Lunch avec Poussière
Interview de Clémentine Carrié, réalisatrice de Poussière
Pourriez-vous nous expliquer votre choix de titre ?
Ce court-métrage raconte l’histoire d’une rupture, et plus précisément l’histoire du deuil de cette relation amoureuse. Le titre Poussière évoque à la fois l’acte même de cette déchirure : le fait de « mordre la poussière » ; de « tomber en poussière » ; et ce qu’il reste ensuite : le vide et ces seules traces – cendres – d’un monde inanimé.
Parlez-nous des croquis.
Ces croquis sont extraits de carnets/journaux personnels que je remplis au quotidien. Ce sont des corps dessinés – uniquement des corps – qui plongent les textes et les photos dans une introspection, une reconnexion aux sensations déroutantes et très subjectives de l’amour et de sa rupture.
Pourquoi avoir fait le choix de chuchoter ?
Ce film est comme une lettre ou un aveu qui s’échappe de soi pour dire adieu. Alors très intuitivement cette intimité, pour se dévoiler sans pudeur et atteindre sans violence, avait besoin d’une attention et d’une écoute que le chuchotement permet.
Votre court est libellé « documentaire ». Comment le qualifieriez-vous ?
Il me semble que Poussière est libellé « fiction expérimentale ». Mais cette question est très juste. J’ai longuement hésité avant de lui donner un genre ou libellé. C’est que ce projet est à la frontière de plusieurs arts. Et alors qu’il s’inspire et se situe très clairement dans le réel, le projet est pourtant très narratif. Ma démarche a été de disséquer mon quotidien pour le mettre en forme, le romancer, le faire comprendre et le donner aux autres. En ce sens, pour moi, il s’agit de fiction.
Quels sont vos futurs projets cinématographiques ? Aimeriez-vous explorer d’autres styles et genres au sein de l’animation ?
Je suis en écriture de deux prochains films : un court-métrage qui raconte comment, sur un court week-end, un couple voit surgir les fantômes de leurs histoires passées ; et un long métrage qui, situé sur une île magnétique, confronte une communauté insulaire à la force de la nature. Dans ces deux projets j’ai envie d’explorer et de m’amuser d’autres styles, images (notamment en animation oui) et sons. C’est une source incroyable de mise en parallèle, en contact ou en confrontation et qui permet donc de créer un sens et/ou une sensation bien plus complexe.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Avant toute chose, le format court-métrage m’a permis de lâcher prise : la largeur du spectre filmique et l’expérimentation y sont incroyables. J’ai donc pu créer en évitant une pression extérieure de résultat et/ou de forme. C’est une telle richesse !
Pour voir Poussière, rendez-vous aux séances de la compétition nationale F2.