Dîner avec Hopptornet (Le grand plongeoir)
Entretien avec Maximilien van Aertryck et Axel Danielson, réalisateurs de Hopptornet (Le grand plongeoir)
Comment vous est venue l’inspiration pour Hopptornet et comment avez-vous fait techniquement parlant ?
Notre challenge et notre souhait, quand on a travaillé sur Hopptornet, c’était de capturer précisément les images des gens dans un état vulnérable, une situation assez forte qui pouvait marcher sans une trame scénarisée de manière classique. On a fait une publicité en ligne et 67 personnes sont venues, qui n’étaient encore jamais montées à une hauteur de 10 mètres et n’avaient encore jamais plongé de cette hauteur. On l’a filmé avec six caméras et plusieurs micros. C’était important pour nous de ne pas dissimuler le fait que c’était une situation arrangée et c’est pourquoi nous avons choisi de laisser les micros visibles dans l’image.
Que disiez-vous aux participants avant qu’ils ne grimpent à l’échelle ?
Que nous étions autant intéressés par les gens qui décidaient de redescendre l’échelle que ceux qui sautaient !
Le fait de plonger est un vrai pas à franchir, pourquoi vouliez-vous travailler sur ce moment, juste avant qu’on ne se jette à l’eau ?
Notre objectif dans ce film était un peu une expérimentation psychologique : nous avons cherché à capturer ces personnes en train de se confronter à une vraie difficulté, à faire des portraits de sujets qui sont en situation de doute. Nous avons tous vu des acteurs jouer le doute dans les fictions, mais nous avons peu d’images réelles de cette émotion dans les films documentaires. Au final, presque 70% de ceux qui sont montés à l’échelle ont sauté. Nous avons remarqué que c’est la présence de la caméra ou d’une pression sociale (de la part de personnes qui attendent leur tour en bas) qui poussaient certains participants à sauter, ce qui rendait leur comportement encore plus intéressant.
Hopptornet pose aussi la question de la confiance, en soi, en ses proches, envers les ingénieurs en prévention des risques ayant posé la planche… Pourquoi avez-vous choisi ce sujet et pensez-vous le traiter à nouveau dans de prochains films ?
Dans nos films, que nous appelons souvent des études, nous aimons faire des portraits du comportement humain, plutôt que de créer nos propres histoires à partir de ça. Nous espérons que le résultat est une série de références qui font sens, sous la forme d’images mouvantes. Hopptornet se déroule en Suède, mais nous pensons que ça dit quelque chose d’essentiellement humain, qui transcende la culture et les origines. Notre capacité à dépasser nos plus grandes peurs grâce à notre courage unit toute l’humanité. C’est quelque chose qui nous a façonnés à travers les âges. Nous pensons totalement revenir à ce sujet dans nos prochains projets.
Quels ont été vos coups de cœur au cinéma cette année ?
Safari réalisé par Ulrich Seidl, Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin, Fuocoammare, par-delà Lampedusa de Gianfranco Rosi.
Pour voir Hopptornet, rendez-vous aux séances de la compétition Labo L5.