Edito – Compétition nationale
L’âge des possibles
Pour reprendre le beau titre d’un film de Pascale Ferran, les jeunes filles et garçons – filles-garçons parfois – croisés ici sont souvent saisis à l’âge des possibles. L’indécision des sentiments est une force, les premiers émois ouvrent des infinis et quand ils ne sont que plaies, un protocole patient peut libérer une parole de poètes. Les enfants sont en colère aussi, contre ce monde qui va se rétrécissant, et leurs terreurs nocturnes ou diurnes sont un cri. Les entendre jouer l’amour avec des mots d’adultes nous trouble et nous interroge.
L’Âge des possibles : n’est-ce pas la plus belle définition du court métrage ?
Trouble encore que celui de notre confrontation à cet autre nous-même, androïde ou extraterrestre, trouble de l’otage quand son ravisseur est perdu, du monde qui s’éloigne, d’une porte qui s’entrouvre, du carcan religieux confronté à la chair…
Sous ces zones de turbulences, affleurent les strates indélébiles laissées par l’homme sur son passage.Traces enracinées dans notre mémoire, marques fiévreuses et indéfectibles. Traces physiques : lieux que seule la parole permet de révéler, une terre rouge sang, comme une blessure causée par notre inconscience, ou le portrait avorté d’une rencontre qui se construit sur cette absence même.
L’art nous offre de sauvegarder ces signes, les animer et les dupliquer, depuis les hommes des cavernes jusqu’aux somnambules copistes du bout du monde. Et quand l’art ne suffit plus, il nous reste le rituel, réel ou fantasmé, comme expérience cathartique.
Mouvements migratoires ou marchands tissent leur cartographie, témoin de contrôle ou, a contrario, d’élans de solidarité. Le court métrage nous invite encore cette année à écouter ceux qui partent, volontaires ou contraints, s’installer dans un nouveau décor. Déterminés et non réductibles à leur statut d’exilés, ils sont un exemple de combativité et de persévérance, et partagent avec nous leur quotidien, qui peut aussi se traduire par un morceau préféré ou un sport quelque peu exotique.
Enfin, 2020 marque le retour de certains réalisateurs connus du public clermontois. Déjà primés et parfois découverts au festival, ils poursuivent leur exploration des alternatives artistiques en profitant de la grande liberté que permet le format court : Sébastien Betbeder, Julien Silloray, William Laboury, Matthieu Vigneau. Claude Le Pape, scénariste ayant exercé ses armes sur grand et petit écran (Petit paysan, Les combattants,la série Hippocrate, …) revient avec son acteur fétiche Jackie Berroyer. Lawrence Valin, comédien et cinéaste, continue d’explorer la diaspora tamoule parisienne dont il est originaire à travers un film noir et percutant. Ce sont d’ailleurs ces deux courts métrages, respectivement La maison (pas très loin du Donegal) et The Loyal Man, qui représenteront la France dans la compétition internationale.
Chiffres-clés
2 008 films inscrits
54 films sélectionnés
43 fictions en prises de vue en continu
19 premiers films dont 6 films d’écoles
13 coproductions internationales
11 documentaires en prises de vue en continu
11 fictions animées
7 comédies dont 2 comédies musicales
2 films autoproduits