Dernier verre avec Premier amour
Entretien avec Haris Raftogiannis, réalisateur de Premier amour
Pourquoi vous êtes-vous penché sur le thème du désir ?
Aimer et être aimé, c’est un sujet qui me touche beaucoup. L’amour est un acte politique, comme le dit un de mes amis. Faire un film sur le côté sarcastique de l’amour nous a intéressés, moi et Nikos Vavouris, le monteur du film, dont la contribution a été cruciale. Le point de départ a été cette image mystérieuse de deux chiens collés l’un à l’autre quand ils font l’amour. C’est une image qui symbolise l’unification, l’accomplissement – et en même temps, l’inachèvement, quand les chiens tentent de se défaire l’un de l’autre et de s’enfuir. Le désir sexuel est présent dans la nature. Même si les humains tentent souvent de le cacher. Dans un sens, ce film évoque cette confusion que fait l’humain entre l’instinct animal et le politiquement et socialement correct.
Qu’est-ce qui vous intéressait le plus, la question de la solitude ou celle de l’acte sexuel sans affection ?
Je ne sais pas trop. Le film parle de solitude et du besoin d’amour. On a l’impression que ces deux personnes sont comme deux vierges, deux personnes à vif en recherche d’amour, qui n’arrivent pas à s’exprimer clairement. D’ailleurs, je pense qu’on ne fait rien sans affection.
Pourquoi avoir situé l’histoire le soir dans cet environnement de grisaille ?
La nuit, tout est plus calme, plus intime. Comme dit la chanson, la nuit appartient aux amoureux (« because the night belongs to lovers »). À l’origine, nous voulions faire un film noir et blanc. Résultat, il est multicolore. La palette de couleurs est très large. D’une part, il y a ce terrain de basket en plein air, très gris, qui fait penser à une cage. Mais plus globalement, ce terrain fait partie d’un grand parc rempli de grand arbres. Et entre les deux, il y a la lumière rouge et bleue des images d’archives.
Avez-vous tourné les scènes avec les chiens ou utilisé une matière préexistante ? Combien de temps vous a-t-il fallu pour les choisir ?
Ces images nous proviennent principalement de propriétaires d’animaux. Nous en avons contacté beaucoup. Ces rencontres ne nous ont pas pris plus de sept jours, mais le choix et le montage des images a pris bien plus longtemps.
La franchise du chien vaut-elle mieux que la lascivité du chat ?
Que ce soit chez les humains ou chez les animaux, à chacun son style. Chacun choisit ce qui lui convient le mieux.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées ?
La pression est sans doute moindre que pour un long métrage, où les budgets sont bien plus importants. On peut prendre plus facilement des risques en court métrage. Mais bon, en théorie. À chacun de choisir s’il veut prendre des risques ou pas, quels que soient les formats ou les budgets.
Quelles sont vos références ?
Elles sont très variées. Tout ce qui est authentique est une référence potentielle. Pour ce film, mes références ont été les conversations avec ma compagne en promenant son chien. D’un point cinématographique et spirituel, ça peut paraître étrange, mais ma référence principale est le film Persona de Bergman.
Pour voir Premier amour, rendez-vous aux séances du programme F6 de la compétition nationale.