Lunch avec Et ta prostate, ça va ?
Interview de Jeanne Paturle et Cécile Rousset, réalisatrices de Et ta prostate, ça va ?
Comment se sont passées les prises son pour Et ta prostate, ça va ?, y a-t-il une part documentaire ou est-ce un texte dit par des comédiennes ?
C’est totalement documentaire ! (Enfin, presque.) Nous voulions écrire un scénario autour des sujets de la communication familiale / de parler de sa sexualité / des discussions entre copines. Et comme nous ne savons pas écrire sans base documentaire, nous avons convoqué notre amie Cécile Mille (réalisatrice habituée à mettre en scène sa vie et donc à parler d’elle très librement) pour nous aider à trouver un sujet. Or, le dimanche soir où nous nous sommes vues, elle sortait de cette journée en famille, et m’a donc raconté l’histoire, telle quelle, en pensant à s’enregistrer avec son téléphone. La conversation durait 2 minutes 40. Nous avions notre sujet. Nous l’avons ensuite réenregistré pour obtenir un son plus propre, mais c’est la version originale que nous avons finalement choisi de garder.
Et ta prostate, ça va ? évoque les rapports intimes et la capacité de dialogue au sujet de ces rapports intimes avec ses parents, comment vous est venue cette question et pourquoi vouliez-vous la mettre en images ?
Cette question nous intéresse toutes les 2, toutes les 3 même, parce que nous avons, comme beaucoup de gens, du mal à communiquer sur pas mal de sujets avec nos parents et nous le regrettons.
C’est effectivement une question qu’on s’est souvent posée : comment parler d’intimité avec des proches et notamment des membres de la famille ? C’est souvent délicat, voire tabou. Parfois, on aimerait pouvoir plus le faire tout en gardant notre part de jardin secret.
Comment avez-vous conçu l’animation et pourquoi le rapport à l’eau ?
Nous avons tout animé nous-mêmes, à la main, au crayon et au pinceau sur papier. Le lieu de la piscine nous a tout de suite inspirées – créant un univers visuel loin de celui des 2 filles qui discutent. La présence de l’eau, des corps presque nus nous semblait un bon support pour exprimer des choses organiques, poétiques, aborder le fantasme et le rêve.
Y a-t-il toujours cet effet très doux dans votre animation ou avez-vous travaillé particulièrement cette douceur pour Et ta prostate, ça va ?
Le choix de la peinture comme technique accentue la douceur de l’animation. Nous avions envie cette fois d’un rendu plus léger, plus aqueux, moins réel. Le choix de la technique (et donc sa douceur) vient du sujet et de la durée du film.
Dans notre film précédent (Le C.O.D et le coquelicot (sélection nationale 2015), qui dure 24 minutes), nous utilisions beaucoup les papiers découpés, même si mixés à du dessin et de la peinture et le rendu est plus brut, plus lié à l’univers de l’école et de l’enfance.
Et qu’est-ce qui vous intéressait dans le rapport à l’homosexualité du personnage ?
Nous aimons bien l’ambiguïté du personnage, qui évoque à la fois ses fantasmes homosexuels et sa rupture amoureuse avec un homme. Cela nous parle, le fait que certains fantasmes ou rêves nous mènent dans des modes de sexualité différents de celle que nous vivons… que la ligne soit floue entre les étiquettes que nous posons sur la sexualité.
Quels ont été vos coups de cœur au cinéma cette année ?
La jeune fille sans mains et Brooklyn Village !
Si vous êtes déjà venu(e)(s), racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
On sèche pour l’anecdote. Ça fait trop longtemps qu’on est venues !
On est venues plusieurs fois, mais ces dernières années un peu trop vite. C’est toujours l’occasion pour nous de penser à un prochain sujet de film. On est fan des séances Ciné-piscine ! Et nous ne serons pas là cette année, mais on espère que le public rira pendant notre film et parlera de sexe au dîner.
Pour voir Et ta prostate, ça va ?, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F10.