Lunch avec Mustererkenntnis (La connaissance des formes)
Entretien avec Thorsten Fleisch, réalisateur de Mustererkenntnis (La connaissance des formes)
Êtes-vous un adepte des expériences cinématographiques ? En avez-vous réalisé beaucoup comme cette histoire d’écrans surchargés à l’extrême ?
Je fais des courts métrages expérimentaux depuis plus de vingt ans. La plupart de mes films sont classés dans la catégorie animation expérimentale. Sur quelques-uns d’entre eux, il y avait déjà des images clignotantes et des lumières stroboscopiques, comme dans les films Energie! (2007), Picture Particles (2014), Superbitmapping (2000), Silver Screen (2000), Kosmos (2004) et Blutrausch (1998).
Qu’est-ce qui vous attire dans cette expérience ? Avez-vous d’autres projets qui évoquent le regard fixe ?
Pour ce film, je tenais à travailler avec du 60 images seconde. Cela ouvre plus de possibilités micro-rythmiques que le 24 ou 25 images seconde. Je voulais aussi voir et ressentir l’effet du 60 images seconde sur mes yeux. J’ai consacré d’autres films à la perception humaine, par exemple la notion de vitesse dans Dromosphere (2010). L’image floue d’un objet en pleine vitesse est vue comme une sculpture figée dans le temps, déformée par la vitesse et plus précisément par l’inertie de la perception humaine.
Comment avez-vous travaillé sur la structure globale et le choix des couleurs ? Et sur le(s) cadrage(s) ? D’où vient ce flot d’images pixellisées ? Les avez-vous créées ou transformées à partir de matière préexistante ?
Je me suis basé sur deux œuvres différentes. La première, c’était un film inachevé dont j’ai manipulé les images fixes pour les rendre complètement abstraites. De ces images, j’essayais de faire sortir des formes abstraites en les faisant tourner en boucle, en les classant ou en les animant. Cela a été le point de départ. Ensuite, j’ai pris des clips à 60 images seconde d’une lumière LED de différentes couleurs issue d’un synthétiseur modulaire que j’ai fabriqué moi-même. Les changements de lumière du LED sont très rapides et j’ai filmé avec plusieurs caméras et à différentes vitesses (de 25 à 240 images seconde). C’était pour la scène finale de mon premier long métrage, Flesh City, qui se terminait dans un tourbillon infernal de lumière stroboscopiques. Après avoir achevé Flesh City, j’ai eu envie d’aller plus loin dans cet enfer stroboscopique abstrait en remplaçant le 24 images seconde de Flesh City par du 60 images seconde. Cela a donné la deuxième partie de La connaissance des formes. Puis j’ai tenté de créer une ligne directrice qui amène de la première partie à la deuxième en racontant une histoire abstraite.
Diriez-vous que le format court vous a donné une certaine liberté ?
Certes, après avoir passé quatre ans sur un long métrage, ça m’a fait du bien de renouer avec le court. Cela m’a donné la liberté d’exploiter un thème plus vite, et plus librement aussi car je n’ai pas besoin de collaborer avec autant de gens. Mais ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde. J’imagine que la plupart des courts métrages du festival ont été réalisés avec des équipes plus conséquentes que celle de mon long métrage « fait maison ». D’ailleurs, pour ce genre de film expérimental, je pense qu’il n’y a que le court métrage qui marche. Il ne faut pas abuser des bonnes choses.
Quelles sont vos références ?
Ouh là là, il y en a trop pour pouvoir les citer.
Pour voir Mustererkenntnis (La connaissance des formes), rendez-vous aux séances du programme L5 de la compétition labo.