Retour des rencontres avec les scolaires : résidence d’écriture de scénario à Clermont-Ferrand 2024
Rencontres entre Thomas Soulignac (scénariste et réalisateur en résidence) et des élèves/étudiant.e.s d’établissements scolaires de Clermont-Ferrand.
Thomas Soulignac travaille actuellement sur son premier long métrage En attendant le miracle dans le cadre de la neuvième édition de la résidence d’écriture de scénario de court et long métrage à la Villa Sabourin (Clermont-Ferrand). Ce film arrive à la suite de deux courts métrages produits dont Bruits blancs, qui a été sélectionné en compétition nationale au festival du court métrage de Clermont-Ferrand en 2021. Cette résidence court du 4 mars au 18 avril 2024.
8 Interventions
209 élèves/étudiant.e.s
1 établissement du premier degré
5 établissements du second degré
2 établissements supérieurs
« Durant les six semaines qu’a duré ma résidence d’écriture au sein de la Villa Sabourin, j’ai pu participer à des temps d’échanges en milieu scolaire avec les élèves. Si j’ai d’abord cru que l’exercice serait une simple contrepartie à ma sélection, j’ai vite réalisé qu’il s’agissait également d’une occasion unique de partager des discussions autour de ma profession. Au point de nourrir même ma propre réflexion sur ma pratique, sur la manière de l’exposer, la réfléchir, l’imaginer.
Voici quelques ressentis non exhaustifs de certains temps d’échanges, qu’il me semblait important de témoigner. »
Thomas Soulignac
Rencontre avec les élèves de l’école primaire Charles Perrault
Une pluie de questions, des bras levés dans tous les sens, pour tous les sujets de questions, des fonds verts dans les effets spéciaux à la collaboration avec les comédiens sur un tournage. Et toujours cette même façon avec les plus petits de revenir à l’essentiel : ce que j’aime dans mon métier, ce qu’il provoque en moi. Une élève réalise que je peux écrire sur absolument tous les sujets que je veux. Moi-même, je m’en étonne : je ne me l’étais jamais formulé ainsi : oui, je suis libre de travailler sur tout, absolument tout. Pour être honnête, j’avais toujours ressenti cette liberté sans la conscientiser directement.
Je me risque à partager l’histoire de mon long métrage, de solliciter quelques idées, et elles fusent. Chaque main levée est, à sa manière, une piste à suivre tout à fait crédible dans mon histoire. Je suis ravi de l’aspect de jeu d’imagination que prend la séance, le tout cadré par un enseignant qui ne manque pas de créer de la participation et de valoriser les ressentis de chacun.
Rencontre avec les élèves du Collège Albert Camus
Faut il garder son âme d’enfant pour créer ? Est ce que la critique vous touche ? Très vite, parmi les collégiens, ce sont des questions extrêmement intimes qui occupent l’espace, me poussant naturellement à me dévoiler. Le moment de partage est drôle, unique. Malgré la différence d’âge, le ressenti des élèves et le mien se retrouvent sur la question de la création d’histoires, ce qu’elles impliquent en termes d’émotions, de plaisir de jouer. Une nouvelle fois, une discussion presque plus aboutie que celles que pourraient se permettre des scénaristes professionnels entre eux.
Rencontre avec les lycéen.ne.s du Lycée professionnel Roger Claustre
Puisque les élèves se préparent à un domaine technique a priori très éloignés des métiers du cinéma (l’aéronautique), la curiosité des élèves s’est très vite portée sur les spécificités précises du métier de scénariste : temps de travail, délais, rémunérations, ses particularités sont parfois dures à expliquer. Mais le faire avec autant d’attention des élèves m’a permis de mettre en regard ses spécificités parfois abstraites, parfois injustes (absurdes?), parfois épuisantes. L’occasion de mettre en regard ma propre pratique de manière totalement inattendue. Chose que je n’ai plus l’habitude de faire, côtoyant la plupart du temps un milieu qui, comme moi, en connaît les principaux rouages.
Rencontre avec les lycéen.ne.s du Lycée Ambroise Brugière
Une rencontre passionnante avec des étudiants eux mêmes impliqués dans des enjeux de création, autour de films qu’ils doivent rendre à la fin de l’année. En prenant le temps d’échanger, la conversation s’articule autour de leurs projets. Des doutes inhérents à la création, des difficultés à faire équipe, à l’écriture ou dans la planification concrète de la fabrication du film. Le simple fait de verbaliser mes propres doutes et leur absolue normalité semble déclencher d’autant plus de prises de paroles.
Rencontre avec les étudiant.e.s de troisième année de licence d’Art du spectacle (Université Clermont Auvergne), les lycéen.ne.s de la Cité de tous les talents et du Lycée Jeanne d’Arc
En partant de la question de comment étaient “consommés” les films pour chacun des élèves, nous nous mettons à discuter du marché du cinéma. Quels sont les films qui sortent en salle ? Pourquoi ? Que valent les plateformes proposant de la fiction en termes de création ? Sont-elles attirantes ou contraignantes pour un scénariste ? L’échange est aussi agréable qu’inattendu, sur un sujet qui déchire la plupart des scénaristes professionnels, et pour lequel – évidemment – chaque spectateur a aussi un avis à émettre. Le tout est absolument précis, dans une écoute commune qui nous pousse à aller au bout des idées, des échanges et des ressentis.
Ce projet de résidence est possible grâce à la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, le Ministère de la Culture et le CNC.
En savoir plus sur la résidence d’écriture de scénario court et long métrage
En 2015, à l’occasion de l’implantation de l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand au cœur d’un quartier en zone prioritaire, l’ENSACF et Sauve qui peut le court métrage, avec l’appui de la Direction régionale des affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes, développent une résidence d’écriture de scénario avec 2 ambitions :
- Accompagner au plus près la création cinématographique.
- Rayonner et fédérer sur un territoire en zone prioritaire.
Cette résidence est ouverte à toutes les écritures cinématographiques : documentaire, fiction, animation, expérimental, court ou long métrage.
MOYENS MIS À DISPOSITION
- Une bourse d’écriture de 3000 €
- Un espace de travail et de vie : la villa Sabourin, pour la durée de la résidence (200 m2, 2 chambres, bureau, projecteur vidéo, Wi-fi…)
- Un accès à la bibliothèque de l’école d’architecture
- Un accès au centre de documentation de La Jetée, centre unique au monde avec 155 000 courts métrages disponibles, 5 000 longs métrages, une documentation papier spécialisée sur le cinéma, l’intégralité des archives de l’INA, etc
ACCOMPAGNEMENTS PROFESSIONNELS
Un accompagnement à l’écriture assuré par Pascale Faure, consultante cinéma court et long métrage chez L’Œil en plus, Nicolas Ducray, scénariste et Jérôme Ters, membre de Sauve qui peut le court métrage.
Un accompagnement au développement en lien avec le scénario assuré par un rabbin, une couturière, un instrumentiste, un enseignant de musique…
En contrepartie, la résidence implique les lauréats à 8 interventions en classe lors de projections, échanges et ateliers en écoles, collèges, lycées et établissements supérieurs. Les lauréats abordent la création filmique, du scénario au montage en passant par l’inspiration et la question du point de vue.
Cette année, les interventions ont regroupé 227 élèves et étudiant·e·s de 8 établissements.