Retour d’expérience : résidence d’écriture de scénario à Moulins 2024
Rencontre avec Bertille Z et Hekuran Isufi, tou·te·s deux réalisateur·rice et scénaristes.
En 2024, pour la sixième édition de la résidence, ce sont Hekuran Isufi et Bertille Estramon qui se sont installés au printemps pour 6 semaines dans les locaux du Musée de l’Illustration Jeunesse à Moulins.
Ces deux cinéastes intimement liés au territoire avaient été sélectionnés et répérés en compétition au festival du court métrage avec leurs films de fin d’études.
Bertille Estramon avait présenté en 2021 son court métrage Chienne en compétition internationale. Elle est venue à Moulins pour écrire le scénario de son projet La Folie douce, une fiction autour de la question de l’appartenance, de l’adhésion ou pas à un groupe.
Hekuran Isufi avait quant à lui remporté le prix SACD de la meilleure première œuvre de fiction lors du festival 2023 pour son court métrage I Kemi Varros Baballarët (On a enterré nos pères). Il travaillera à l’écriture de son projet intitulé Le Ciel tombera mais d’abord tu danseras autour d’un jeune homme qui doit organiser les fiançailles de sa sœur… mais où tout ne se dérourela pas comme prévu.
La résidence est l’occasion pour les cinéastes de développer l’écriture de leur court métrage en s’appuyant sur un accompagnement personnalisé par des professionnel·le·s du secteur.
« Ce que je recherchais avant tout, c’était un cadre. Parce que je sais que sans cadre, j’ai beaucoup de mal à écrire. Être en résidence, dans une ville que je ne connaissais pas, sans mes amis et sans mes proches, où je n’étais là vraiment que pour écrire, c’était une opportunité exceptionnelle pour finir ce scénario, plus vite que prévu et beaucoup mieux que prévu. Parce que je n’aurais jamais pu travailler comme ça ailleurs. »
Hekuran Isufi
« Ce qui est parfait, c’est que les deux intervenantes sont hyper complémentaires dans ce processus.
Pascale Faure va avoir un regard beaucoup plus large, plus global, sur le propos, sur ce qu’on raconte vraiment avec cette histoire. Et Marie Belhomme arrive dans un deuxième temps, en étant très technique, très forte sur les détails.
Concrètement, c’est grâce à Pascale que j’ai pu transformer mes personnages et réorienter mon propos. Faire un film demande tellement d’endurance et d’énergie que si ce n’est pas un sujet qui nous colle totalement à la peau, ça va être compliqué de tenir sur la durée.
Lors de nos discussions, elle a soulevé des questions de fond qui m’ont permis de faire ressortir des envies, des motivations. Je me suis autorisée à franchir le pas et à partir dans des directions où je n’osais pas aller jusque-là.«Bertille Z
Bonjour, Pourriez-vous vous présenter rapidement ?
Hekuran Isufi : Bonjour, je m’appelle Hekuran. J’ai réalisé deux courts métrages, sélectionnés à Clermont-Ferrand en compétition nationale. Le premier, en 2023, s’intitule I Kemi Varros Baballaret (On a enterré nos pères) (ndlr : il a obtenu le Prix SACD de la meilleure première œuvre de fiction). C’est mon film de fin d’études à la Cinéfabrique. L’histoire d’un jeune expatrié, en vacances dans sa famille au Kosovo, qui demande à se recueillir sur la tombe de son père avant de rentrer en France. En 2024, c’était Dom Juan, réalisé dans le cadre d’une commande lancée par le théâtre des Célestins de Lyon, autour des spectacles de leur programmation. Et là, je travaille sur mon prochain court métrage, Le Ciel tombera, mais d’abord tu danseras !, qui va bientôt entrer en production j’espère.
Bertille Z : Bonjour, je m’appelle Bertille. J’ai présenté Chienne au festival de Clermont-Ferrand 2021, en compétition internationale, l’année du festival en ligne à cause du virus…. C’était mon film de fin d’études de l’Institut des Arts de Diffusion de Louvain-la-Neuve, en Belgique. L’histoire d’une jeune femme violée, qui part à la recherche de son agresseur : un film autour du sentiment d’injustice, avec un personnage féminin vraiment puissant. Entre-temps, j’ai autoproduit un autre court métrage qui va bientôt sortir, Fuir. Et là, je suis en train d’écrire un nouveau film que j’espère tourner bientôt, La Folie douce.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la naissance du projet, ce qui vous a donné envie de travailler sur ce thème ?
HI : Ce film est inspiré d’une histoire familiale. L’idée m’est venue alors que je devais m’occuper de la machine à fumée et des feux d’artifice, au cours des fiançailles de ma sœur. Et du coup, le scénario s’inscrit littéralement dans ce contexte. C’est un mec qui doit s’occuper de la machinerie utilisée traditionnellement au moment de la première danse, lors des cérémonies de fiançailles Kosovares. Sauf que c’est le chaos total et que sa sœur, la fiancée, est furieuse. Et le frère prend conscience à cette occasion d’un héritage religieux, culturel et familial qui le dépasse. Mais il ne faut pas que j’en dise trop quand même !
Comme dans mon précédent film, je joue énormément avec le rythme des situations et l’énergie des personnages.
BZ : L’idée du film me vient de deux envies très fortes. La première est de travailler avec des personnes sourdes, et même maintenant d’écrire un rôle principal pour un jeune personnage sourd. Un sujet extrêmement important pour moi. J’effectue un apprentissage intensif de la langue des signes, qui me passionne depuis un exercice filmé réalisé dans le cadre de mes études. Et je suis également fortement impliquée auprès des jeunes, en tant qu’éducatrice spécialisée avec de jeunes sourds, ou coach enfants sur des tournages.
La seconde envie consiste à ancrer l’histoire dans un lieu qui m’a fascinée quand je l’ai découvert l’année passée, dans une station de ski. La Folie douce est un restaurant / bar / boîte d’altitude hyper branché, basé sur un concept ciblant une population très guindée et très riche. C’est une énorme machine qui emploie chaque année huit cents saisonniers de douze nationalités différentes, répartis sur sept sites différents, avec des conditions de logement et de travail assez sommaires. Mon entrée dans ce monde va se faire grâce aux yeux de mon personnage sourd, qui va vivre sa première journée de travail.
Et ce qui m’intéresse plus particulièrement d’explorer ici, c’est à la fois la proximité entre deux populations, vacanciers fortunés et travailleurs précaires qui ne se seraient jamais rencontrés ailleurs et le mélange travail/fête non-stop. L’idée est que le regard naïf du personnage de Malcolm sur ce monde à priori très branché mais extrêmement codé, porteur d’une violence systémique destructrice, va amener le spectateur à se questionner sur où se situe vraiment la folie douce.
Vous avez été sélectionné·e·s au festival du court métrage de Clermont-Ferrand avec vos films de fin d’études. Comment ce projet s’inscrit-il dans vosparcours de cinéastes ?
HI : Pour mon premier court, j’ai énormément travaillé le fond. C’est un film lent, en plans fixes, qui parle de choses très personnelles. Sur le Kosovo, un pays marqué par la guerre, par son passé, un passé qui pèse sur la jeune génération qui n’a pas vécu la guerre en tant que telle, mais en subit les conséquences. Et sur l’immigration, en questionnant celles et ceux qui sont partis et veulent revenir et les autres, qui sont restés, mais veulent partir.
Pour Dom Juan, j’ai énormément travaillé la forme, en partant à contre-courant de ce que j’avais fait précédemment, en me détachant de l’intime. C’est une épopée dans un quartier de Lyon, autour de deux vendeurs à la sauvette au rythme de vie survolté. Il y a énormément de mouvements de caméras, des dialogues incessants entre les protagonistes, en différentes langues, avec de longs plans séquences et un montage frénétique.
Et là, pour celui que j’écris, je pioche un peu le meilleur des deux. Je prends le fond du premier en abordant un sujet très personnel. Avec la forme du deuxième, qui m’intéresse beaucoup plus, qui correspond mieux à mon style de cinéma. J’espère que c’est mon dernier court, parce que j’aurai un peu exploré tout ce que je souhaitais avec ces 3 premiers films.
BZ : De par mon parcours, cela fait très longtemps que j’ai envie de réaliser un film porté par des personnages sourds, mais je n’osais pas vraiment me lancer complètement.
D’un point de vue formel, j’y réfléchis depuis un moment, et déjà dans Chienne, il y avait très peu de dialogues, par exemple.
Mais là, je veux aller encore plus loin dans cette démarche, pour rendre compte de cet univers à l’écran, un exercice passionnant en termes de narration de de mise en scène.
Cette écriture se construit en résidence à Moulins. Qu’est-ce qui vous a motivé à candidater ?
HI : Ce que je recherchais avant tout, c’était un cadre. Parce que je sais que sans cadre, j’ai beaucoup de mal à écrire. Être en résidence, dans une ville que je ne connaissais pas, sans mes amis et sans mes proches, où je n’étais là vraiment que pour écrire, c’était une opportunité exceptionnelle pour finir ce scénario, plus vite que prévu et beaucoup mieux que prévu. Parce que je n’aurais jamais pu travailler comme ça ailleurs.
BZ : J’étais dans une motivation similaire. C’était vraiment un besoin de cadre. Je vis à Bruxelles où je connais beaucoup de monde, où je travaille sur pas mal de tournages en tant que coach enfant et c’est très compliqué de m’extraire du rythme de mon quotidien pour me mettre dans cette transe nécessaire à l’écriture. C’est beaucoup plus simple dans un endroit qu’on ne connaît pas, où la seule mission à accomplir est de produire un scénario. Au bout du deuxième jour, naturellement, j’ai senti que j’avais basculé dans cet état où seul importe d’écrire, sans se préoccuper du reste.
Je savais que c’était nécessaire à ce moment-là du projet, pour effectuer la première étape qui est toujours la plus difficile pour moi : la sortie de terre. Et oui, ça a vraiment porté ses fruits !
C’est la première fois que vous participez à une résidence d’écriture ?
BZ : Moi, oui.
HI : À La Cinéfabrique, j’ai participé à des travaux d’écriture accompagnés par un intervenant, mais en visio, jamais physiquement en résidence.
À quelle étape de la construction du récit étiez-vous en arrivant à Moulins ?
BZ : J’avais candidaté avec quelques pages, une simple idée de film qui me trottait dans la tête depuis quelques mois. C’était en septembre. Entre-temps, j’ai travaillé sur trois tournages et du coup, je n’avais touché à rien de plus avant d’arriver. J’attendais la résidence avec hâte pour pouvoir vraiment m’y mettre à fond. C’était vraiment le tout, tout début de l’écriture pour moi et comme je l’ai dit tout à l’heure, Moulins a véritablement permis au scénario de sortir de terre.
HI : Moi, c’est assez drôle. J’avais une version dialoguée avant de postuler. Et j’ai vu que pour le dépôt, il fallait avoir un synopsis détaillé. Du coup, j’ai repris mon projet et j’ai rédigé un séquencier pour tenter la résidence. Au final, ça m’a beaucoup aidé parce que j’ai eu un autre point de vue sur mon scénario. J’étais très avancé dans l’écriture en arrivant, mais je commençais à peiner, je n’arrivais plus à prendre de recul : j’avais donc un besoin urgent de regards extérieurs.
Quand vous arrivez, vous vous fixez un objectif pour les six semaines à venir, vous vous dites…
HI : Il faut que le scénario soit bouclé, qu’il y ait une note d’intention, et un mood board – que je n’ai pas eu le temps de concevoir, mais en même temps, Je ne suis pas très fan de mood board – afin d’être vraiment prêt pour envoyer une demande d’aides financières. J’y suis presque, il me faut encore une petite semaine je pense, mais avec mes producteurs maintenant, quand je rentrerai à Lyon.
BZ : Moi, mon objectif, c’était d’arriver à une première version dialoguée. Et c’est ce que j’ai fait. Ce n’est certainement pas une version définitive. Mais il faut toujours avoir cette version zéro, avec énormément de défauts, et partir de cette base pour bâtir le reste. Et là, ça y est, je l’ai.
Par rapport à ce qui était dans vos têtes au début, comment le projet s’est transformé ?
BZ : La grande transformation, chez moi, c’est le personnage principal. À la base, c’était une fille fragilisée et traumatisée qui arrivait à la Folie douce. Et c’est par son regard qu’on rentrait dans ce monde. Là, j’ai fait bouger mes personnages. Cette fille est devenue un personnage secondaire maintenant. Et le nouveau personnage principal est son opposé : c’est désormais un sourd, au caractère naïf, qui va découvrir cet univers.
HI : Moi, c’est au niveau de la structure qu’il y a eu des changements. Lors des premières lectures, les deux intervenantes ne comprenaient pas trop les sentiments des personnages. Pour elles, il existait un gouffre entre ce que je racontais du film à l’oral et ce qu’elles découvraient dans le scénario. Pareil, je leur décrivais une ambiance chaotique, voire même totalement « bordélique », mais ça ne l’était pas franchement au niveau de la narration. Comme si les personnes, les situations et les enjeux n’étaient pas les mêmes.
Du coup, j’ai retravaillé beaucoup de dialogues, où les gens se coupent sans cesse la parole. Et j’ai créé beaucoup plus de mouvements, en décrivant vraiment les séquences comme j’imaginais les filmer. Cela fait pas mal de changements au final, tant dans la structure que dans la forme. Mais le fond de l’histoire, je ne l’ai pas trop touché.
Vous dites que les intervenantes vous ont permis de comprendre ce qu’il était nécessaire de transformer dans vos scénarios. Comment avez-vous été accompagné·e·s ?
HI : La première semaine, on a travaillé avec Pascale Faure, qui nous a fait des retours sur le scénario, de façon plutôt globale. Et puis on a eu deux semaines pour récrire librement au vu de ses retours et des pistes de travail proposées. Ensuite, on a eu une autre intervention avec Marie Belhomme, qui m’a énormément aidée en s’intéressant vraiment aux détails.
C’était sur la fin, j’avais besoin de ça. Elle a littéralement sorti mon scénario qui faisait trente pages, elle avait pris des notes sur tous les détails, sur tout ce qui selon elle, ne fonctionnait pas. Et moi, soit je prenais, soit je laissais. J’ai beaucoup appris, et c’était très utile d’avoir ce temps avant la fin de la résidence. Je leur ai envoyé une autre version en fin de semaine dernière et j’ai reçu un retour hier. Belle conclusion pour ce séjour !
BZ : Mêmes interventions pour moi, mais j’étais vraiment au tout début du projet. Une période dans l’écriture toujours très fragile. Où il faut faire extrêmement attention aux retours, jusqu’à ce qu’on trouve vraiment LE truc et qu’on saisisse l’essence du film. Ce qui est parfait, c’est que les deux intervenantes sont hyper complémentaires dans ce processus.
Pascale Faure va avoir un regard beaucoup plus large, plus global, sur le propos, sur ce qu’on raconte vraiment avec cette histoire. Et Marie Belhomme arrive dans un deuxième temps, en étant très technique, très forte sur les détails.
Concrètement, c’est grâce à Pascale que j’ai pu transformer mes personnages et réorienter mon propos. Faire un film demande tellement d’endurance et d’énergie que si ce n’est pas un sujet qui nous colle totalement à la peau, ça va être compliqué de tenir sur la durée.
Lors de nos discussions, elle a soulevé des questions de fond qui m’ont permis de faire ressortir des envies, des motivations. Je me suis autorisée à franchir le pas et à partir dans des directions où je n’osais pas aller jusque-là.
Est ce qu’il y a eu d’autres rencontres pendant la résidence qui vous ont permis d’avancer sur vos projets ?
HI : Pour moi, c’était assez compliqué, car le film est très personnel. Donc je n’en avais pas vraiment besoin. J’ai puisé dans les relations avec mes proches, ma famille.
BZ : Déjà, on a bénéficié d’un accès à la base de données de Sauve qui peut le court métrage et on a récupéré des listes de films en relation avec les thèmes que l’on aborde.
HI : Ha oui, j’en ai vu pas mal aussi.
BZ : Ensuite, j’ai eu un contact avec une personne qui a travaillé très longtemps en tant que saisonnier dans les Alpes, ce qui m’a beaucoup aidée pour écrire. Je pensais exagérer certains aspects, quand je parlais des conditions de travail ou d’hébergement notamment. Mais j’ai découvert en discutant que j’étais loin du compte, que je pouvais relater les situations auxquelles je pensais. Et j’ai rencontré Fabienne Jacquy (ndlr : traductrice en langues des signes qui intervient lors des débats au festival du court métrage). On a beaucoup échangé, c’était très riche et en plus, grâce à elle, j’ai pu côtoyer un jeune sourd non implanté âgé de 20 ans qui habite à Clermont-Fd. Ce qui nourrit fortement les caractéristiques de mon personnage principal.
Et là, quelles sont les prochaines étapes ? Pouvez-vous dès à présent envoyer un dossier pour demander des financements ?
HI : Un dernier temps de travail est nécessaire avec mes producteurs avant les dépôts de dossier auprès de financeurs. On poursuit notre collaboration avec Adèle Galliot et Florian Séjourné, étudiants avec moi à la Cinéfabrique, qui ont créé Tchik Tchik Production.
Il faut bien fignoler la note d’intention, apporter quelques détails sur le scénario, préparer un mood board d’ici juin juin pour solliciter une demande d’aide à la production auprès de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Comme j’adore filmer dans Lyon et que tous les amis avec lesquels je tourne sont Lyonnais, je rêve de faire ce film à Lyon avec eux. Toute l’histoire se passe dans une salle de mariage, on pourrait donc tourner n’importe tout, mais j’ai ces préférences de lieu et d’équipe.
BZ : Le projet est moins avancé pour moi. Il faut encore effectuer un gros bloc d’écriture pour avoir un scénario vraiment abouti. L’idée serait de déposer un dossier pour une aide à la production en Belgique en septembre. J’ai un producteur belge qui m’accompagnera sur ce tournage et on va faire une coproduction avec la France pour tourner dans les Alpes. Il faudra qu’on continue d’échanger sur ce sujet après la résidence, que vous m’aidiez à rencontrer des producteurs français.
HI : Mes producteurs peut-être !
Vous avez passé six semaines dans une ville que vous ne connaissiez pas. Comment s’est passée la vie au Musée de l’Illustration Jeunesse ?
BZ : Franchement : trop bien ! Le cadre est incroyable, on loge dans un appartement situé dans le MIJ, un ancien hôtel particulier, avec un très bel accueil et une grande disponibilité de la directrice, Yasmine Laïb-Renard, et de son équipe. Et finalement, la colocation s’est très bien passée ! On a chacun fait notre vie, on a des rythmes différents, Hekuran écrit la nuit et moi le matin, mais on est quand même devenus des potes ! Surtout que Moulins, c’est vraiment la bonne taille de ville pour écrire. Il y a moins de distractions qu’à Bruxelles, on peut faire nos petites courses à pied, on est à dix minutes du fleuve, on peut faire des grandes balades. C’est hyper agréable, ce mix ville-nature. Je n’ai pas ça chez moi. Pour écrire, c’est tellement ressourçant.
HI : Tout pareil que Bertille, j’ai adoré le cadre et l’accueil bien sûr, avec un gros coup de cœur pour les balades au bord de l’eau, puisque j’ai énormément marché en réfléchissant au scénario. On est très proche de la nature, beaucoup plus qu’à Lyon.
À Moulins, il y a aussi une structure qui s’occupe de son, de musique, de bruitages. Avez-vous pu commencer à réfléchir à ces aspects avec le responsable, Théophile Collier ?
BZ : Les Studios Palace, c’est un lieu incroyable pour travailler sur la post-production son, encore plus avec leurs nouveaux espaces. On y a organisé une projection de nos films dans l’auditorium, suivie d’une rencontre avec le public.
Mais clairement, je n’étais pas assez avancée dans mon travail d’écriture pour déjà penser cet aspect. C’est vraiment quelque chose que j’aurais adoré faire avec Théophile, surtout pour ce film où il y a un personnage principal sourd, une ambiance de neige, donc plein de prétextes pour s’amuser au son. Mais malheureusement, il fallait que je me concentre sur la rédaction du scénario.
HI : J’étais plus avancé dans l’écriture, mais tout de même pas encore prêt à travailler le son. Sur mes films précédents, j’ai vu cette partie avec une amie qui a fait la Cinéfabrique aussi. On réfléchira donc à ça ensemble, beaucoup plus tard. Mais les Studios et l’accueil de Théophile sont hyper importants dans le cadre de la résidence, pour échanger, rencontrer du monde, se divertir.
Propos recueillis par Stéphane Souillat le jeudi 11 avril 2024
Ce projet de résidence est possible grâce à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Département de l’Allier, DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, le Ministère de la Culture et le CNC.
En savoir plus sur la résidence d’écriture de scénario court et long métrage
L’association Sauve qui peut le court métrage et les Musées départementaux de l’Allier ont organisé durant les mois de mars et avril 2023 (sur 6 semaines consécutives) à Moulins, une résidence d’écriture de scénario de court métrage de fiction, cofinancée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et le CNC, et en partenariat avec Les Studios Palace avec pour objectifs :
- Accompagner la création cinématographique.
- Ancrer sur le territoire régional des auteur·rice·s remarqué·e·s en leur faisant découvrir les aides à la création proposées et les ressources locales (décors, prestataires, dispositifs d’aide, etc.).
Cette sixième résidence était ouverte aux réalisateur·rice·s francophones dont l’œuvre a été sélectionnée au festival du court métrage de Clermont-Ferrand entre 2021 et 2023, dans une des trois compétitions (nationale, internationale, labo) ou dans un programme hors-compétition (Jeunes publics, Films en Région, Regards d’Afrique, Pop-Up), ainsi qu’aux réalisateur·rice·s soutenu·e·s par le Fonds d’aide à la production cinéma et audiovisuelle (FACCAM) pour un court métrage sur les 3 dernières années.
MOYENS MIS À DISPOSITION
- Une bourse d’écriture de 3 000 € versée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes en début de résidence.
- Un accès aux connaissances et contacts des personnels des Musées départementaux (Musée de l’Illustration Jeunesse, Maison Mantin, Musée Anne-de-Beaujeu) et du réseau Lecture publique : personnels scientifiques et techniques, médiateurs, conférenciers…
- Un accès privilégié aux collections des musées en lien avec le conservateur et le responsable scientifique et aux ressources de la médiathèque départementale de l’Allier.
- Un accès au centre de documentation de La Jetée, centre unique au monde avec 155 000 courts métrages disponibles, 5 000 longs métrages, une documentation papier spécialisée sur le cinéma, l’intégralité des archives de l’INA, etc.
ACCOMPAGNEMENTS PROFESSIONNELS
Les intervenantes en écriture travaillent avec les résidents, à la fois à Moulins et en visioconférence.
Les membres de Sauve qui peut le court métrage répondent également à leurs sollicitations, à Moulins ou à Clermont-Ferrand et les accompagnent lors de repérages de décors et rencontres d’experts thématiques. Stéphane Souillat et Fanny Barrot sont les référents pour l’équipe clermontoise.
Un accompagnement sur-mesure concernant l’écriture de scénario est assuré par Pascale Faure, consultante cinéma court et long métrage, au sein de la société L’Œil en plus et Marie Belhomme, réalisatrice et scénariste.
Chaque résident·e peut aussi échanger avec Théophile Collier sur des pistes de sons et musiques adaptées à leur projet de film.
Yasmine Laïb-Renard et l’équipe des Musées départementaux de l’Allier assurent le suivi au quotidien et la coordination des contacts en local.
Chaque résident·e bénéficie de rencontres spécifiques afin de nourrir son écriture.
En contrepartie des équipements et services offerts, il sera demandé aux résident·e·s de participer à des interventions (rencontres, ateliers… ) sur une demi-journée par semaine maximum.