Dernier verre avec Marie Boudin
Entretien avec Margot Barbé, réalisatrice de Marie Boudin
Marie Boudin est à un court métrage élégant, poétique et mélancolique. Quel est son point de départ ?
Le film est tout d’abord parti d’un personnage, Marie Boudin. En rentrant de l’école un soir, nous discutions avec un ami sur des prénoms et noms qui nous faisaient rire. Celui de Marie Boudin m’est resté en tête, il avait quelque chose de pathétique et touchant. J’ai commencé à la dessiner partout, dans de petites histoires, à écrire des histoires sur elle et sa bande de copains tordus. C’est un personnage qui me touchait beaucoup, que je connaissais bien. Elle est angoissée, maladroite, parfois en colère contre les obstacles de la vie qu’elle n’arrive pas à franchir. J’ai voulu faire un film qui la sortirait de son quotidien, de son confort, enfin de la confronter à ce qu’elle redoute, l’imprévu, l’inconnu, mais guider par une envie de sérénité.
Quelques mots sur la technique d’animation utilisée ?
Pour ce film, j’ai vraiment voulu garder une technique traditionnelle. Tout est en stylo noir sur papier. Il y a une forme de lâcher-prise graphique qui se rapproche de mes carnets de croquis. Je voulais épurer, simplifier, pour ne garder que l’essentiel. Je souhaitais garder de l’espace, de l’improvisation, jouer avec le vide.
Quelles sont vos œuvres de référence ?
J’ai beaucoup d’auteurs, d’illustrateurs et de réalisateurs qui traversent ma vie, mais bizarrement, pour ce film je n’ai aucune référence directe. Je pense que ce dont j’ai essayé de m’approcher le plus en termes d’atmosphère se rapproche de film comme Le congrès de Ari Folman, ou bien de la suggestion et de la finesse des films de Yoriko Mizushiri et surtout de la poésie du photographe Masao Yamamoto.
Votre film sera projeté à la cinémathèque en février 2020. Que pensez-vous de la visibilité du court métrage en France ?
Je suis très fière que mon film passe à la cinémathèque, c’est un lieu important du cinéma, tout comme ce festival. Pour l’instant, Marie Boudin a été projeté dans 4 festivals et événements en France, je trouve que c’est une bonne route déjà. J’espère que cela va continuer, ainsi qu’à l’étranger.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées ?
Les contraintes de temps de production et de la durée du film ont été essentielles pour l’écriture. J’ai tendance à partir dans beaucoup de directions différentes mais je n’avais que 6 mois pour faire ce film, j’ai donc dû faire des choix et me poser des questions essentielles sur ce que je voulais raconter, évoquer et transmettre. Marie Boudin fait partie d’un univers large, sans cette contrainte je ne pense pas qu’il y aurait eu un film. Évidemment, il y a plein d’autres éléments que je n’ai pas eu le temps de mettre dans ce film, mais je garde ces envies pour mes prochains films.
Pour voir Marie Boudin, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F12.