[Édito] Compétition internationale 2019
Avec plus de 7400 films reçus cette année, la programmation de la compétition internationale ne s’est pas révélée être une mince affaire. Des productions venues du monde entier, qui racontent leur époque, leur pays ou choisissent de nous emmener dans d’autres réalités. De ces nombreuses heures de visionnage restent 76 films, qui composent cette 31ecompétition internationale.
À l’heure où la question du genre et de la norme sont au centre des débats de société, les courts métrages choisissent également de s’emparer de ce thème et de montrer des personnages qui subissent le poids d’un secret lourd à porter ou qui choisissent de s’affranchir des règles et des étiquettes. Dans Miller & Son, une jeune mécanicienne transgenre doit confronter son père ; dans Saras Intime Betroelser, Sara philosophe avec sa vulve sur les limites qu’elle s’impose elle-même face à un corps qu’elle n’assume pas ; dans Haus, deux jeunes danseurs gays s’assument et s’amusent. Les identités se construisent et se déconstruisent, dans des portraits où prédominent l’espoir d’un avenir plus ouvert et plus tolérant.
L’avenir, c’est la jeunesse, et celle de cette compétition internationale est une jeunesse perdue, en manque de repères. Dans Skin et Soy Une Tumba, les enfants sont témoins impuissants de la violence du monde des adultes alors que dans Detainment, fiction adaptée d’un faits divers qui a secoué l’Angleterre dans les années 1990, c’est la perte de leur innocence qui fait froid dans le dos. Dans Fauve, deux jeunes garçons livrés à eux-mêmes semblent évoluer dans un univers post-apocalyptique, alors que dans Interiør(drame suédois réalisé par Reek Van Dyk, de retour en compétition après son Grand Prix à Clermont en 2017 avec Dekalb Elementary), le jeune Anders tente vainement d’attirer l’attention de sa mère trop absente. D’une figure maternelle imparfaite, il en est aussi question dans Mama, où deux membres des services sociaux perdent un petit fugueur au milieu d’une mer de glace.
Des mères, mais avant tout des femmes qui, après les #MeToo et les #BalanceTonPorc, sont très présentes dans cette sélection 2019. Des femmes qui se luttent (dans tous les sens du terme) contre une société machiste dans Me Vas a Gritar?, qui tiennent à bout de bras leur vie dans Viktoría, qui refusent que leurs filles ne connaissent les même douleurs qu’elles dans Turning Ten, qui semblent égarées dans un univers onirique dans Blue d’Apichatpong Weerasethakul ou qui tentent tout simplement de vivre leur vie dans Prints.
Alors que les thèmes déjà très présents les années précédentes sont toujours au cœur des préoccupation des réalisateurs internationaux (Tracing Addai, documentaire animé faisant le portrait d’un ami d’enfance perdu de vu et devenu terroriste ; Yousef,portrait d’un cuisinier italien réduit par ses congénères à la couleur de sa peau), la compétition internationale nous emmènera cette année dans les surprenantes contrées de l’absurde, nous faisant prendre un recul salvateur sur les malheurs du monde : dans To Plant a Flag, Jason Schwartzman et Jake Johnson sont deux astronautes américains paumés au milieu des grands espaces islandais ; le président du Mexique qui attend avec impatience la fin de son mandat doit faire face au plagiat du drapeau de son pays dans Mamartuile ;un jeune homme et un robot se disputent la victoire d’une partie de ping-pong dans Twenty One Points.
Un voyage, encore et toujours, entre fiction et réalité, entre sujets forts et parenthèses de légèreté, c’est ce qui vous attend en février prochain au fil des 14 programmes de la compétition internationale.