La Collection : « La Collection donne de la voi(e)x »
Retrouvez la Collection
Sur Canal + :le mercredi 1er février à 22h40, vendredi 3 février à 10h30 et dimanche 5 février à 3h30 sur Canal+ ; le dimanche 5 février à 16h05, le mercredi 22 février à 9h53 et le jeudi 23 février à 2h13 sur Canal+ Cinéma ; le mardi 7 février à 1h35 et le lundi 20 février à 4h52 sur Canal+ Décalé.
A Clermont-Ferrand, Ciné Jaude (jeudi 2 à 18h, 20h15 et 22h)
Dix ans tout juste que la Collection explore les territoires du court métrage. Cet anniversaire coïncidant avec un autre rendez-vous significatif, l’élection présidentielle, elle a eu l’idée à travers huit films et avec le soutien de huit personnalités motivées d’interpeller nos ami(e)s les politiques sur l’état de la citoyenneté et du vivre-ensemble dans la France de 2012.
En toute franchise, cette Collection montre plus la voie qu’elle n’élève la voix, les réalisatrices et réalisateurs sélectionnés pour traiter ce thème de la citoyenneté ayant adopté pour la plupart un ton mesuré, loin des invectives militantes, et c’est tant mieux. Julia Sanchez, donc, ouvre le ban en nous indiquant, avec le concours de Jean-Marc Barr , quel est le Boulevard Movie qu’il s’agit d’emprunter pour rencontrer des vraies gens. L’aspect documentaire prime pour elle tout comme pour Stéphane Mercurio – ce qui n’est guère surprenant de la part de cette dernière. Elle avait, il y a trois ans et demi, sorti en salles À côté, un film remarquable sur l’univers carcéral et, sans doute, cette expérience lui a inspiré Avec mon p’tit bouquet où elle fait de Zazie une surprenante visiteuse de prison. Une approche documentaire qui est également privilégiée par Céline Savoldelli quand, dans Ernest (45), elle s’interroge avec Gaëtan Roussel sur le sort des sans-abri.
Le paradoxe est aussi un excellent moyen de tordre, par le biais de la fiction, le cou à la réalité. Ainsi Annarita Zambrano imagine-t-elle avec Schengen que Claudia Tagbo se retrouve confrontée en plein cœur de Paris à une situation analogue à celle que connut Berlin quand elle était divisée en deux. L’usage d’un procédé paradoxal a en plus pour avantage d’égayer le réel d’une bonne dose d’absurdité. On ne dévoilera pas le problème psychologique (pour en préserver la saveur cocasse en cette période préélectorale) qui influe sur le comportement de Yann Barthès alias Arthur Flèche dans le film de Samuel Hercule. Quant à Fuck U.K. de Benoît Forgeard, son titre parle pour lui-même, surtout dès lors que cette apologie délirante de la xénophobie est faite par unGaspard Proust à l’humour pince-sans-rire.
Sur les chemins du vivre-ensemble, Ernesto Oña et Jérôme Genevraysuivent en apparence des parcours plus sages ou plus conformes à ce que l’on attend d’un court métrage. Le premier conte avec La Dette, dont l’actrice principale est Sabrina Ouazani, une histoire d’insubordination à la chute particulièrement savoureuse. Le second entraîne Linh-Dan Pham dans une romance décalée, Zombie chéri. Au final, tous ces films s’accordent sur un même point : l’évocation avec lucidité et pertinence d’un sujet « sociétal », sans prise de tête. En ce sens, on peut affirmer que cette Collection répond bien à son objectif de départ et qu’elle est donc à voir absolument.