Dîner avec The Animal (L’animal)
Entretien avec Sebastian Kåss, réalisateur de The Animal (L’animal)
Avez-vous eu des difficultés pour trouver l’actrice qui incarne Siri, cette jeune fille déterminée et en colère ?
Je pense que le casting est déterminant pour la réussite d’un film alors je prends toujours le temps de tester plusieurs acteurs pour le rôle, de même que les interactions entre les différents personnages pour voir l’impact que ça a sur l’ensemble du film. Là, le gros challenge, c’était que Siri ne soit pas perçue comme victime de son environnement. Je la voulais forte, animée par un feu intérieur. Quelqu’un qu’on admire et non pas quelqu’un dont on a pitié. Je voulais aussi qu’elle ait plein de secrets parce qu’elle a tellement de choses à dissimuler. J’ai fait beaucoup d’essais et dès que j’ai vu Emily j’ai su qu’elle était notre rôle principal.
Le titre choisi, The Animal (L’animal), fait-il référence au caractère instinctif et sauvage du personnage principal ?
Ah oui ! Siri EST l’Animal. Elle est animée d’une force incroyable qui tente en permanence de lui échapper. Et c’est quand cette force lui échappe qu’elle perd le contrôle. Ça fait aussi référence à ce sentiment d’être traité comme un animal enragé que la société veut euthanasier.
La complexité de la relation qu’entretient Siri avec son ami, qu’elle soupçonne de trahison à la fin du film, est très bien mise en scène. Pouvez-vous nous parler de la relation qui uni ces deux personnages ?
Ce qui fait que Siri et Arne sont profondément liés c’est qu’il est le seul à ne pas la plaindre. Elle ne lui fait pas peur, il l’accepte comme elle est. Avec tous ses problèmes et sa famille déglinguée. Il la voit ! Ce qui est très inquiétant pour elle qui a besoin de se dissimuler derrière sa carapace.
The Animal a été sélectionné dans plusieurs festivals, tout comme votre film précédent, Forfaine, qui a connu un beau succès dans le circuit. Quel regard portez-vous sur la visibilité des courts métrages aujourd’hui ?
Je suis tellement content que mes films aient été sélectionnés dans des festivals ! Les festivals sont des lieux extraordinaires pour découvrir des films, des personnes et des histoires du monde entier. L’occasion de trouver l’inspiration auprès d’autres personnes et voir des films qu’on ne verrait pas dans son propre pays. Par exemple, c’est au Festival International de Bruxelles que j’ai rencontré Pascal Barbier, mon producteur, et que l’on a commencé à faire des films ensemble. Et bien sûr, le gros avantage de ces festivals, c’est qu’ils sont l’occasion de voir des courts métrages en salle. Le lieu où l’on est sensé voir les films ! Pour les autres modes de diffusion, nous avons encore du chemin à parcourir. En Norvège, les gens ne savent pas ce que c’est qu’un court métrage parce qu’ils n’en voient jamais. Je crois que la plus grosse chaîne télé de Norvège diffuse un programme court par an et ne dispose que d’une dizaine de films, uniquement Norvégiens, à diffuser en ligne. Ce serait bien que les grosses plateformes de streaming comme HBO et Netflix achètent des courts. Ce serait une grande opportunité pour la diffusion de nos films et une manière de faire émerger de nouveaux talents.
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Le format court C’EST la liberté. Parce qu’il n’y a aucune attente de rentabilité et que les films sont financés pour être des formes d’expression artistiques à part entière. Il est évident que les réalisateurs se permettent davantage d’expérimentations dans le format court. On peut se servir de ce format pour analyser une situation particulière, un état d’esprit ou encore un texte. Il n’y a pas d’autres obligations que celle de concerner son public. Ça m’a donné la possibilité d’investiguer des thématiques qui me tiennent à cœur et de partager des histoires avec d’autres. C’est aussi la liberté dans le sens où le chemin entre l’idée et la réalisation n’est pas trop long.
The Animal (L’animal) a été sélectionné en compétition nationale (F5).