Breakfast avec One Small Step
Entretien avec Aqsa Altaf, réalisatrice de One Small Step
Qu’est-ce qui vous a inspiré pour raconter cette histoire ?
Le sujet principal de cette histoire c’est comment faire des choix difficiles – des choix qu’on ne peut pas forcément étiqueter bons ou mauvais. Travis a fait un travail formidable pour que ce sujet soit évident à chaque scène. L’émotion et l’humanité de ces scènes résonnaient avec moi – j’ai porté financièrement ma famille de cinq personnes pendant quatre ans. J’avais trois emplois, sept jours par semaine pour joindre les deux bouts. Chaque jour je me disais que les choses allaient s’améliorer si je travaillais plus dur jusqu’à ce qu’un jour je réalise que si je ne décidais pas de penser plus grand, je serais perpétuellement en train d’essayer de sauver le bateau qui coule. J’ai alors pris la décision de partir pour les Etats-Unis – une décision qui m’a semblé une énorme erreur au début mais s’est finalement avérée être la plus grande des bénédictions. Une décision qui m’a rempli de culpabilité au départ mais s’est trouvée être ma vocation. Grâce à cette vocation, ma famille et moi sommes dans un meilleur endroit à présent – physiquement et surtout mentalement. Le personnage principal de cette histoire doit faire un choix similaire à la fin du film – un choix qui va définir son futur un jour. Il est question de grandir et de réaliser qu’il faut choisir entre être défini(e) par les circonstances ou créer sa propre identité. J’ai ressenti immédiatement le besoin de raconter cette histoire et la préparation a rejoint l’occasion quand ce film m’est venu.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le casting des jeunes personnages principaux ?
Nous avons auditionné beaucoup d’enfants et fait une pré-sélection de quelques-uns pour un second tour et des lectures. Chacun a apporté une touche différente à l’ensemble et c’était excitant de voir comment chaque acteur a son propre filtre et a apporté quelque chose d’unique. La raison pour laquelle nous avons décidé avec les producteurs de choisir Charlie Reddix (qui joue Dasani) et Destiny Toliver (qui joue Avianna) c’est parce qu’ils incarnaient fidèlement ces personnages avec leurs caractères. C’est comme de voir les Dasani et Avianna du scénario prendre vie. Charlie et Destiny étaient supers tous les deux, des acteurs naturels qui savaient où aller. De mon expérience, les enfants acteurs habituellement sont guidés pour être acteurs à l’écran mais Charlie et Destiny étaient simplement des enfants doués pour ce travail, doués pour explorer les confins de l’univers créé par cette histoire.
Êtes-vous particulièrement intéressée par le réalisme social en tant que genre ? Quelles sont vos influences cinématographiques ?
Oui, le réalisme social est un genre qui m’intéresse beaucoup. J’ai grandi en tant qu’expatrié avec un minimum de droits au Koweit. J’ai vu des injustices sociales ouvertement pratiquées et plus je suis devenu conscient et informé à leurs propos, plus j’ai réalisé que nous avions le pouvoir d’apporter un changement. L’un des moyens pour ce changement auquel j’ai été exposé tôt était le film documentaire. C’est à partir de là que j’ai eu la passion de raconter des histoires qui disent quelque chose de la société dans laquelle on vit et qui ont des personnages « imparfaits », auxquels on peut s’identifier. Beaucoup de films et de réalisateurs m’ont influencé à travers les années – Paul Greengrass étant le nom qui me vient à l’esprit tout de suite. Le fait qu’il ait été journaliste est ce qui fait, je pense, que son sujet touche et que ses techniques cinématographiques sont uniques et remarquables. J’ai toujours admiré le naturel qu’il apporte dans ses films et son approche sur le travail de direction des acteurs. Bicycle Thieves (1948) et Short Term 12 (2013) sont deux films que j’ai étudiés quand je me préparais à filmer One Small Step. Ces deux films sont incroyablement humains et disent tant de choses sur ce qui s’est passé et se passe actuellement dans le monde. J’ai adoré le naturalisme apporté dans une structure narrative selon l’approche de Bicycle Thieves et admiré la simplicité de la tonalité centrée sur les personnages de Short Term 12.
Qu’avez-vous envie d’explorer à présent en termes de thématiques ?
J’adorerais continuer à faire des drames socio-réalistes. J’ai terminé d’écrire le scénario d’un long métrage à propos de la crise actuelle des réfugiés Syriens qui me tient à cœur. La prochaine chose sur laquelle je voudrais travailler est un thriller. Je veux explorer le genre et voir comment je peux combiner ce que je sais avec ce que j’apprends. Je suis très impatient de voir où cela m’emmène et ce qui va en ressortir.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Ce qui est exceptionnel avec le format court c’est qu’il te force à être créatif tout en étant structuré narrativement et en donnant assez d’information au public. Dans un temps limité, on est obligé de se demander comment exprimer A et B dans une seule séquence alors que le plus souvent le temps permet de rendre la séquence plus complexe et par conséquent plus intéressante. Le court métrage te permet aussi d’explorer ton style en tant que réalisateur et de trouver ce que ton for intérieur essaie vraiment de dire pour que quand tu réalises ton long métrage, tu sois bien prêt.
Participez-vous aux Espressos, aux conférences et à d’autres événements durant le Festival ?
Oui. J’ai hâte de prendre part à ces événements et rencontrer d’autres réalisateurs, de discuter de leurs courts et du réseau. Le festival de Clermont-Ferrand fait un travail sensationnel pour permettre cette chance aux réalisateurs.
Pour voir One Small Step, rendez-vous aux séances de la Compétition Internationale I12.