastes mis·e·s à l’honneur, nous retrouvons quelques têtes passées par le circuit clermontois, parmi lesquelles : Lætitia Dosch, plus connue en tant que comédienne, elle présentera son tout premier film Le Procès du chien. Les habitué·e·s du festival ont pu la voir dans 4 courts métrages notamment dans Extrasystole qui avait reçu une mention spéciale du jury en 2014 et Ennui Ennui qui avait également reçu une mention spéciale qui saluait l’interprétation de l’actrice. Truong Minh Quy présentera son deuxième long métrage Viet and nam, il était en compétition labo en 2015 avec son court métrage Sao Hoa Noi Day Gieng qu’il avait coréalisé et coproduit avec Freddy Nadolny Poustochkine et dans lequel il joue également. Ariane Labed, comédienne (notamment vue dans des longs métrages comme Attenberg ou The Lobster) et réalisatrice, était à Clermont-Ferrand en 2020 avec son premier film Olla qui avait raflé le grand prix, le prix de la meilleure première œuvre de fiction, et le prix étudiant. Olla était également diffusé cette année dans le cadre de la rétrospective Insoumises, portraits de femmes indociles et est actuellement en tournée avec Circuit Court dans le programme Insoumises. Ariane Labed présentera son premier long métrage intitulé September Says. Mo Harawe, qui a reçu le grand prix de la compétition internationale à Clermont en 2023 avec son court métrage Will my Parents Come to See Me, sera à Cannes pour présenter The Village next to Paradise. La comédienne Céline Salette dont le court métrage L’Arche des canopées était diffusé à Clermont en 2022 dévoilera son premier long métrage à Cannes : Niki.
SÉLECTIONS NON COMPÉTITIVES
Cette section comprend notamment Cannes Premières, les séances spéciales ainsi que les séances de minuit qui offrent aux cinéastes une vitrine sans pareille pour leurs films.
| CANNES PREMIÈRES |
Leos Carax y présentera C’est pas moi : trois de ses courts métrages ont été diffusés au festival du court métrage dans des collections, carte blanche ou en compétition nationale : Merde, Sans titre, Strangulation Blues.
Alain Guiraudie dévoilera quant à lui Miséricorde, film noir dans lequel Jérémie, trentenaire, retourne dans le Massif central pour les funérailles d’un ami. Entre 2002 et 2023, quatre de ses courts métrages ont été diffusés dans les salles clermontoises et il était membre du jury national en 2023 auprès de Bastien Dubois, Claude Le Pape, Fanny Sidney et Rabah Naït Oufella (photo ci-contre).
La réalisatrice Jessica Palud, qui était en compétition nationale en 2018 avec son court métrage Marlon, présentera son long métrage Maria.
Gaël Morel qui présentait son court La Vie à Rebours en 1995 au festival, présentera Vivre, Mourir, Renaitre à Cannes.
© SQPLCM, Anthonin Robineau
| SÉANCES SPÉCIALES |
Dans les séances spéciales, nous retrouvons Claire Simon, elle dévoilera son film documentaire Apprendre. Deux de ses courts métrages ont été diffusés à Clermont : Police en compétition nationale en 1989 et Scènes de ménage en 2013 à l’occasion d’une carte blanche donnée au festival international du film de femmes de Créteil. Arnaud Desplechin présentera quant à lui le long métrage Spectateurs, tourné une fois de plus à Roubaix, il était en compétition nationale à Clermont en 1991 avec le remarquable La Vie des Morts.
| HORS COMPÉTITION |
Guy Maddin a reçu le grand prix du Labo en 2013 avec son film Night Mayor, également diffusé lors du focus canadien en 2019. Son long métrage Rumours, coréalisé avec Galen et Evan Johnson, et dont Cate Blanchett fait partie du casting, sera proposé hors compétition à Cannes. Le réalisateur Matthieu Delaporte, dont le court métrage Musique de Chambre était diffusé dans la catégorie Films en Région au festival du court métrage de Clermont en 1997, présentera Le Comte de Monte Cristo coréalisé avec Alexandre De La Patellière.
Sur l’affiche de cette 63e Semaine de la Critique, Hafsia Herzi échange un sourire et un regard avec Nina Meurisse, dans Le Ravissement, premier long d’Iris Kaltenbäck.
En 2024, cette sélection se compose de 11 longs métrages (dont 7 en compétition), 10 courts métrages en compétition et des séances spéciales.
| LE JURY |
Le réalisateur, scénariste et producteur espagnol Rodrigo Sorogoyen a qui l’on doit Que Dios nos Perdone ou encore As Bestas, présidera le jury de la Semaine de la critique. Son court métrage Madre était diffusé en 2022 au festival du court métrage dans le cadre du focus Espagne. Il sera accompagné par quatre professionnel·le·s dont l’actrice Eliane Umuhire, qui jouait dans le court métrage Bazigaga, diffusé dans la catégorie Regards d’Afrique en 2023, rôle qui lui avait permis de décrocher une prix d’interprétation UniFrance.
Dans la liste des réalisateur·rice·s sélectionné·e·s avec un court métrage, nous retrouvons : Jan Bujnowski, qui présentera Dancing in the Corner, il était à Clermont-Ferrand en 2023 où son film Diabeł avait reçu une mention spéciale du jury international. La réalisatrice Daphné Hérétakis qui avait présenté à Clermont Les Algues dans les cheveux en 2017, sera en compétition avec Ce qu’on demande à une statue c’est qu’elle ne bouge pas. En séance spéciale, nous retrouvons la comédienne et réalisatrice Lucie Borteleau : elle était à Clermont en février dernier en tant qu’intervenante sur une table ronde proposée autour de la question « Comment filmer le corps féminin en 2024 ? », elle a joué dans deux courts diffusés à Clermont : Vous voulez une histoire ? (prix de la presse Télérama en 2015), Dustin en 2020, mais aussi dans Les Vœux qu’elle a également réalisé.
Jan Bujnowski (© SQPLCM, Baptiste Chanat) et Lucie Bortleteau (© SQPLCM, Camille Dampierre)
Marcelo Cætano, Jonathan Millet et Emma Benestan ©Sauve qui peut le court métrage
Côté longs métrages : Le long métrage qui ouvrira la Semaine de la critique cette année sera Les Fantômes du réalisateur Jonathan Millet. Son court métrage Et toujours nous marcherons était en compétition nationale en 2017, et le film fut diffusé à nouveau en 2022 lors d’une carte blanche Films Grand Huit. Marcelao Cætano, qui était en sélection internationale en 2013 avec Na Sua Companhia, sera à Cannes pour présenter son long métrage Baby. Saïd Hamich Benlarbi, qui a produit ou réalisé huit courts métrages diffusés au festival du court métrage, présentera son deuxième long métrage en tant que réalisateur : La Mer au loin en séances spéciales. Le film qui clôturera la Semaine de la critique sera le long métrage d’Emma Benestan : Animale. Scénariste, réalisatrice, monteuse… Emma Benestan a vu plusieurs des films sur lesquels elle a participé sélectionnés Clermont, notamment Goût Bacon, qu’elle a réalisé, et qui a reçu une mention du jury presse Télérama en 2017.
QUINZAINE DES CINÉASTES
Créée en 1969 par la SRF (Société des réalisatrices et réalisateurs de films), la Quinzaine des Cinéastes est une sélection parallèle du Festival de Cannes qui a pour vocation de faire découvrir un large spectre de films, afin de mettre en valeur les pratiques les plus singulières et visionnaires du cinéma contemporain. L’affiche de cette année est signée du réalisateur japonais © Takeshi Kitano.
C’est Ma vie ma Gueule, film posthume de Sophie Fillières qui ouvrira cette sélection, afin de rendre un hommage à cette figure du cinéma d’auteur français décédée en 2023. Son court métrage Des filles et des chiens a été diffusé à l’ouverture du dernier festival du court métrage afin d’honorer sa mémoire, film qui avait reçu une mention spéciale du jury en 1992 alors qu’il concourrait en compétition nationale à Clermont-Ferrand.
Kōji Yamamuran, réalisateur japonais très prolifique, présentera son dernier court métrage Extremely short. Sept courts métrages de ce réalisateur ont été montrés sur les écrans clermontois, entre la compétition internationale de 1988 et la rétrospective Particules imaginaires de 2013. Jules Follet révèlera Les Météos d’Antoine (Antoine, Élise and Léandre) : il était à Clermont-Ferrand en 2018 pour présenter Waterfountain en compétition nationale. Thierry de Peretti dévoilera son nouveau long métrage À son image : son court métrage Le Jour de ma mort était en compétition nationale à Clermont-Ferrand en 2007. Le duo Caroline Poggi et Jonathan Vinel qui avait marqué les esprits avec leur court métrage Tant qu’il nous reste des fusils à pompe (en compétition nationale à Clermont en 2015), présentera son long métrage Eat the Night. Le réalisateur Matthew Rankin sera en sélection avec son long métrage Une langue universelle : deux de ses courts métrages ont été diffusés à Clermont (Mynarski, chute mortelle lors du focus Canada en 2019 et Où est Maurice ? dans le cadre de la rétrospective Comédies musicales en 2009). Enfin, le duo chilien composé de Cristóbal León & Joaquín Cociña présentera Los Hiperbóreos : connus pour leurs collaborations artistiques et notamment pour leurs clips, deux de leurs productions ont été diffusées dans les programmes Décibels ! du festival, une clip pour PJ Harvey et un autre pour The Smile (mené par Thom Yorke).
Jules Follet, Caroline Poggi et Jonathan Vinel © Sauve qui peut le court métrage
L’ACID (Association du Cinéma Indépendants pour sa Diffusion) prône depuis 1992 le renouvellement et la pluralité des regards en donnant de la visibilité à des œuvres insuffisamment diffusées. Elle propose chaque année une sélection de longs métrages qui dévoilent l’audace des cinéastes et la diversité des regards qui composent la palette du cinéma indépendant en France et à l’étranger. © Lemon Fee.
Parmi les 9 films présentés cette année, notons la présence du réalisateur Guillaume Brac (photo ci-contre), qui était membre du jury national en 2014 et dont le court métrage Le Funambule était diffusé en 2006. Il présentera à Cannes son long métrage Ce n’est qu’un au revoir. Hélène Milano dévoilera Château Rouge : son film Comme ça j’entends la mer était diffusé en Films en régions en 2002, dans la même programmation mais cette fois en 2004 les spectateur·rice·s clermontois·es ont pu la voir dans Grand Ciel de Noël Alpi. Enfin le film Mi Bestia de la colombienne Camila Beltrán sera présenté dans cette sélection : elle avait notamment réalisé Pacifico Oscuro diffusé en 2022 dans le cadre d’une carte blanche à Film Grand Huit.
Guillaume Brac ©Sauve qui peut le court métrage
Pour ce 77° festival international du film de Cannes, ce sera l’actrice Camille Cottin qui sera maitresse des cérémonies d’ouverture et de clôture. Rendez-vous donc le 25 mai pour savoir qui succédera à Justine Triet qui avait reçu la palme d’or avec Anatomie d’une chute, et à Flòra Ana Buda, lauréate de la Palme d’or du court métrage pour 27, avant de venir le présenter à Clermont et de remporter le prix de la meilleure musique originale en 2024.
Affiche du long métrage Anatomie d’une chute / Affiche du court métrage 27 / Flòra Ana Buda, réalisatrice de 27 au festival de Clermont 2024