Breakfast avec Duszyczka (La petite âme)
Entretien avec Barbara Rupik, réalisatrice de Duszyczka (La petite âme)
Quelles techniques d’animation avez-vous utilisées ? Comment avez-vous créé la texture de la chair ?
Duszyczka est une sorte de patchwork en termes d’animation : c’est un mélange d’animation de marionnettes, de peinture et de pâte à modeler. J’ai utilisé de la pâte à modeler et de la peinture à l’huile pour faire la texture de la chair. Tout était très huileux.
Pourquoi vous être intéressée à ce voyage de l’âme et de la chair après la mort ?
Je m’intéresse au phénomène esthétique de la décomposition. Dans Duszyczka, j’ai voulu aborder le thème de la décomposition associé à celui de la spiritualité. L’histoire s’inspire principalement d’un tableau médiéval de Giovanni Canavesio qui représente le suicide de Judas Iscariote. On y voit une petite créature à forme humaine extraite par un démon d’une énorme blessure au ventre sur le corps d’un pendu. Pour l’art religieux médiéval, il s’agit d’une âme. On retrouve cette image de l’âme incarnée dans un petit corps dans les croyances populaires du Moyen-Âge. Cela m’a fascinée et j’ai commencé à imaginer l’histoire d’une petite créature solitaire errant à la recherche d’un corps dans un univers mystique où règne la pourriture.
Quelle est l’importance de l’eau dans votre film ?
L’eau est importante à cause de la rivière. La petite âme est perdue dans cette nouvelle réalité après la mort, mais l’eau lui donne de l’espoir – quelque part, il y a une source, c’est-à-dire un commencement. L’âme part en voyage en suivant la rivière. C’est le courant qui détermine le sens du voyage. La rivière a tué le corps : l’eau est une des dernières impressions terrestres qu’il a connues, elle évoque cette réalité physique perdue.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la croix sur laquelle repose le cœur ?
Le cœur est en réalité la lumière qui provient d’une lampe sacrée – une lumière rouge qui brille en face du tabernacle dans une église. Selon la croyance chrétienne, cette lampe doit restée allumée pour indiquer la présence éternelle du Seigneur. Dans mon film, je montre la lumière comme un être vivant, éternel et mystique. Lorsque la lumière touche la croix, le monde spirituel apparaît. La lumière est un signe de présence.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées ?
Le format court donne la liberté d’être plus expressif et de faire des expériences narratives et visuelles. Il est plus facile de prendre un risque, de mettre en images une idée aussi obscure ou insolite soit-elle. Faire des courts métrages est la meilleure façon de trouver son propre langage cinématographique. J’espère avoir la même liberté si l’occasion se présente de réaliser mon premier long métrage.
Pour voir Duszyczka (La petite âme), rendez-vous aux séances du programme L2 de la compétition labo.