Lunch avec La route du sel
Interview de Matthieu Vigneau, réalisateur de La route du sel
Pouvez-vous nous raconter la genèse de La route du sel ?
J’ai grandi à la campagne le long de la Loire et j’y vis encore. C’est un décor naturel assez magique, tantôt fleuve africain, tantôt bayou boueux. Comme dans beaucoup de zones rurales françaises, la précarité mais également les drogues dures s’y sont installées. Un jour, un gendarme fraîchement débarqué de la capitale me fit une confidence. Il était surpris que l’on trouve si facilement de l’héroïne en pleine campagne. J’ai donc eu cette idée de trafic de drogue fluvial. Puis en écrivant le scénario, je m’en suis détaché pour axer le récit sur une famille ou ce qu’il reste d’une famille.
La route du sel est un film peu bavard. Pouvez-vous commenter ce choix qui consiste à faire passer le sens du film d’abord par les images, et à réduire la part des dialogues ?
Pour être honnête, j’ai coupé quelques dialogues au montage. Les comédiens étaient très bons mais je sentais que certains dialogues ne servaient plus à grand-chose. Je pouvais être plus efficace en filmant leurs actions, leurs visages.
Le fait que le personnage central du film soit un personnage féminin est très intéressant, alors que les rôles de personnages impliqués dans des trafics sont traditionnellement plutôt masculins. Quelles sont les raisons qui ont motivé ce choix ?
Effectivement, il est souvent question de jeunes hommes lorsque l’on parle de trafic de drogue, j’ai donc pris le contre-pied. Aussi bien sur le choix d’une jeune femme comme personnage principal mais également sur les trafiquants, qui ne sont pas des jeunes de banlieue en BMW mais deux types qui pêchent, pas vraiment effrayants.
La présence centrale de la Loire est déterminante dans le film, au point de devenir presque un personnage de l’histoire. Avez-vous dès le départ décidé de faire du fleuve un élément-clef du film ?
Oui, dès le départ, la Loire jouait un rôle important dans le récit. Chaque personnage a son rapport personnel au fleuve jusqu’à ce qu’il devienne leur seul lien.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Bien sûr, le court métrage offre des alternatives artistiques, des essais, une vraie liberté et même la possibilité d’être mauvais. Le format du court métrage éduque et pardonne.
Pour voir La route du sel, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F8.