Dernier verre avec The Ostrich Politic (La politique de l’autruche)
Entretien avec Mohammad Houhou, réalisateur de The Ostrich Politic (La politique de l’autruche)
Comment avez-vous travaillé le texte versifié qui accompagne la vidéo ?
Après avoir élaboré le concept du film j’ai écrit 2 lignes pour définir l’histoire. Puis quand j’ai commencé à travailler sur le scénario, j’ai pensé que la forme d’un récit pourrait être intéressante. C’est là que les vers sont apparus et il m’a semblé que cela renforçait le côté à la fois comique et dramatique que je voulais donner. J’ai alors écrit une première version du poème et fait un rapide storyboard. Et puis après j’ai enchaîné en travaillant simultanément sur le poème et la forme animée pour créer un équilibre entre le texte et l’image. Comme le rythme du film est plutôt rapide, il m’a fallu faire attention à ne pas perdre le public. Dans certains vers, le moindre mot supplémentaire aurait pu décaler le temps de compréhension de ce qui est dit et détourner le public du sens de l’histoire.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans l’acte de dissimuler son visage ?
C’est le fait que les autruches ne se mettent pas la tête dans le sable et pourtant, des expressions comme « Faire l’autruche » ou « Ostrich policy » sont nées de cette croyance. Ce qui démontre que notre langage quotidien est parsemé de fausses phrases toutes faites que l’on utilise sans les avoir questionnées. Qui sont même à l’origine de dessins animés ou de publicité. La question que pose ce film est donc : se pourrait-il que d’autres informations acquises au fil du temps soient également fausses ?
Selon vous, pourquoi le Gouvernement des Autruches refuse-t-il de regarder en face le danger auquel son peuple semble confronté ?
Dans notre film, le gouvernement s’inquiète de la réaction des citoyens à l’annonce d’une nouvelle loi et du chaos que cela occasionne dans la cité. Perturbations qui pourraient bien avoir des conséquences économiques et politiques. Quand les autruches au pouvoir se sentent menacées, elles décident de se détourner de la vérité pour que les choses se restabilisent.
À quel point êtes-vous intéressé par les démarches scientifiques et la remise en question que de nouvelles découvertes apportent ?
Je m’intéresse beaucoup à la science et j’admire ceux qui font carrière dans ces disciplines. Ce sont des personnalités qui soulèvent des questionnements qui s’insinuent dans nos croyances personnelles pour les dépoussiérer. La théorie de l’évolution par exemple a balayé un certain nombre de préjugés religieux. En revanche, certaines découvertes scientifiques peut-être à double tranchant.
Comment avez-vous choisi les images réelles, humaines, qui accompagnent le film ?
Ça n’a pas été facile. J’ai visionné à peu près 10 000 séquences pour trouver celles qui me parlaient. Les questions que je me suis posé pour choisir les bonnes ont été : « ce que je vois là, est-ce la conséquence de quelque chose que nous n’avons pas interrogé et qui est la cause de connaissances fausses (découlant d’un savoir erroné) ? ». « La séquence véhicule-t-elle un message réel, authentique ? »
Y a-t-il des libertés que le format court métrage vous a apportées en particulier ?
Absolument. Bien que travailler sur un court métrage laisse toujours un léger sentiment d’infériorité, c’est en fait un vrai challenge : le temps dont on dispose pour développer son sujet est limité et plus le temps est court, plus c’est difficile de faire passer un message au public. Ce qui fait que l’on développe des qualités de narration vu que l’on a si peu de temps pour s’exprimer.
The Ostrich Politic (La politique de l’autruche) a été projeté en compétition nationale.