Dernier verre avec Per Tutta la Vita (Pour toujours)
Entretien avec Roberto Catani, réalisateur de Per Tutta la Vita (Pour toujours)
Que pouvez-vous nous dire de la genèse de votre film Per Tutta la Vita ?
Le film est né d’une réflexion portant sur la douleur que nous pouvons éprouver à la suite d’une rupture, ou plus généralement de la fin d’une relation et surtout, à notre incapacité constante à accepter cette douleur. L’idée de raconter une histoire d’amour à l’envers, en commençant par la fin de cette histoire pour arriver à son commencement et terminer le film sur la phase amoureuse, c’était pour moi un moyen de suggérer la nécessité de se rappeler ce qu’il y a de plus beau dans une relation.
Votre film semble s’intéresser aux émotions, et à l’idée de finitude, tout en restant dans la suggestion, sans jamais imposer un sens. C’est important pour vous de laisser au spectateur la liberté d’imaginer le sens de ce qu’il voit ?
Dans ma réponse à votre première question, je vous ai livré une interprétation du film. Cependant, cela ne se produit pas dans le court métrage. Il n’y a pas de clés de lecture et je préfère laisser, comme vous le dites, la liberté au spectateur d’interpréter le film via le filtre de sa propre expérience subjective. Je crois sincèrement que le cinéma se doit de stimuler continuellement l’imagination, au lieu de l’assoupir ou carrément l’éteindre.
Per Tutta la Vita donne l’impression de fonctionner sur les associations d’idées, il a la cohérence du rêve. Votre idée était-elle de mettre en images la manière dont la pensée procède ?
Je ne pense pas être suffisamment intelligent pour m’essayer à comprendre comment fonctionnent la pensée et les rêves ! Les associations d’idées, les métaphores, et les “flux“ d’images et d’idées se trouvant en elles sont mes moyens de “voir“ et “entendre“. Je n’ai, à ce jour, malheureusement pas trouvé d’autres moyens de m’exprimer.
J’ai lu que vous avez travaillé avec du plâtre pour réaliser ce film. Est-ce pour sa fragilité que vous avez choisi cette matière ? Pouvez-vous nous en dire plus sur cette technique ?
J’ai employé plusieurs techniques. Il y a de la craie, mais aussi des crayons de couleurs, des bâtonnets Oilbar (un mélange de pastels et d’huile), mais aussi l’emploi du burin et la pointe sèche. Jusqu’à présent, je ne m’étais jamais attardé sur la consistance des matériaux que j’utilise, mais votre lecture sur la fragilité qui en ressort me plaît beaucoup et il y a peut-être effectivement une relation à la fragilité que mes courts métrages ont souvent tenté de raconter.
C’est Andrea Martignoni qui cette fois a réalisé la musique de ce court métrage. Comment avez-vous travaillé avec lui ?
Andrea Martignoni a réalisé les sons sur ce film, mais aussi sur mon court métrage précédent La Testa tra le Nuvole (La tête dans les nuages). Travailler avec Andrea est quelque chose de très simple et très agréable. Il y a tout de suite entre nous une entente et une vision communes sur notre travail. Quand je travaille sur mes films, pendant la conception des séquences animées, j’imagine toujours les sons qui accompagneront certains mouvements. Je transmets alors ces “suggestions sonores“ à Andrea qui a la patience et surtout la capacité et le talent de pouvoir les retranscrire, les interpréter, les transformer et les réinventer complètement, en parvenant toujours à créer les sons parfaitement accordés aux images.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Le court métrage est l’unique format sur lequel je peux et sais travailler. La brièveté, et donc la nécessité d’être concis et synthétique, me permet de canaliser et véhiculer le flux de mes pensées pour parvenir enfin à les exprimer.
Per Tutta la Vita (Pour toujours) a été projeté en compétition nationale.