Goûter avec Des hommes à la mer
Interview de Lorris Coulon, réalisateur de Des hommes à la mer
Comment s’est déroulé le tournage en mer ?
Sur le chalutier/plateau, nous avons eu la chance d’être accueillis et aidés par un équipage formidable. Ils ont non seulement accepté les conditions particulières nécessaires au tournage, mais ont en plus participé à la mise en scène en montrant aux acteurs comment se déplacer, quels gestes effectuer. C’était une collaboration très riche de part et d’autre. Concernant la mer, elle a été clémente à part une seule nuit où nous avons dû rebrousser chemin et terminer une séquence à quai.
Quelles recherches et quel travail en amont aviez-vous fait ? Aviez-vous des connaissances personnelles de ce milieu ?
Pour la phase d’écriture, j’ai d’abord écrit sans soucis de véracité, armé seulement du désir de raconter cette histoire que je voulais universelle et atemporelle. Par la suite, j’ai fait de nombreuses recherches pour affiner le propos, constater mes erreurs et tenter de les rectifier. Trouver le juste milieu entre l’approche documentaire et le désir d’assumer la fiction a été un combat intérieur de longue haleine. Pendant les repérages, j’ai passé du temps en mer sur le chalutier avec les marins-pêcheurs pour m’enrichir de leur contact et anticiper les difficultés du tournage.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le casting et le choix des acteurs ?
Je souhaitais que le film soit à la fois une proposition réaliste et un espace imaginaire fort, chargé de symboles. J’ai donc orienté mes recherches vers des acteurs qui ont des expériences de vie en dehors du cinéma. Il y avait la contrainte des origines qui a restreint le champ des rencontres puisque je souhaitais qu’ils parlent leur langue maternelle. Dans le film, on entend du mandarin, du wolof, de l’arabe, de l’anglais. Sur le plateau, je ne comprenais pas ce qu’ils disaient. Ça a créé une relation de confiance et d’autonomie très agréable. Les acteurs de ce film sont très généreux, les rencontrer a été une chance.
Y a-t-il un évènement particulier qui vous a inspiré la trame du film ?
Mon film précédent, Si la mer se meurt, parle d’un enfant -Sékou- qui fugue pour suivre un pirate qui pille les chalutiers pour survivre. Le dernier jour de tournage, j’ai senti violemment le besoin de raconter l’histoire de cet équipage, au loin, qui vole les ressources halieutiques de populations fragiles. J’avais l’intuition qu’ils étaient eux aussi prisonniers d’un système mondialisé où chacun survit au détriment des autres. C’est pour ça que l’on retrouve sur le chalutier le personnage de Sékou devenu adulte. En essayant de dépasser sa condition de victime, il est devenu bourreau.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
J’éprouve un plaisir immense à être sur un plateau avec des acteurs. L’écriture, la recherche de financements, la préparation… c’est très long. Plus le tournage dure longtemps, mieux je me porte !
Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
Je trouve formidable d’assister à la rencontre entre le film et son public. Le festival sera l’occasion de découvrir de nombreux films et de partager autour de la création. Un moyen convivial de nourrir l’imaginaire.
Pour voir Des hommes à la mer, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F7.