Dîner avec Le bruit du gris
Interview de Stéphane Aubier et Vincent Patar, réalisateurs de Le bruit du gris
Quelles techniques avez-vous utilisées pour concevoir l’animation ? S’agit-il uniquement de stop motion ?
Oui, principalement de la stop motion, mais aussi de la peinture animée pour la fresque sur le décor.
Le bruit du gris a-t-il été réalisé dans un cadre précis, avec des contraintes particulières ou avez-vous opté pour une unité de lieu pour des raisons scénaristiques ?
Ce film a été réalisé dans le cadre de la collection « Dessine toujours ! » produit par Canal+ et la seule contrainte commune à tous les projets était le sujet : la liberté d’expression, en référence à l’attentat de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015 (cette Collection a été diffusée à Clermont-Ferrand lors du festival 2016, ndlr).
Concernant le choix de l’unité de lieu, c’est pour des raisons scénaristiques mais aussi pratiques. Nous avons fait ce film à la fin du tournage d’un épisode de Panique au village : la rentrée des classes (visible dans le programme C3, ndlr). Nous avons opté pour le décor unique car nous n’étions plus qu’en équipe réduite et l’idée d’un plan fixe dans un décor unique était évidente : le décor monté, le chef opérateur installait les lumières et il ne nous restait plus qu’à animer. Nous nous sommes relayé à deux animateurs, toutes les 12 heures (Vincent le jour, Stéphane la nuit) , du mardi 10 novembre au samedi 14 novembre au soir. Nous avons donc animé non-stop durant 5 jours et avons terminé ce film le lendemain des attentats du Bataclan.
Pourquoi avez-vous opté pour les personnages de l’indien, du cheval et du cow-boy ?
Comme nous venions de terminer un tournage de Panique, nous avions toutes les figurines sous la main. Et puis, pour nous, ils représentent un peu tout le monde et n’importe qui.
Au fur et à mesure du film, d’autres personnages s’intègrent à la fête et ajoutent leurs participations en un grand mélange, quelle importance avait cette composition commune ?
L’idée était de faire participer plein de monde d’expressions différentes pour finalement terminer dans une fête commune : marier musique, littérature, danse, dessin, peinture et, dans un sens plus large, toutes les cultures.
Le bruit du gris décrit un univers en perpétuel mouvement, comme un va-et-vient entre le bruit et le silence, qu’est-ce qui vous intéressait dans la confrontation de ces deux aspects ?
Notre référence c’était Tango de Zbigniew Rybczyński mais, de manière plus générale, c’est l’idée assez simple qu’après l’orage vient le beau temps…
Enfin, pourquoi avoir choisi la couleur grise, généralement associée à la monotonie ou la fadeur ?
Justement, ce gris était absolument nécessaire pour représenter un monde triste, sans vie et qui contraste avec l’arrivée de personnages qui apportent leurs différentes manières de penser, de s’exprimer dans une multitude de couleurs.
Quels ont été vos coups de cœur au cinéma cette année ?
Jodorowsky’s Dune, Ma vie de courgette , The Nice Guys.
Si vous êtes déjà venus, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ? Sinon, qu’en attendez-vous ?
C’est notre première sélection à Clermont et nous en sommes très fiers. Malheureusement, nous ne pourrons pas accompagner le film au festival. On espère que le public sera gentil avec Cheval, Cowboy et Indien.
Pour voir Le bruit du gris, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F4.