Goûter avec Shab e Tavalod
Entretien avec Omid Shams, réalisateur de Shab e Tavalod
Comment avez-vous trouvé l’inspiration pour Shab e tavalod ?
L’imagination est la source de toutes les idées. En imaginant, on se rend capable de voir des choses qui ne sont pas réelles, on peut transformer le monde en ce qu’on aimerait qu’il soit. L’imagination est une partie très importante de notre esprit qui peut se développer à partir de notre quotidien, de nos rêves, de livres qu’on a lus ou de films qu’on a vus. Dans Shab e tavalod j’ai développé une expérience de ma vraie vie avec mon imaginaire. Une nuit, nous étions sur la route dans la voiture d’un ami et nous avons vus un homme en train de frapper une femme. Je suis allé aider la femme et mon ami est resté dans la voiture. J’ai découvert qu’ils n’étaient pas en train de se battre en fait. Après cela, je me suis dit « et s’ils avaient fait semblant de se battre et que cette mise en scène soit une arnaque pour agresser les voitures qui passent ? ». Et qu’aurait fait mon ami ? Se serait-il enfui ou serait-il venu m’aider ? Cette scène est restée gravée dans ma tête pendant un moment et avec l’aide de l’imagination, j’ai écrit Shab e tavalod.
À quel point est-ce difficile de gagner sa vie en Iran ?
Vraiment difficile. Le problème est que malheureusement en Iran les gens ne sont pas encore habitués au concept de court métrage et ceci car il n’y a aucun moyen de les montrer au public. Alors il n’y a aucun retour financier pour les réalisateurs, c’est pourquoi rassembler le budget de production est vraiment difficile. En comparaison avec le long métrage, dans les dernières années le court métrage a beaucoup évolué en termes de diversité des genres et de qualité alors si les autorités décidaient de lui donner une vraie place, les gens découvriraient cette industrie et on pourrait avoir des retours financiers sur la première oeuvre et faire les films suivants plus facilement.
Comment avez-vous travaillé les personnalités des deux personnages ?
C’est tellement important pour les scénaristes de connaître le contexte social du personnage pour se mettre à sa place et imaginer ce qu’il dirait ou ferait. Pour moi, afin de mieux connaître ces personnages, il faut que je m’imagine leur passé et que je leur écrive une biographie, j’ai même imaginé comment ils s’étaient rencontrés et durant plusieurs rencontres j’ai analysé ces personnages avec les acteurs afin qu’ils connaissent mieux « Ali et Ahmad ».
À quel point étiez-vous intéressé par la question de l’hypocrisie et de l’individualisme ?
Les gens sont compliqués et je pense toujours à cette complexité. Je crois que les gens ne sont pas ce qu’ils montrent d’eux-mêmes et qu’ils sont ce qu’ils ne montrent pas. Je pense que l’individualisme est la raison principale qui fait que les gens ont des problèmes entre eux, alors ce sera toujours un sujet important pour moi.
Comment avez-vous travaillé sur les non-dits et les sous-entendus dans les dialogues ?
Quand les dialogues correspondent au personnage qui les dit, l’audience va croire au film et si le personnage doit déclamer un concept, ce ne sera pas accrocheur pour le public. Au début, je pense à quelles informations je veux faire passer et dans quel contexte pour chaque scène, et ensuite j’essaie d’écrire les dialogues en fonction de la personnalité de ce personnage. Dans Shab e tavalod, comme les acteurs ont été castés en fonction de leur personnage, ils pouvaient eux-même faire des propositions que j’ai gardées. Dans le temps de l’écriture, me sont venues inconsciemment des scènes qui n’avaient pas besoin de dialogues et faisaient avancer l’histoire dans le silence le plus complet. Je pense que ces scènes-là sont fascinantes et accrochent le public.
Êtes-vous intéressé par la thématique de la confiance et pensez-vous faire d’autres films sur ce thème ?
Oui, mon nouveau court métrage, Eclipse de Lune, que nous venons de tourner, aborde cette question.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Oui. Le court métrage vous permet d’apprendre le courage. L’un des aspects principaux de liberté dans le court métrage est de pouvoir expérimenter et j’ai toujours essayé d’avoir le courage, dans mes courts métrages, d’expérimenter de nouvelles formes et de nouveaux concepts. Un autre aspect important est qu’en Iran nous sommes soumis à une censure dans le long métrage, mais dans le court métrage on a plus de libertés.
Si vous êtes déjà venu, racontez-nous une anecdote vécue au Festival de Clermont-Ferrand ?
Sinon, qu’en attendez-vous ?
Comme le festival de Clermont-ferrand est le plus grand festival dédié au court métrage, j’espère être dans un environnement propice à échanger avec d’autres réalisateurs et à rencontrer des producteurs, on m’a dit que ce serait le cas. Et j’ai aussi entendu dire que les films étaient projetés dans de très bonnes conditions dans de grandes salles pleines, ce qui est très excitant. J’espère aussi avoir un prix !
Pour voir Shab e Tavalod, rendez-vous aux séances de la compétition internationale I5.