Rétrospective thématique 2022 : Let’s dance!
Éditorial
Depuis ses débuts, la danse a été mise en lumière par le septième art, les pionniers du cinéma s’y sont tous employés (les frères Lumière, Méliès, Alice Guy, Pathé). Quoi de plus normal ? Le cinéma et la danse ont cette particularité de questionner et de renouveler sans cesse notre rapport à l’espace et au temps par le mouvement.
Les courts métrages autour de la danse proposent des points de vue étonnants, personnels, dramatiques, drôles, parfois nerveux voire explosifs. Cette rétrospective dresse un panorama éclectique de tous les styles de danse et de leurs origines.
Beaucoup de chorégraphes sont convoqués dans cette rétrospective, parce qu’ils font un travail autour de la danse remarqué et parce qu’ils s’intéressent également au cinéma et à l’image (Philippe Découflé, Oona Doherty, EN-KNAP, Jann Gallois, Mourad Merzouki, Mathilde Monnier, José Montalvo…).
Un grand nombre de types de danse sont également représentés : la danse contemporaine, la danse classique, la danse moderne, la danse de salon, la danse acrobatique, la danse africaine, la danse coréenne, le hip hop, le break dance, le krump, l’aérobique, les claquettes, le disco, l’électro, le jazz, le rock’n’roll, le tango, la sexxy dance. On danse pour une pratique artistique, pour rencontrer des gens, pour parler, se retrouver, s’amuser, se défouler, pour entretenir son corps. Chacun a ses raisons de danser et elles sont toutes personnelles, différentes, intimes. Mais à bien regarder cette rétrospective, au milieu de toutes ces motivations, il y a une récurrence qui apparaît persistante : ces films et ces danses sont des façons de lutter, de protester, de militer, de revendiquer.
Sisters
Les Indes Galantes
On pense à cet exilé afghan en Grèce, qui utilise la danse comme un vecteur d’intégration sociale (Journey Without a Map de Jill Woodward).
On pense à ces trois sœurs, soudées comme les doigts d’une main contre un autoritarisme malfaisant (Sisters de Daphne Lucker).
On pense à toutes ces descendances du 3 mars 1991 qui hantent beaucoup de films, une date qui a généré un nouveau type de danse, le krump, seule façon pour ces jeunes Afro-Américains de protester contre l’assassinat de leur confrère Rodney King. Assassinat qui ne cesse de résonner dans de nombreux films, à travers cette danse de ces jeunes d’Oakland (RIP Rich de Yoram Savion), cette adaptation de Clément Cogitore sur un air de Jean-Philippe Rameau (Les Indes galantes), ou ces enfants du Bronx de 14 à 25 ans assassinés (Never Twenty One du collectif Racine) et ce, d’autant plus depuis ce 27 mai 2020 et la mort de George Floyd.
On pense à cette danseuse irlandaise, dont les mouvements et le corps expriment une colère profondément ancrée dans ses origines populaires de Belfast (Welcome to a Bright White Limbo, documentaire de Cara Holmes sur Oona Doherty).
On pense à ces danseurs slovènes, qui à l’instar d’un film de Ken Loach, font raisonner une histoire industrielle d’une autre époque et dont le déclin a plongé des contrées dans la récession (Vashava de Saso Podgorsek).
L’ambition de cette rétrospective est d’emporter le spectateur à la découverte du mouvement qui, à sa manière, va remettre en perspective notre rapport au corps, à nos émotions, et au monde qui nous entoure.
La danse est un moyen d’expression, une façon de faire parler le corps, de s’exprimer voire d’évacuer des souffrances, exorciser des démons. Les confinements et couvre-feus ont révélé une pratique personnelle de la danse criante sur Internet et à travers les réseaux sociaux
L’adage de Pina Bausch : “Dansez sinon nous sommes perdus” n’a de ce fait jamais été aussi juste et aussi vrai.
Alors rejoignez-nous pour une parenthèse enchantée au cœur de l’hiver et vibrons ensemble au rythme des films que nous avons sélectionnés ! Comme le disait La Fontaine : “Vous chantiez ? j’en suis fort aise. Eh bien ! dansez maintenant.”
LE TRAILER
LA RÉTROSPECTIVE EN BREF
LES FILMS
Le focus
4 programmes rassembleront 35 films dansés et dansants.
L’occasion de redécouvrir, en autres, Le P’tit bal de Découflé, Tanghi Argentini de Guido Thys en copie restaurée ou le plus récent Zombies de Baloji.
Le P’tit bal de Philippe Découflé, sélectionné en compétition nationale du festival 1995 (France, 1993)
Le clip Room with a View, réalisé pour Rone
Collections
1 programme rassemblera les films de (LA)HORDE, collectif à la tête du ballet de Marseille, composé de Marine Brutti, Jonathan Debrouwer et Arthur Harel.
DES EXPOSITIONS
Le songe d’une nuit d’été de John Neumeier, 1991 © JM Gourreau – Centre National de la Danse
Photographies
Une première exposition hors les murs de photographies inédites pensée en collaboration avec le Centre National de la danse (avec les œuvres de Ricardo Suanes, Marion-Valentine et Jean-Marie Gourreau) sera à découvrir à la chapelle des Cordeliers.
Installation vidéo
Toujours à la chapelle des Cordeliers, s’ensuivra une deuxième exposition You’ve got the power! proposée avec Dan.Cin.Lab (festival de cinéma, danse et société), qui invitera ses visiteur·se·s à s’interroger autour des différents sujets de société à travers un parcours immersif.Cette installation est réalisée en partenariat avec THEORIZ Studio.
Arts plastiques
Pour finir, la traditionnelle exposition collective d’artistes clermontois·e·s se tiendra comme à son habitude dans le hall René-Cassin de l’Hôtel du département et s’intitulera Danseurs & Toiles.