Goûter avec Fok Nabo Distorio
Entretien avec Francesco Rosso, réalisateur de Fok Nabo Distorio
Votre film est basé sur des extraits de « Liivaterade Raamat », une composition de Liis Viira. Qu’est-ce qui vous a amené à construire des images sur cette musique ?
Récemment, je me suis fabriqué une boîte à lumière (pour l’animation de peinture à l’huile sur verre) et je me suis mis à m’amuser avec tout ce qui me tombait sous la main. Je me suis donc forgé une idée bien précise de ce que je voulais pour ce film. En même temps, j’ai vu beaucoup de concerts de musique classique et contemporaine estonienne à Tallinn, qui m’ont inspiré plein d’images. Liis Viira est une jeune compositrice qui fait aussi de l’animation, et après avoir écouté ses œuvres, j’ai décidé que « Liivaterade Raamat » serait le morceau idéal pour mon travail.
Ensuite, comment s’est fait le choix d’utiliser l’animation ?
J’ai réalisé ce film dans le cadre de mon Master en animation, donc le support était imposé. Cela dit, il ne me viendrait pas à l’idée de choisir un autre support pour illustrer un morceau de musique avec autant de liberté.
Quelles sont les techniques utilisées ? Les objets que vous avez utilisés ? Comment avez-vous filmé ces formes qui bougent ?
J’ai fait de l’image par image sous la caméra avec une superposition de plusieurs plaques de verre. Le film s’articule autour de trois actions : animer les objets ou la peinture, animer les sources de lumière et actionner la caméra manuellement.
J’ai utilisé des objets que j’ai trouvés dans l’atelier, des anneaux de métal, des engrenages, des lentilles de contact… principalement des objets de forme ronde.
Avez-vous écrit les lignes directrices à l’avance ou improvisé au fil de l’enregistrement ?
J’ai beaucoup expérimenté avant d’arriver à un résultat satisfaisant, puis j’ai mis le projet entre parenthèses pendant deux ans (pendant ce temps j’ai fait l’animation sur « Must Seeme-Black Seed »), puis, ayant pris de la bouteille en technique d’animation, j’ai réalisé Fok Nabo Distorio en trois semaines, tout en improvisation.
Les effets d’optique proviennent-ils de l’utilisation de lentilles de contact ou ont-ils été créés numériquement en post-prod ?
Les effets de couleur et d’optique sont uniquement créés sous la caméra grâce à une superposition de lentilles de contact.
Vous faites seulement de la vidéo, ou vous travaillez avec d’autres supports ?
Je travaille aussi la peinture, la photo argentique, la sérigraphie et l’illustration. L’animation est le seul support qui puisse contenir tous les autres à la fois, je fais donc plein d’expériences et je découvre plein de choses.
Quelles sont vos influences en cinéma et dans l’illustration ?
Mon influence principale, c’est toute la matière que j’ai ramenée de mes différents voyages depuis plusieurs années.
J’apprécie aussi le travail de différents artistes :
En cinéma, je dirais Walter Ruttmann, Len Lye, Hiroshi Teshigahara, Theodoros Angelopoulos, Sergei Eisenstein et Pier Paolo Pasolini.
Pour l’illustration, Antonio López García, David Hockney, Karin Mamma Andersson et Luc Tuymans.
J’ai toujours quelque chose en cours, en ce moment je me lance dans un court métrage d’animation autoproduit et une vidéo musicale d’animation, ainsi qu’une série de monotypes en mouvement.