Dîner avec Une sur trois
Entretien avec Cecilia de Arce, réalisatrice de Une sur trois
Comment avez-vous eu l’idée de réaliser Une sur trois ?
Une sur Trois a été mon travail de fin d’études à l’École 3IS, où j’ai été diplômée cette année en section réalisation. Je tenais à faire un film qui dédramatise l’avortement et qui traite de l’histoire d’une forte amitié. L’inspiration est en partie autobiographique.
Avez-vous cherché à créer un effet années 80 ?
Absolument pas, c’est amusant comme question ! Par contre, nous avons souhaité, avec mon chef déco et ma costumière, reproduire les goûts de deux jeunes étudiantes en art de notre génération, qui, je dois le reconnaître, sont fortement imprégnés de références à l’esthétique des années 80.
Que pensez-vous des combats féministes et du droit à l’IVG ?
J’adhère totalement aux combats féministes et je considère que le recours à l’IVG doit être un droit pour toutes les femmes.
Pourquoi étiez-vous intéressée par la période de la vie étudiante ?
Parce que j’étais et suis encore moi-même étudiante et qu’il s’agit d’un film à forte inspiration autobiographique.
Êtes-vous intéressée par la thématique de l’amitié et pensez-vous réaliser d’autres films autour de cette thématique ?
Oui, je suis très intéressée par la thématique de l’amitié. D’ailleurs j’ai notamment écrit ce scénario avec une de mes proches amies et souhaitais qu’il soit interprété par deux comédiennes qui soient réellement liées d’amitié dans la vie.
Vous êtes-vous aussi intéressée aux frontières et aux portes entre enfance et âge adulte ? Que pensez-vous des rituels culturels, souvent liés aux religions, qui accompagnent l’enfant vers l’âge adulte et la responsabilisation ?
En tant que jeune, je pense que c’est une question qui me concerne directement. J’ai beaucoup d’affection pour les films qui abordent cette thématique, car ils ont alimenté mon adolescence, notamment, pour revenir à votre question sur les années 80, l’œuvre de John Hughes.
Les relations parent-enfant vous intéressent-elles et envisagez-vous de développer cette question dans d’autres films ?
Je ne sais pas trop que vous répondre. Il me semblait important que le personnage de Simone parle de son avortement avec sa mère, car elle avait besoin de son soutien. C’était aussi un moyen de rappeler que cette question concerne toutes les générations.
Quand vous avez écrit Une sur trois, vous êtes-vous interrogée sur le concept de réciprocité dans les relations amoureuses ?
Non, pas du tout. D’ailleurs, je ne pense pas vraiment qu’il soit question de relations amoureuses dans le film.
Comment avez-vous conçu les personnages féminins ? Considérez-vous plutôt ces personnages comme des jeunes femmes libérées ou dominatrices ?
Ce sont des personnages inspirés de la vraie vie. Nous avions l’habitude, avec mes co-scénaristes, de nous enregistrer avant d’écrire les dialogues, afin de reproduire au plus près notre façon de parler. Sinon, et je pense que cela va de soi lorsque l’on voit le film, les comédiennes ont énormément apporté d’elles-mêmes à leurs personnages. Pour ce qui est de savoir si elles sont libérées ou dominatrices, j’aurais aimé laisser aux comédiennes le soin de répondre, et d’ici là je suppose qu’il va falloir laisser une part d’ombre sur cette question.
Pensez-vous que le court métrage soit un bon outil pour questionner les relations humaines et la « méga » cellule sociale ?
Il est très difficile sur un format court de faire un portrait de société. Je pense que le court métrage se prête davantage à faire des courts portraits de personnages, ou alors à développer une seule idée ou histoire.
Une sur trois a été réalisé avec une production, une coproduction ou en auto-production française. Avez-vous écrit ce film en considérant cet aspect « français » : rattaché des références cinématographiques, construit un contexte spécifique (dans une région par exemple) ou intégré des notions caractéristiquement françaises ?
Le prénom Simone nous vient très simplement de Simone Veil (et Zelda de Zelda Fitzgerald, pour ceux que ça intéresse…). À part ça, le sujet faisait plutôt écho aux manifestations anti IVG qui avaient lieu en Espagne à l’époque où nous développions ce film qu’à une problématique franco-française.
Pour voir Une sur trois, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F3.